Ought ✖︎ Room Inside The World

Troisième album déjà pour Ought arrivé en 2014 dans le jeu des groupes indés. Rencontré à Montréal, les 4 membres ont enchaîné leurs premières sorties comme des perles. Après une gestation plus longue, Room Inside The World est attendu très sérieusement pour asseoir leur statut de nouveau cador de l’indé au sein d’un nouveau label prestigieux.

Evolution.

Passé du frontman arty d’un groupe punk qui ne dit pas son nom à un dandy démonstratif, Tim Darcy n’a jamais été avare d’interprétation. Il a annoncé vouloir se challenger au niveau du chant et  a parfois le symptôme de la patate chaude. Mais à force d’enrober outrageusement son chant comme sur « Desire« , on a parfois l’impression d’entendre le meilleur imitateur anglophone d’Eddy Mitchell. Ce qui ne remet pas en cause la qualité des compositions, la chaleur des arrangements, la construction des morceaux, la cohérence de l’album et la certitude avec laquelle le groupe semble avancer le long de ses 9 morceaux. Globalement, on retrouve un groupe moins agité, plus pop, lumineux à l’inverse de More Than Any Other Day et Sun Coming Down qui sonnaient comme des interrogations fiévreuses et nerveuses. 

Pour autant, les routes sont encore sinueuses et la complexe « Disaffectation » reflète bien ce mélange entre une apparente structure pop et ces passages tortueux en fin de morceau arrivant par touches. Les synthés très new-wave et eighties ajoutent une légèreté dans le son rappelant du Simple Minds, là où certaines guitares évoquent les référencés et contemporains Preoccupations et où « Desire » rappelle le Arcade Fire de Funeral. Une chorale, un violon, une boîte à rythmes ont aussi passé la porte du studio pour un ensemble d’une richesse réclamant bien des écoutes pour délivrer ses secrets. L’articulation des titres a tendance à se répéter avec une introduction discrète respectant toute logique pour laisser le morceau se développer pendant 3 minutes en refrain/couplet pour finir sur une sortie ouverte aux expérimentations. A l’arrivée, les morceaux sont assez multiples et on en vient à se laisser happer par l’ambiance du disque.  Avec « Alice« , le groupe fait un clin d’oeil à l’ambiance éthérée de la trilogie de The Cure même si ils ont tendance à un peu trop rallonger la sauce en fin de morceau.

Seulement trois disques au compteur et qu’il semble loin le son des débuts pour ces chers Ought. La production sèche, le son abrupt des premiers morceaux tout comme le chant à mi-parlé / mi-chanté n’a plus trop le droit de citer pour une approche toujours aussi intense et mélodieuse. J’ai personnellement préféré le précédent mais j’avais déjà dit ça dans la chronique de Sun Coming Down. Avec cette ouverture sonore, ils restent encore ce groupe intriguant qu’on écoute avec attention dans lequel on adore se plonger et creuser. Avec parfois une propension à se perdre, comme sur la fin du disque ici. A entendre les différences d’univers avec les albums précédents, il sera très curieux de voir comment le tout va se marier en concert. Ca tombe bien, ils seront le 26 Avril à La Maroquinerie, à Nantes et Bordeaux les jours qui suivront.