GLASS ANIMALS ★ LIVE IN THE INTERNET

« Nous allons essayer d’utiliser la puissance de l’internet pour vous amener quelque chose que l’on ne peut amener durant un live, tenter de créer différents univers qui exploreront nos albums. » Ambitieux mais le deal des Glass Animals est là. En ce sens, une partie de l’excitation du concert, même à la maison, est bien là aussi. Se rendre devant son écran pour ne pas louper son groupe préféré, première partie en moins. À la place, petit QR code pour une expérience en réalité augmentée du groupe dans son salon, vidéo d’introduction (un peu foirée, des fans nous expliquent pourquoi ils sont fans, merci, je sais, j’ai payé 13 balles pour être là). Bref, la soirée s’annonce pas trop mal en regard des circonstances générales.

Bienvenue dans « Dreamland » !

Les Glass Animals ont mis les petits plats dans les grands. Ils se tiennent sur une scène dont l’écran se prolonge à même le sol, ce qui va permettre de jouer un peu plus sur l’immersion du groupe dans ses propres visuels (« post rétro » que l’on me dit). Tout y est et l’univers visuel du groupe est superbement restitué. Rêve informatique nostalgique qui va s’appuyer sur une vraie scénographie allant de la mandarine pinata qu’on éclate sur scène, au matelas gonflable sur lequel chante Dave Bailey avec simulation de piscine. Les fans sont même conviés sur une vidéo en arrière-plan « ce qui se rapprochera le plus d’un vrai public ». Il est vrai, ça manque de gens qui gueulent entre les morceaux pendant cette heure 10 de live. Heureusement, il y a un petit tchat à côté de la vidéo qui permet aux fans d’interagir entre eux (et personne pour saisir « apééééroooooOOOOoOoO » ? Étonnant).

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Les invités ne sont pas oubliés et la prometteuse Arlo Parks vient poser sa superbe voix sur « Tangerine » auquel elle insufflera un côté très Gorillaz. Un danseur hyperlaxe (Kanah Flex) vient nous retourner le cerveau sur le titre « Gooey » qui prendra des accents plus rock sur la fin. Denzel Curry n’est pas oublié sur le mortel « Tokyo Drifting » même si l’on se contentera d’un featuring enregistré, l’artiste US ne pouvant se risquer d’un passage en Angleterre.

«  WAVEY DAVEY’S ON FIRE ! »

Difficile de résister à certains titres, l’enchainement « Black Mambo » vers « Hot Sugar » à tomber, on retrouve alors un Dave de feu dans le flow et la gestuelle. Le groupe ne semble pas souffrir du confinement tant les musiciens sont irréprochables et appliqués. Le titre « East Coast To Coast » groove de ouf (cette prod de malade, sérieux), « Youth » fonctionne toujours aussi bien et on a vite fait de pousser le son encore et encore. Du point de vue live, c’est un succès, on se régale et cela m’a repoussé à écouter « Dreamland » en boucle, encore et encore ! J’ai particulièrement apprécié la restitution de toutes ces petites touches musicales dont le groupe a su agrémenter son petit dernier et qu’il a su fidèlement restituer en live !

Bienvenue dans «  Streamland »

Néanmoins, le manque de public se fait cruellement sentir entre les morceaux alors la promesse d’un live interactif était séduisante. Un direct auquel on aurait pu y croire si un bug n’avait pas gâché la fête. D’un point de vue technique, il était important de ne négliger aucun aspect côté spectateur. Préparer ses bières, sa sono, brancher l’ordi sur la grande TV du salon. Mais en 2020, la connexion internet reste la base de toute expérience web ! Parce que lorsque votre stream se casse la gueule, ça ruine un peu l’expérience. Pour tout le monde. Car le bug est général et intervient rapidement, dès le second titre « Tangerine ». Le stream reprendra après 4-5 minutes de bug, heureusement le tchat était là pour rassurer et les fans qui se filent les tuyaux « it’s back ! » Oui, c’est bien le prestataire qui est mis en défaut devant l’affluence.

 

Oui mais re-plantage. Et cette fois, c’est pire qu’attendre Axl Rose. On se retrouve à patienter 45mn car le management décide de relancer « l’expérience » afin que tout le monde puisse en profiter. La déception est totale quand on découvre que derrière cette scénographie, se cache une performance pré-enregistrée. Et oui, le tout a simplement été rediffusé depuis le début. Sans bug cette fois. Certain.e.s n’hésitent pas à partager leur déception. Là où l’on aurait pu espérer voir Glass Animals reprendre les instruments, s’excuser en direct, rien de tout ça. DÉ-CEP-TION. Disons-le, l’expérience « Dreamland » devient « Streamland » et cela enlève du charme au live. Commencer le concert par « Welcome to the internet – we’re live in the internet ! » rompt le contrat initial dès lors que l’on n’est PAS en live sur les internets.

POUR CONCLURE

Et c‘est bien dommage car ce stream était apparemment le plus gros show en tête d’affiche du groupe ! Imaginez, réunir les fans du monde entier pour UN live sans avoir à déplacer des tour bus. Du jamais vu et possiblement une belle réponse au COVID et le manque de rentrée d’argent pour les musiciens. Quel fan ne serait pas prêt à claquer 10/15 balles pour son groupe préféré ? Le souci est que derrière la technique, on veut de l’humain. À l’heure où les bars ferment, les couvre-feux tombent et des mots tels que reconfinement commencent à circuler, il était important de faire un lien vivant. Dans le cas présent, on est quelque peu déçus que le groupe n’ait pas été plus loin, n’ait pas joué le jeu à fond. On pouvait s’attendre à une intégration réelle des moyens numériques mais non. On était en mode pilote automatique telle une vulgaire vidéo Youtube quand on rêvait d’un épisode interactif façon Netflix. Cela n’enlève rien à la performance qui était excellente mais attention, dans spectacle vivant, il y a vivant.

👾 SETLIST 🍍

Dreamland
Tangerine (avec Arlo Parks)
Hazey (avec Kanah Flex)
Black Mambo
Hot Sugar
Tokyo Drifting (avec Denzel Curry en vidéo)
The Other Side of Paradise
Space Ghost Coast to Coast
Heat Waves
Season 2 Episode 3
Youth
Your Love (Déjà Vu)
Gooey
Pork Soda