Arlo Parks ✖︎ My Soft Machine

N’allez pas croire ceux qui voudront vous vendre ce nouvel album d’Arlo Parks comme un saut à pieds joints dans le mainstream ou comme un tournant après son premier album Collapsed in Sunbeams auréolé d’un Mercury Prize. My Soft Machine constitue une suite logique et toute aussi réussie que son aîné et on vous explique tout de suite pourquoi.

 

Si l’on a beaucoup associé Paul Epworth à la jeune anglaise, le procucteur star connu pour sa touche Pop électronique ( Bloc Party The Rapture Primal Scream pour ne pas citer les mastodontes de la Pop grand publique) n’était crédité que sur deux titres du premier album ( les très réussis Too Good et Portra 400 ).  Sur My Soft Machine , on le retrouve à la co-écriture ou à la production sur une grosse moitié des titres et cela va participer à donner une belle cohérence au disque malgré la diversité tentée sur plusieurs titres. Nous y reviendrons.

 

L’écriture d’Arlo avait fait mouche par sa finesse et son côté générationnel très prononcé et l’on ne s’étonne pas de retrouver sa plume très en verve dès l’introduction Bruiseless (Sans Hématome) qui reviendra en écho dès le deuxième titre Impurities, où il est question de s’ouvrir à l’autre et de l’accepter, dévoilé il y a quelques mois déjà . Le constat amer d’ouverture  « I wish I was bruiseless, almost everyone that I love has been abused and I am included » se retrouve donc contrebalancé par le  » Don’t hide the bruise when you know I’m watching baby…I radiate like a star when you embrace all my impurities« . L’ouverture à l’autre comme échappatoire et le contraste qui habite chacun de nous entre souffrance et salvation dont il sera beaucoup question.

 

 

Et de contraste il sera également question sur le très réussi Devotion qui vient enfin  marquer de manière plus concrète l’amour d’Arlo Parks pour l’alternative 90’s et qui , outre ses guitares grungy ,cite Deftones  en ouverture et Kim Deal sur la fin abrupte du morceau. (et joli t-shirt Sebadoh dans la vidéo ci-dessous) Encore une fois, une approche trop rapide fait que l’on qualifierait cela de facilité si l’on ne sentait pas déjà en filigrane dès ses premiers EP’s ces influences. Elle reprenait déjà d’ailleurs Radiohead avec sa pote Phoebe Bridgers, présente sur Pegasus ritournelle pop sympathique même si elle n’est pas la plus grande réussite de cet album. On lui préferera notamment le côté très Brit pop de Dog Rose.

 

Alors oui, on vous parlait de cohérence en introduction et là ça part dans tous les sens mais le reste des titres poursuit le chemin de cette musique à  la fois Pop et Soul avec toujours ces petites connotations 90’s et très Trip-Hop : clin d’oeil au Roméo et Juliette de Baz Luhrmann sur le rythmé Blades (« I’m exhausted watching like Claire Danes through the water ») ou utilisation de spoken word  en pont avant une dernière reprise de refrain sur plusieurs morceaux ( Weightless , I’m sorry , Blades…)

Tout ici paraît digéré et cette incorporation très anglaise de « musique blanche » dans des éléments R’n’B (quel régal cette basse et ces nappes de synthé sur I’m sorry) comme ont pu le faire les pionniers de Bristol fonctionne à nouveau à merveille avec comme toujours cette voix à la fois chaude et distante qui n’est pas sans rappeler Martina Topley-Bird. Après tout,  Tricky  était autant fan du Terry Hall Ska des Specials que Pop des Fun Boy Three.

 

 

Arlo Parks fait donc bien plus ici que confirmer les grands espoirs placés en elle, elle certifie qu’elle est déjà une énorme artiste dont la renommée n’a pas fini de grimper et c’est tout le bien qu’on lui souhaite…même si on doute pouvoir encore profiter de sa générosité et de sa simplicité dans une salle à taille humaine comme Le Grand Mix.

 

4.5
production soignée
des influences variées mais appropriées
structures similaires des morceaux
4.5