The Get Down ☭ Le Hip-Hop par Netflix

La musique n’échappe pas à la loi des séries.

On avait prévu de te parler, tardivement, de The Get Down. L’actu nous rattrape et voilà que le programme est déjà annoncé comme annulé ! Pour le contexte : HBO revenait avec Vinyl sur le rock des années 70 avec Martin Scorsese et Terrence Winter aux manettes. Pour un résultat désagréable à regarder peu recommandable, qu’on détaillait dans cet article publié l’an passé. L’été dernier, Netflix se lance dans un show ayant toujours pour cadre New-York mais choisissant la naissance du hip-hop comme point de départ. Le réseau engage Baz Luhrmann pour la réalisation et le rappeur Nas pour l’écriture des paroles. Si on peut douter de la mièvrerie du premier pour le ton, le casting musical est costaud. L’époque regorge d’icônes et elles se sont toutes associées à la série : Grandmaster Flash, Kool Herc et Afrika Bambaata apparaissent sous de nouveaux traits avec leurs accords. Ce qui économise les procès arrivés avec Vinyl justement.

Qui veut la peau de mon crew ?

Là où Vinyl e s’est aussi planté, c’était par ses personnages détestables, creux et bardés de clichés véhiculés. La série dépeint donc le destin d’une bande de potes, prêt à devenir les Get Down Brothers. Un crew de mecs rappelant le lycée avec ce qu’il faut de profils différents et complémentaires : l’intello, le débrouillard, le mec cool, l’émotif et celui qui les résume un peu tous. On prend plaisir a  les suivre, ils font le lien avec l’Histoire de la musique, de la politique de l’époque et des autres cultures alternatives naissant au même moment. Une autre qualité s’ajoute à la liste, le cast féminin. Loin d’être misogyne, un trio d’actrices a aussi une place conséquente dans l’intrigue pour intégrer l’univers du disco et éviter de rester trop « entre couilles ». Hélas par contre que les morceaux qui leur sont dédiés soient nettement moins cools et que leurs arcs narratifs soient si pénibles et redondants.
Le show en profite pour nous expliquer comment fonctionne la technique du scratch, les origines du son et la portée communautaire sans trop en faire. Quand on voit le poids pris par le mélo au fil des épisodes, on aurait peut-être que cet aspect historique prenne plus de place.

Doit-on faire confiance au pilote ?

Tout ce beau monde est joué par des inconnus pour la plupart, mis à part Jaden Smith fils de Will. L’alchimie et la bonhomie dont ils font preuve participent clairement à la réussite de la saison. D’autant plus que la mise en scène est assez dynamique et reprend les codes du hip-hop avec classe. Série oblige, le pilote met sur le cul et se tire sur la couverture en termes de budget et donc de qualité. Il faut donc s’attendre à une descente de pression passé la découverte. Si le premier épisode ne te convainc pas, pars vite en courant.

Soap Hip-Hopera ?

Malgré les apparences, Baz Luhrmann n’est jamais loin de rimer avec guimauve et si The Get Down est une bonne surprise de ce côté-là, il lui arrive de reprendre ses mauvaises habitudes avec des lourdeurs que l’on retrouve dans les clichés du genre de la comédie musicale . La romance impossible, le poids de la religion, le danger de la drogue, le passage à la vie d’adulte, l’homosexualité sont autant de sujets abordés avec une subtilité assez inégale.Si le cool émane du crew du Get Down et de la mise en scène de la scène en train de naître, on regrettera le kitsch des relations amoureuses. Les passages musicaux sont globalement très réussis dans leur écriture et leurs chorégraphies avec un bémol pour la deuxième partie de saison où les mêmes morceaux se répètent et la longueur des chansons finit par gonfler. L’arrivée du disco intègre aussi quelques raccourcis dans l’intrigue, comme les séquences comics tiennent plus du gimmick que l’on sort quand les scénaristes ont envie d’accélérer les choses sans faire appel à une ellipse.

Et on écoute quoi dans tout ça ?

Si tu aimes la bande-son de la série, hormis la tracklist officielle, tu peux écouter l’excellent mix de Liam Hewlett. Après The Fat of The Land, il a sorti en 1999 The Dirtchamber Sessions Volume 1. Ce disque n’a jamais connu de suite et reste dans un esprit proche du hip-hop entendu dans The Get Down. Un mix indispensable pour se mettre dans l’ambiance ou pour découvrir les énormes tubes hip-hop et funk qu’il brasse.