MAIN SQUARE FESTIVAL 2019 ★ JOUR 3

Oui, les deux premiers jours du Main Square auront été assez ouverts niveau programmation mais ce dimanche on l’attendait de pied ferme avec pas moins de 8 artistes à voir et on n’allait pas être déçus heureusement, chacun ayant tenu son rang. Retour sur dernière journée très attendue.

Les Anglais envoient leur crème (bis) !

Hier, c’étaient donc les compatriotes et autres fers de lance de la scène punk rock anglaise qui assuraient le spectacle, Shame. Aujourd’hui, c’est donc au tour de Joe Talbot et sa bande de secouer la Citadelle. Idles, groupe qu’on aime beaucoup et qu’on a plaisir à retrouver sur la main stage avec leur musique enragée et engagée. Acclamés par la foule, les voilà qui entrent en scène, prêts à tout déglinguer: leur batterie, leurs guitares et nos tympans ! Et dès la première chanson, l’un des guitaristes est déjà dans le public en train de pogoter méchamment. C’est Ross, notre photographe aux premières loges et grand fan du groupe, qui doit être content ! Chemise hawaïenne ou tee-shirt marin, une fois de plus, Idles est venu faire le show et partager un maximum avec son public.

Joe Talbot est là pour mettre le feu mais pas que ! C’est un homme engagé, rappelant qu’il est féministe et ce ne sont pas les différents titres du groupe qui vont le faire mentir, ceux-ci s’amusant bien souvent à démonter les stéréotypes de la masculinité par exemple. Une voix et une allure de gros dur mais un coeur tendre qui se cache sous les décibels envoyées au vent. Cela n’empêche pas le groupe de reprendre a cappella « Nothing compares to you » en joyeux délire punk qui va étonner plus d’un jeune spectateur dans le public. Et le délire continue : Joe et Mark Bowen (guitariste à la chemise hawaïenne) reprennent en coeur Adèle puis Elton John ! Un moment de pure folie au milieu d’un concert tout aussi fou ! Mais encore une fois, vient se glisser le message anti Marine et Jean-Marie (pour les plus anciens!) qui fait du bien. On déconne, ok, mais on n’oublie pas l’essentiel ! Derrière le joyeux délire se cache tout de même un engagement réel, politique (« the best way to score a tory is to read and get rich »), actuel (« i kissed a man and i liked it »), réaliste (« My blood brother is an immigrant […] He’s made of bones, he’s made of blood […] He’s made of you, he’s made of me »), aucun registre n’échappe au groupe puisque la religion en prend aussi pour son grade (« There’s no god in the city, Uncle Noel’s got cancer in his brain […] Luckily, uncle Noel’s got Jesus in his heart »). Plaisant.

Et ce déhanché de Joe ! Ah nan, y’a pas à dire, ils nous ont envoyé du rêve ! Le frontman se casse sans prévenir et nous laisse avec ses musiciens, partis en délire ensemble sur scène. Lancer de guitare et adolescentes hagardes au premier rang, tout y est ! Messieurs, vous pouvez rentrer. Vivement d’éventuelles retrouvailles, eux et toutes les bonnes ondes positives qu’ils nous ont transmises ! D’ailleurs, c’est un Joe rigolard qui n’hésitera pas à gueuler « Hey ! We leave a positive energy here, okay ? » quand les spectateurs manifesteront fort logiquement leur déception de voir le show s’achever. Quelle putain d’entrée en matière.

John Butler Tamino.

Alors déjà, première surprise, ça s’appelle John Butler Trio. TRIO. Nan parce qu’ils étaient 4 sur scène, donc bon, ça sent un poil l’arnaque cette histoire de pop folk. Batterie, percu, guitares, banjo, clavier, contrebasse, choeurs et logo tribal… Tout est en place pour l’Australien et sa joyeuse bande. Notre hippie fait grincer sa guitare, sûrement pour jouer de sa sorcellerie et paralyser tous les capitalistes de la région. On laisse notre peaceful écolo en compagnie des nombreux arrageois venus le voir, pour aller faire un coucou à Tamino qui nous avait quelque peu subjugués l’an dernier lors d’un autre festival.

