INTERVIEW – YOO DOO RIGHT

Yoo Doo Right nous vient de Montréal et faisait la première partie des MNNQNS au Trabendo. Un trio façon mur du son post-rock qui leur a causé quelques problèmes de décibels. Mais n’ayez pas peur, ils sont adorables et leur second album prévu le 10 juin vaut le détour…

Vos bouchons, nom de Dieu !

Comment se passe ce début de tournée ?

Cela se passe super bien, on a un très bon accueil du public. Par contre, on a déjà 2 propriétaires de salles qui sont furieux après nous je crois. On a beaucoup de difficultés avec les limites de décibels qui sont inexistantes chez nous au Québec. On savait que c’était différent ici mais on ne pensait pas que ça pouvait aller jusqu’à la coupure de courant. On essaie de trouver des solutions en tourner le matériel vers le mur pour faire moins de bruit, on essaiera de préparer plus minutieusement la prochaine fois.

Bienvenue dans l’administration française !

A chaque concert, on met une affiche qui dit : « Mettez-vous des bouchons au nom de Dieu ». On en donne, on les offre. Ca fait deux ans qu’on tourne et ça se termine toujours par une espèce de communion. On aime ce qu’on fait et on tente de s’adapter ici en France. Pour l’instant, on a hâte d’arriver en Allemagne. (rires)

Pour qu’on fasse mieux connaissance, est-ce que tu peux nous présenter le groupe ?

On vient de Montréal, Toronto et Edmonton et on vit à Montréal. On s’est rencontrés au gré des tournées de nos groupes respectifs, et ce en étant à 600 kms de distance. Dès la deuxième journée où Justin a rejoint Montréal, on est allés au local de répétition pour jouer. Des amis faisaient la batterie à tour de rôle, le temps qu’on trouve notre batteur John. On était au bon endroit, au bon moment et bien entourés. On a été chanceux de se trouver, le cosmos nous a réuni. Justin et John étaient dans un groupe auparavant et l’un a ramené l’autre. 3 mois après notre première répétition, on faisait un concert. Au bout de 6 mois, on est partis en tournée. Et ensuite, Acid Mothers Temple nous a proposé de partir en tournée pour 40 concerts en 40 jours aux Etats-Unis. De Montréal à San José. Ca nous a soudé encore plus, on voyage bien, on sait ce qu’on a à faire. Nos copines s’entendent bien et se voient sans nous, on forme une belle famille. Notre label Mothland s’est aussi ajouté, ils pensent exactement comme nous et veulent faire tout ce que l’on ne veut pas faire ou que l’on faisait par obligation.

Comment vous vous êtes mis à la composition de votre deuxième album ?

Au début, on avait un quatrième membre qui était aux synthés. Son départ a créée une nouvelle énergie où on s’est mis à composer des morceaux de 7/8 minutes. On a enregistré les deux disques coup sur coup. Pour celui-ci, on a pu choisir l’endroit avec le budget alloué et on a pu aller dans cet endroit mythique qu’est Hotel2Tango avec l’ingénieur du son mythique Radwan Ghazi Moumneh. Il joue dans Jerusalem is my Heart mais aussi dans des groupes de hardcore que j’écoutais quand j’étais jeune. Sans savoir qui il était. Quand on l’a contacté, il était super enthousiaste mais c’était en pleine pandémie. Puis, on a réussi à trouver 4 jours pour enregistrer et on a convié la violoniste Jessica Moss. Depuis nos 15 ans, on l’entendait sur les disques de Thee Silver Mt Zion notamment. C’était un moment incroyable de voir une de mes idoles jouer des partitions que j’ai écrite.

Des titres comme Dérive sont très cinématographiques et vos clips sont très travaillés visuellement. Comment vous abordez l’aspect visuel de votre musique ?

On n’a aucun talent là-dedans. Heureusement, un de nos amis est cinéaste et a gagné des prix aux Rencontres du Documentaires. Très vite, on a évoqué l’idée de collaborer ensemble mais le besoin d’avoir un clip s’est fait ressentir encore plus vite. Il est allé filmé son beau-père en Italie et en a fait un espèce de visualiser.

Pour un autre clip, on a fait appel à un autre ami, Jared qui est animateur dans le dessin animé et qui a eu carte blanche pour animer notre clip. Il y a mis beaucoup de cœur, d’effets et on ne s’attendait pas à un résultat si renversant. Le fil conducteur de nos démarches, c’est l’amitié. Essayer de faire grandir la famille et être dans un environnement agréable.

Pour ce clip animé dont on parlait, on y voit un personnage errer dans Montréal. C’est quoi les endroits où vous aimez traîner là-bas ?

Le chemin que l’on prend à 4h du matin quand on veut rentrer chez nous. On trouvait que cette chanson là est idéale pour être dans sa bulle et déambuler. De manière plus précise, c’est l’avenue Jean Talon entre Parc et Christophe Colomb. C’est le point commun entre nos trois appartements. Sinon, on va partout : la communauté que la rue a créée, les ambiances de la ville. On traverse les parcs, on emprunte les ruelles en essayant au maximum de ne pas être dans la ville. Il m’a fallu du temps pour me rendre compte à quel point Montréal et sûrement maintenant que je n’irais jamais ailleurs.

Est-ce que tu sens l’énergie de la scène musicale actuellement et quel groupe conseillerais-tu ?

Population II ! C’est comme nos petits frères, c’est un trio de rock psyché virtuose. On a loué une maison ensemble à South by Southwest et c’est la fois où on a vraiment pris le temps de se rencontrer. Ils sont très jeunes et sont sur Castle Face, le label de John Dwyer. J’ai envie de partir en tournée et bosser avec eux.

Quelle est la dernière chose qui vous ait fait rire ?

Disons qu’à la fin de la première journée, on était à court de constat amiable . On en rit maintenant mais ce n’était pas très agréable.