Depeche Mode ✖︎ Memento Mori

S’ils ne passaient pas leur temps à rappeler en interview qu’ils ne se côtoient pas en dehors des enregistrements et des tournées, on aurait presque pu croire que Dave & Martin allaient finir comme un vieux couple dans Scènes de Ménage (on attaque fort avec les références de Boomer là). Mais finalement, si c’était ça le secret de leur longévité ? Etre un couple libre ? Parce qu’on a beau chercher et leur trouver des défauts, leur longévité et la qualité de leurs livraisons commencent à n’avoir aucun pareil chez les groupes mastodontes de l’industrie musicale.

Et dire que la sortie de ce Memento Mori était attendue serait un doux euphémisme. Qui aujourd’hui, à part Depeche Mode peut annoncer par conférence de presse des mois à l’avance la sortie de son 15e album en remplissant une tournée des stades sans presque révéler quoi que ce soit musicalement ?

Nous avons donc résisté à la tentation de leak et opté pour une bonne vieille découverte à l’ancienne, le jour J et pouvoir réagir à chaud sur cette nouvelle livraison, et pour du service à l’ancienne, on peut dire qu’on est servis !

Autant le dire tout de suite, on se doutait qu’on ne serait pas très surpris et c’est bien le cas.

 

Le groupe nous a toujours habitués à des ouvertures et des clôtures d’album de qualité et c’est une nouvelle fois le constat. My Cosmos is Mine, révélée il y a quelques semaines, démarre sur un petit beat industriel et Dave Gahan nous accueille sur ces paroles « Don’t play with my world, Don’t mess with my mind, Don’t question my spacetime, My cosmos is mine ». L’écriture de l’album a débuté avant la disparition de Fletch et a été marquée par la guerre en Ukraine (« No war, No more, No fear, not here… » à nouveau sur My Cosmsos is Mine) et Martin Gore nous délivre de belles compositions toujours marquées évidemment par ses thèmes favoris : amour, mort, sexe, religion, rédemption mais avec un côté plus direct et plus simple parfois (Always You).

Ce qui faisait clairement défaut sur les albums les plus faibles du groupe ces dernières années (Sounds of The Universe, Spirit) n’était d’ailleurs pas forcément à aller chercher de ce côté-là mais plutôt côté direction artistique et production. James Ford avait quand même gravement foiré son boulot sur Spirit avec une production d’une platitude abérrante et le groupe se plaît toujours à aller taper dans des ambiances « vintage-synthétique-minimaliste » qui ratent le coche comme sur Wagging Tongue qui aurait gagné à avoir un tempo plus élevé. Pas grave, on sait que le groupe pourra toujours aller fouiller dans les remixes pour dynamiser le titre sur scène. (mais par pitié qu’ils arrêtent l’immonde version Jacques Lu Cont de A Pain That I’m Used To en live)

 

Memento Mori corrige le tir niveau production et nous révèle même une perle absolue avec Don’t say you love me. On ne les pensait plus capables de sortir des sentiers battus à ce point mais ce titre avec son ambiance cinématographique synthétique fait clairement partie des meilleurs titres modiens de ces 25 dernières années.

 

 

 

Le reste de l’album alterne tranquillement les ambiances de belle manière et les plus joueurs pourront sans difficulté jouer à « quel titre pourrait aller sur quel album ? ». On pourra toujours reprocher à Martin et Dave de juste remplir le cahier des charges Depeche Mode mais comme sur le bon Delta Machine, quand il y a un peu plus de profondeur dans le son, cela leur réussit bien : Caroline’s Monkey, Before We drown , People are Good ou la rythmée Never Let me go se placent dans le haut du panier de la période post Exciter.

 

Martin Gore ayant réussi à assumer de belle manière le kitsch sur Soul with me, on pourra à nouveau apprécier son passage au lead en milieu de concert et se voir asséner derrière un single catchy radio friendly avec Ghosts Again, titre correct qui aura le mérite d’éclipser l’insupportable Precious.

 

Car oui , il faut quand même l’avouer, on aura du mal à prendre cette livraison à un aussi haut niveau d’estime que les grands albums du groupe et son côté alibi à une tournée des stades restera un peu en bouche. Que l’on fera fine pour le coup.

Et si on a de la tendresse pour eux qui ont accompagné une bonne partie de notre vie musicale on voudrait surtout leur demander : « Et la prise de risque ? Bordel ! » Des titres plus organiques ? (on ne demande pas un Barrel of a Gun no2, juste une énergie plus rock et plus de guitare) Des chansons de Martin en up tempo ? D’autres morceaux plus orchestraux dans la lignée de Don’t say you love me ? (comme Dave sait bien le faire avec Soulsavers) et l’on pourrait peut-être rejoindre un peu plus le pseudo-consensus qui va accompagner cette sortie plutôt honnête mais quand même un brin plan-plan une fois de plus.

Cahier des charges respecté avec mention assez bien donc. Le fun sera à aller chercher dans les projets solo…dommage.

 

 

 

 

3,5
Une qualité d'écriture qui ne fait jamais défaut
Une production à nouveau à la hauteur
Pas de prise de risque une fois de plus
3.5