Tropical Fuck Storm ✖︎ Braindrops

Tropical Fuck Storm déboule avec Braindrops le 23 Août, toujours chez Joyful Noise pour un deuxième disque en 2 ans. Ecrit et enregistré entre 2 tournées, il pousse encore plus loin la logique entamée sur A Laughing Death In Meatspace.

Rarement un titre n’aura aussi mal porté son nom que « Paradise« . L’ouvreuse est une longue complainte sinistre de 6 minutes où Gareth Lidiard semble cracher ses derniers râles de désespoirs et c’est seulement à l’arrivée de sa fidèle comparse Fiona que le morceau s’habite d’une énergie rock plus proche du défouloir que de la dépression. Si l’on avait déjà qualifié le groupe de déglingué ou désarticulé, leur nouveau rejeton débute sur un chaos mixant guitares à la Mars Volta, riffs larseniques en sortie de route et éclatement total des formats refrains/couplets. Comme « You Let My Tires Down » était un manifeste de ce que TFS pouvait produire en termes d’intensité et de complexité, cette entrée produit le même effet sans se répéter.

Tempête dans le cerveau.

« The Planet Of Straw Men » est un bon single pour reprendre contact, plus incisif avec un refrain en furie. S’ensuit « Who’s My Eugene » qui ressemble à s’y méprendre à du Warpaint avec son groove de basse prédominant et son chant exclusivement féminin qui demeure une première pour le groupe. Encore plus groovy, « The Happiest Guy Around » et son refrain répétitif au possible. « Maria 62 » est le maillon faible de la tracklist avec la même obsession pour la redondance. On touche du doigt LE problème de ce disque, son deuxième tiers comprend 3 titres dont les refrains se multiplient et terminent par fatiguer l’auditeur. Les morceaux auraient fortement gagnés à être raccourcis car nous avons la sensation de ne pas être dans la transe nécessaire pour apprécier.

Heureusement, « Aspirin » est là pour remettre les choses à leur place. Ce chant à deux voix résume parfaitement l’alchimie entre Gareth et Fiona, le cri torturé d’un côté et la voix mélodieuse de l’autre. Une piste instrumentale pour desserrer l’étreinte avant de nous renvoyer au trente-sixième dessous avec « Maria 63« , un morceau d’une tristesse absolue qui trouve toute sa force dans sa longueur. Une piste qui nous achève autant qu’elle termine le disque : le bilan est clair, l’ambiance n’est pas à la fête. Si leur premier disque semblait habité par une folle énergie du désespoir qui amenait parfois à l’euphorie, cette suite est assez morose et lourde. Une tendance abusive à la répétition plombe le rythme du disque et transforme son milieu en ventre mou. Son prédécesseur se révélait après quelques écoutes pour déployer toute son emprise sur nous, on sait déjà que le sort n’aura pas lieu sur Braindrops.  Quand la magie fonctionne, cela donne le morceau titre : bordélique, jubilatoire et surprenant. Mais le reste du temps, l’écoute est difficile. A se laisser emporter par ses propres lubies, les TFS ratent le doublé de peu et ils auraient gagné à limiter leurs excès. Les chiens ne font pas des chats et leurs personnalités exubérantes donnent ces compositions si authentiques mais cela leur porte ici préjudice.

A n’en pas douter ils sauront rendre le change en concert et peut-être que là, la transe opèrera.

Allez lire notre interview du groupe et notre report de leur premier concert parisien.