Interview ☭ Stupeflip

Annoncé mort, puis vivant, puis re-mort, le Crou Stupeflip est enfin revenu. Tressaillez d’allégresse, mes frères. Après moult péripéties, VisualMusic a enfin réussi à chopper plusieurs des membres pour leur faire part de vos questions. Nous nous attendions à nous faire agresser par un King Ju vociférant les préceptes de la religion du Stup, nous avons été accueilli par un Julien Barthélemy timide, flippé et aux rêves finalement très terre à terre. Rencontre sur des escaliers en béton.

Première question, quel est le bilan des ventes du DVD ?
Julien : Le DVD ne s’est pas trop mal vendu. Bien évidemment, ce n’est rien du tout dans l’océan du grand business, mais ça a servi à payer une grosse partie du studio… Je ne m’occupe pas trop de ça, faut voir avec le mec du business. C’est notre requin.

Est ce que ce requin peut ouvrir les clefs du mystère au chocolat ?
Julien : Non. Quoique… tu sais, les clefs du mystère au chocolat, c’est quelque chose qu’on a tous au fond du coeur. Tout le monde l’a. Même le pire des requins.

Comment t’es-tu retrouvé à jouer avec Lofofora sur le titre « Torture » ?
Julien : Reuno est venu me chercher chez moi. En fait, j’avais un groupe à l’époque, et mon gratteux Karl a trouvé les 6 premiers riffs de Lofofora. Ca s’est fait comme ça. (ndr : nous n’aurons pas plus de précisions)

Qu’ont fait Cadillac et MC Salo pendant l’arrêt de Stupeflip ?
Stéphane (aka Cadillac) : J’ai bossé comme régisseur, j’ai arrêté de faire des trucs créatifs sauf pour un truc sur internet, Bruno Candida – projet qui ne m’a pas fait gagner ma vie. J’ai travaillé normalement. Mc Salo est devenu graphiste.

« Salaud de droite » est le meilleur titre de Stupeflip mais il n’est apparu que sur MySpace. Y aura-t-on droit sur CD ?
Julien : Ce titre, ce n’est pas vraiment du Stupeflip, c’est une de mes réactions d’humeur. Mais je ne la trouve pas très bien écrite. Il faudrait la refaire de façon plus fine pour qu’en l’écoutant les gens qui votent à droite se rendent compte qu’ils sont des enculés. Enfin bon, on a le droit de voter à droite… Mais c’est pas bien.

Pourquoi faire un nouvel album si longtemps après « Stup Religion » ?
Julien : C’est compliqué. Mon manager/producteur de l’époque – celui qui gérait le pognon, quoi – avait dealé 2 disques avec BMG. C’est allé trop haut, trop vite avec lui. BMG a refusé de faire la promo de Stup Religion, alors il a attaqué la major. Il a perdu. Après, il m’a dit « c’est fini », et comme j’en avais rien à foutre, bah j’ai arrêté. Mais maintenant, je le fais aussi pour l’argent, je veux que « Gaëlle » passe sur de grosses radios. « Gaëlle » c’est très mainstream dans les paroles, je veux que ça sonne dans les campings. Les puristes, les branchés et les amoureux de la musique, ça on l’a déjà eu avec Stupeflip. Je préfèrerais que ça devienne populaire. Ce que je veux, c’est que la petite grosse qui saute à l’élastique à Rouen ou à Tours, elle connaisse « Gaëlle« .

Euh…Si j’ai bien compris, tu veux que Stupeflip devienne comme Grégoire ? (ndlr: si tu ne connais pas Grégoire -> clique ici)
Julien : (enthousiaste) Exactement ! Je veux que Stupeflip soit perçu comme Grégoire. Comme les gens mangeraient quelque chose qui les feraient réfléchir un peu plus. Stupeflip ne prend pas les gens pour des cons.

Comment Stupeflip crée ?
Julien : On m’a branché il y a un an et demi pour faire un nouvel album. La création, ça se fait dans une chambre, avec des petits sons. On sort pas, on fume des joints, et puis voilà. J’enregistre sur ordinateur, avec des logiciels qui font des bruits marrants. J’aime bien faire ça (se met à faire une gamme en imitant les sons midi). Je bosse vachement les morceaux, et puis en une semaine je fais les interludes. C’est à dire que tout ce que les gens aiment bien, ça met 1 semaine à faire. Je pense que les interludes marchent bien parce que je les fais vite et que du coup ça donne une fraîcheur au truc. La musique c’est comme du poisson frais, et si tu le sors bien frais, il restera frais toute la vie.