Mi-Égyptien, mi-Belge (et non, ce n’est pas une blague), Tamino a souvent le privilège d’être comparé au grand Jeff Buckley par sa voix et son registre. Rencontré une première fois l’an passé au festival « Les Nuits Secrètes », tout de noir vêtu (comme à son habitude), il fait son entrée avec ses 2 musiciens (un aux claviers et percus et l’autre à la batterie). Ce beau ténébreux gratte sa guitare, laissant échapper une mélodie issue de ses deux cultures : une sorte de pop mélancolique aux sonorités parfois orientales. Une voix magnifique, une tessiture de dingue mais c’est sûr qu’il faut avoir le moral pour ne pas sombrer dans une profonde dépression ! L’ambiance est aussi lourde que le ciel est chargé de nuages… Difficile néanmoins de nier le talent et la beauté de ses compositions.

Baston au bastion.

Entretemps, on sera quand même allés jeter un oeil sur le Bastion puisque les incontournables Structures étaient évidemment programmés. Et comme à son habitude, le groupe bouge beaucoup, gueule, maltraite ses instruments et ne s’économise à aucun moment. D’ailleurs, on ressortira du set avec l’impression d’un son décuplé depuis leur passage quelques semaines auparavant au festival Minuit Avant la Nuit ! Et s’il était encore besoin de prouver que quelque chose est en train se passer autour du groupe, c’était le concert qui fut le plus fréquenté du week-end sur la scène du Bastion ! On n’était pas loin du complet avec une réelle difficulté pour entrer et sortir du secteur de la scène. On se demande donc où le groupe s’arrêtera.

 

L’heure de la messe.

Sur la Main Stage, c’est une tête d’affiche qui y est attendue. Et le public est déjà bien bien compact pour voir Bring Me The Horizon. Les anglais vont s’appuyer sur un énorme décor (des dizaines d’enceintes colorées avec écrans géants), de nombreux costumes (combinaisons et masques), fumigènes et danseuses pour nous plonger dans un nouveau monde avec cette voix nous lançant: « Welcome To Freedom, Welcome To Peace, Welcome To Mantra ». Les rockeurs jouent le jeu à fond, Jean-Michel Castelbajac Oli Sykes (habillé, lui aussi, de rouge, ça ne s’arrête plus) hurle dans son micro quand les guitares se font agressives, tout ça sur fond de clips vidéo (avec décors futuristes, loups aux yeux rouges et murs qui s’écroulent derrière d’énormes jets de flammes comme pour annoncer l’Apocalypse).

Si on pourra toujours pointer du doigt le revirement musical très grand public du groupe de post-hardcore, on saluera, dans cette transition à la 30 Seconds To Mars et pour l’instant, cette capacité à te sortir quelques titres bien sentis et auxquels on peut difficilement échapper comme « Mantra », » Wonderful Life » ou encore « Happy Song ». On passera un peu plus sur les titres bien plus radio-friendly comme « Medicine » et « Follow You » et son mur géant de coeurs vidéo. Argh ! Restera à voir si le groupe concurrencera 30 Seconds To Mars sur ce terrain puisque derrière Mantra se cache aussi une sorte de communauté censée galvaniser les fans. Attention à ne pas faire une Jésuïte aigüe façon Jared Leto tant on pourra surprendre Sykes jouer le jeu du fan service (selfies avec le premier rang et moues facétieuses pour les regards caméra compris).

Court-circuit.

Tels des cowboys, les membres du groupe rock américain Rival Sons, font leur entrée sur scène sur le titre phare du film « Le Bon, la Brute et le Truand ». Dignes héritiers de groupes comme Deep Purple ou Black Sabbath, les Rival Sons s’inspirent clairement du rock n’ roll des 60’s. Et ça plaît forcément au public d’aujourd’hui, un peu plus âgé que les jours précédents, il faut l’avouer. C’est sûr qu’on est loin de Angèle et son public Instagram ! Avec leur chanson « Electric Man », le groupe sous tension électrise littéralement la Green Room et fera la part belle à son dernier album « Feral Roots ». On prend une claque sur les performances vocales du frontman Jay Buchanan tout autant que l’on s’émerveillera de voir le guitariste, Scott Holiday, sortir à peu près une guitare différente par titres. Une belle prestation qui fera du bien aux oreilles.

Circuit court.

