Young Fathers ✖︎ Cocoa Sugar

Déjà 5 albums en autant d’années pour Young Fathers, protégé de Massive Attack et réquisitionné par Danny Boyle pour la B.O de l’infâme Trainspotting 2. Un Mercury Prize au bras en 2014, des concerts orgiaques et une filiation avec TV On The Radio a amené le quatuor au firmament des radars de la musique indé. Ce Cocoa Sugar est censé être le disque de la musique « normale ». Qu’en est-il ? 

Evolution.

Tâche ardu quand tu dois enchaîner après ton meilleur skeud. Encore plus quand ce n’était pas le premier. Accessible ce nouveau millésime l’est assurément. Reprenant les bases ? Egalement. Du tribal dans les rythmes, des choeurs portés par les 3 chanteurs et des chansons plus mielleuses de temps à autre. Pris de court dès la première seconde, « See How » nous met dans le bain rapidement en 2 minutes avec l’un des meilleurs titres. 

Parfois proche de la production brutale d’un Yeezus dès le début de sa disco, on y retrouve des intros arides comme sur « Turn« . Ce qui ne dénature pas la qualité des titres mais donne l’impression que les compositions sont moins travaillées ou plus chiches. L’énergie caractéristique du groupe peine à être aussi folle que dans les disques précédents et la redite commence sérieusement à se pointer. Notamment sur « Lord » ou « Tremollo« , qui tourne à vide assez vite en flirtant avec la niaiserie. Au contraire d’une « Wow » ou de « Border Girl« , tout aussi minimaliste mais avec un meilleur beat. On pourrait dire de même des suivantes qui enchaîne un créneau simple : une mélodie limitée mais efficace à 120BPM histoire de faire monter la tension et un chant assisté par des choeurs blindés de Sheitan. A tel point que le refrain de « Wire » pourrait rappeler « Sexy and I Know It » de LMFAO. Les tubes « Toy » et « Picking You » sont assez évidents et convenus mais font bien leurs boulots de conquête des foules. 

Commenter cet album et s’en faire un avis définitif n’est pas gagné. Pas aussi excellent que ses aînés, loin d’être mauvais, il sera sûrement celui de la découverte pour beaucoup. Pour reprendre le parallèle avec TVoTR, il va peut-être faire l’effet d’un Dear.Science : l’ouverture à un nouveau public et un autre registre plus mainstream. Est-ce que nous assistons déjà à la fin du Young Fathers que nous connaissions ? Sûrement. Sera-t-il meilleur pour autant ? Rien n’est moins sûr. Cocoa Sugar est un très bon cru pour le moment mais il manque la surprise, le surplus d’agression auquel nous étions habitué avec eux. Se sentir déjà en terrain connu explique ce sentiment de déception malgré la dizaine d’écoutes à creuser pour y trouver ce je-ne-sais-quoi qui nous manque.