Qu’y a-t-il de nouveau sur The Hypnoflip Invasion ?
Julien : (pensif) Il est plus flippant que les autres parce que chaque morceau est bizarre, et que l’assemblage de tous ces morceaux est encore plus bizarre que dans les 2 autres. Ca vient du son, aussi. On l’a fait mixer un peu mieux. C’est un monstre, cet album, il me fait peur. Hypnoflip, ouais. Y a pas vraiment de lien entre les morceaux. Sur les autres, surtout le premier, il y a un concept, une unité. Celui là est plus disparate, il n’y a aucune unité… et pourtant il y en a une, c’est ça qui est flippant. Oui, y a Pop Hip, la radio… Mais voilà, ce disque est bizarre.

Tu sembles assez détaché de tes personnages. Pourtant tes paroles sonnent très ego trip, non ?
Julien : Je ne suis pas dans l’ego trip, j’aime les plans rap. Je n’aime pas trop les gens qui sont dans l’ego trip, c’est mal élevé.

Qui est Pop Hip pour toi ?
Julien : Je ne suis ni Pop Hip, ni King Ju. Je bosse juste pour Stupeflip. A la limite, je suis plus Pop Hip dans le look, le p’tit blanc. Mais je ne suis ni l’un, ni l’autre, ni même une réunion des deux. C’est assez flippant.

C’est quoi l’avenir du Crou après la mort de Pop Hip?
Julien : Pop Hip peut bien revenir en mort vivant, tout est possible là dedans !

Pourquoi avoir imaginé la mort de Pop Hip ?
Julien : Tu sais Pop Hip on lui dit toujours « Ta gueule », on lui met des coups de latte et c’est la suite logique. Ya plein de gens qui me disent « on écoute le disque mais on ne comprend pas quand il y a Pop Hip ». Moi non plus je ne comprends pas… « Gaëlle« , c’est pire qu’un foutage de gueule. J’avoue, Pop Hip, c’est dur. Il y a beaucoup de Pop Hip dans cet album pour que ça ait le maximum de chance de passer à la radio. C’est très calculateur, en fait. C’est pour que les connards écoutent et se disent « Ouais, c’est sympa ». (s’arrête, songeur) Stupeflip ne passe pas assez à la radio. Mais apparemment les radios, les ventes de disques ça ne marche plus. Il faut faire des concerts. Sauf que les concerts, c’est dur, il faut payer de sa personne. C’est fatiguant…

Et puis les gens sont trop durs en général (ndr: référence à une interlude du dernier album).

Julien : Oui, les gens sont trop durs en général. Les gens gueulent… je ne suis pas l’aise dans cette ambiance. Je préfère être chez moi à faire mes petits sons. De toute façon, les vrais fans de Stupeflip savent que ça s’écoute seul dans sa piaule avec un oinj et surtout pas en concert. Malheureusement je suis parti avec un mec qui a mis de l’argent dans Stupeflip, et je fais des concerts pour que ce gars là rentre dans ses frais. Et puis on le fait pour les gens. A Lille, y avait des gamins devant qui n’ont peut-être pas des vies faciles, ils sautaient partout, ils connaissaient tout par coeur… Rien que ça, c’est sympa de faire plaisir. Mais bon, y a rien à faire, j’aime pas les concerts… La musique c’est mal barré pour moi !

Pourquoi les gens se gavent de médiocres diarrhées sonores dans ce pays ?
Julien : (énervé) Parce les gens n’ont pas le temps, ils ont des boulots, des soucis ! Faut pas cracher sur le grand public. Les gens ne sont pas cons. Faut arrêter avec ça ! C’est pas parce qu’un truc cartonne que c’est nul. J’aime aussi la bonne variété. Y a des chansons de Johnny qui sont prenantes. OK, faut avouer que Grégoire, c’est de la soupe infâme, mais que veux-tu que je te dises… En France il y a eu les Bérus, NTM, IAM; Bashung et Gainsbourg en variété. Sinon, c’est pauvre quand même.

Pour finir, la spéciale VisualMusic : Tu préfères la coke ou les putes ?
La coke, je n’ai jamais essayé… Les putes, pourquoi pas ? Ça doit être excitant de payer une nana pour baiser. La coke, c’est chimique alors que la pute, c’est pas chimique !

Découvrez la playlist Stup avec STUPEFLIP

Merci à Julien de Mathpromo et au Crou.