Du rock, encore du rock ! Ce dimanche ressemble plus à un vendredi Main Square. Et forcément, on ne pouvait pas louper, une autre production locale de qualité, les copains lillois de Bison Bisou qui ont une actu toute chaude. Notamment un nouvel album qu’ils sortent à la rentrée, intitulé « Pain and Pleasure », le groupe décide de nous en jouer quelques extraits. Du rock plus qu’énergique et saccadé par lequel ils nous crient très fort leur tendresse brütale. Alors nous, on vous remercie et on vous fait des bisous, les bisons fous, car on aime beaucoup ce groupe local qui dégage une énergie de dingue !

 

Force (trop ?) tranquille.

Sur la Main Stage, Ben Harper et ses musiciens font leur entrée et le frontman sait pourquoi il est là et se met à la tâche sans plus tarder, à peine le temps d’esquisser un petit signe de la tête. Équipé de sa « lap-steel guitar », le voilà en train de chanter et d’alterner les genres musicaux, reggae, rock et blues s’enchainent tranquillement. Car ce qui définit cet artiste, c’est bien le nombre de styles musicaux tous très différents qu’il sait combiner de manière unique. Un seul petit regret (identique à sa précédente venue au MSF), c’est le manque d’interaction avec ses fans, pourtant venus en très grand nombre. L’artiste jonglera entre titres de son répertoire (« The Will To Live » ou encore le tube tranquille « Diamonds On The Inside » et reprises de Buddy Miles ou encore Stevie Wonder. Un beau set, habité par l’artiste, mais qu’on aurait aimé partager un peu plus avec lui aussi.

L’un des meilleurs pour la fin.

Je suis une grande fan, je les attends donc avec grande impatience. Est-il encore besoin de présenter ce groupe de rock anglais qu’est Editors ? Et ils commencent le concert par leur tube « Violence » dans une ambiance très rouge (hommage bien sûr). Quel bonheur de retrouver ce groupe, dont la voix du leader, Tom Smith, ne fait que magnifier la musique pop rock électro qu’ils jouent ! Parfois au chant, parfois à la guitare, parfois au piano, parfois en mode Jurassic Park (si, si, matez ces mouvements de bras en live, on dirait qu’il imite le vélociraptor), tout y est ! Bon son et jeux de lumières de dingue, de quoi vous rendre épileptique en moins de 5 min, Tom est en forme (bien plus que lors de son featuring avec UNKLE à Londres au mois d’Avril).

On se surprend même à kiffer des titres comme « Papillon » même si ce sont les tubes des premiers disques qui font encore  la différence (« The Racing Rats », « An End Has A Start »). Il ne fait pas chaud à 23h sur Arras mais Editors parvient à faire monter la température de plusieurs degrés. Enchaînant titres mélancoliques et dynamiques, le groupe joue clairement avec nos émotions et c’est trop bon ! On saluera d’ailleurs leur capacité à piocher dans l’ensemble de leur discographie, pour proposer un set très équilibré qui ne laisse aucun disque de côté. Plus d’une heure de pur bonheur dans nos p’tits coeurs, merci Editors car c’était sûrement l’un des meilleurs concerts du week-end !

See you next year Arras !

C’est à Jain qu’incombera la tâche de conclure ce festival version 2019. Les arrageois ne sont pas prêts de quitter les lieux et préfèrent danser jusqu’au bout de la nuit, repoussant toujours un peu plus la fin de ce merveilleux festival de 3 jours. Et si l’affiche aura été à la limite du grand écart dans ses genres musicaux, on se félicitera d’avoir vu les groupes les plus attendus tenir leur rang. Qu’il s’agisse de Shame, Idles, Editors, Skip The Use, Rival Sons ou encore Miles Kane, les groupes espérés n’ont pas déçu, quand la relève aura su se montrer tout aussi entreprenante, que ce soit Structures, Bison Bisou et consorts. Une belle édition même si l’on espère un regain de rock attitude pour 2020, sûrement à tort, car seul le dimanche n’a pas affiché sold out alors qu’il était le plus tourné vers la guitare électrique.

MERCI
Un grand grand merci à Myriam et son équipe qui, comme chaque année, assurent ! On pense bien évidemment à Virginie, Judith et Anne-So qui nous choient, nous accompagnent quotidiennement et que l’on a plaisir à retrouver d’année en année. Petite pensée aussi pour le Kamarade rouge, Romain pour sa gentillesse et sa fidélité envers la Mère Patrie !

Pour lire le report du premier jour et du second jour, clique Kamarade, CLIQUE !