Ghost Woman & Dry Cleaning ★ Le Trabendo

Le Trabendo n’a donc jamais fini de nous régaler et a décidé de poursuivre sa folle série en nous proposant le duo Ghost Woman et l’une des dernières sensations indie anglaises, Dry Cleaning.

Une ambiance feutrée et intimiste, bercée par une couleur rouge pour habiller notre duo guitare/voix-batterie de la soirée. Pour une première partie, quel monde ! Rien n’arrive par hasard dans une date en pleine semaine à Paris : Ghost Woman est précédé d’une belle réputation et a attiré la foule bien en avance. Les morceaux démarrent souvent par un riff d’Evan Uschenko, à la base du projet et en place depuis son démarrage. Suite à une rencontre sur la route, Ille van Dessel l’a rejoint à la scène comme à la ville et tient maintenant la batterie. Selon le chanteur, c’est elle qui porte la culotte et elle nous le fera savoir par un finish énervé et percussif que l’on n’avait pas vu venir. Tantôt folk, tantôt psychédélique et idéal pour démarrer la soirée et préchauffer une salle chaleureusement acquise à sa cause. Leur premier disque est éponyme et est dispo depuis début juillet. Pour faire connaissance, on recommande la planante ‘Do You‘, l’emballée ‘Dead & Gone‘ ou les jams d »All Your Love‘. Sois prêt, la suite arrive avec Anne, If le 20 Janvier 2023.

 

Ayant poppé entre deux confinements avec l’immanquable New Long Leg, on aurait presque oublié que Dry Cleaning n’a que deux ans d’existence. Après avoir tapé la quatrième place des ventes de disque en Angleterre, ils sont revenus avec Stumpwork pour un disque plus abstrait que le précédent. Moins de riffs, plus de longueurs pour une suite qui nécessite de prendre du recul et d’accumuler les écoutes pour en déceler les aspérités. Comme l’envie de décontenancer la hype et de redescendre la passion en sortant l’album du contre-pied. Le groupe arrive tranquillement pour leur deuxième date parisienne, à peine 6 mois après leur Maroquinerie complète en mai dernier. Une certaine nonchalance les habite pour entreprendre ce Trabendo blindé et leur récente cuvée sera servie dans sa quasi totalité, à l’exception des deux derniers titres peut-être trop étirés pour rendre les coups en live. Pour ceux qui ne les ont jamais vus, la machine peut sembler tourner au diesel.

Pourtant ce faux rythme, c’est leur marque de fabrique. Conséquence de l’alliance entre une poète n’ayant jamais croisé un micro avec un groupe de post-punk à deux doigts d’arrêter d’essayer. L’histoire de leurs débuts peut s’entendre sur notre podcast qui leur est dédié ci-dessous mais une fois en face de nous, on découvre une troupe originale. Un bassiste aux allures de métalleux qui headbange seul et semble marmonner les paroles en permanence à deux doigts du troll, un batteur en chemise tout droit sorti d’un club de jazz et un guitariste de haute volée en charge de l’ambiance à lui seul et qui devient rapidement le chouchou de toute l’assistance. Oui, cher Tom Dowse, tu mérites tous les applaudissements avec tes riffs assassins et ta dégaine de diablotin. Florence Shaw est elle au milieu de la scène avec une attitude sans pareille. Parfois voutée, toujours armée d’un regard suspicieux et faisant de ses cheveux un vrai accessoire de scène, elle a une présence magnétique bien qu’assez monocorde dans l’interprétation.

L’emballement de la machine ne passera que par les instruments, comme sur ce solo de guitare qui dynamite ‘No Decent Shoes For Rain‘. Le set est copieux et bien pensé avec de vrais pics enchaînant les pépites par duos : ‘Scratchcard Lanyard‘/ ‘Viking Hair‘, ‘Hot Penny Day‘ / ‘Leafy‘ ou ‘Unsmart Lady‘ / ‘Magic of Meghan‘. Une belle manière de fusionner les époques, d’y trouver une cohérence et le point commun tout au long du set est la confiance affichée par le groupe.  Une heure et vingt minutes de concert, naviguant entre maîtrise, emballement et joie sincère. Avec quelques mots échangés après le concert, le groupe avoue avoir adoré l’engouement du public et repart conquis par ses deux passages à Paris en quelques mois. Avec le batteur au saxophone et l’incursion d’un des roadies au clavier sur le dernier morceau, on voit que Dry Cleaning n’a pas fini de s’amuser avec sa formule et cherche constamment des manières d’évoluer. Petit extrait en vidéo sur Instagram pour les curieux.

Beau double-header proposé par le Trabendo entre la chaleur d’un Ghost Woman et le post-punk arty de Dry Cleaning décidé à montrer que leurs efforts ne sont pas réservés au cadre confiné d’un salon. Reste à savoir jusqu’où leur musique les mènera en termes de taille de salles tant leur style semble difficile à déployer sur une trop grande ampleur. A suivre…