Archive – Controlling Crowds

Il y a des groupes qui arrivent à marquer une période, qui partent ensuite aux oubliettes pour mieux revenir. Archive est un de ces groupes qui a marqué plusieurs fois, d’abord par ‘Londinium‘, puis avec ‘You Look All The Same To Me‘.
Avec l’arrivée de ce nouvel opus, qu’allait donc être la nouvelle orientation du groupe ? (On pourrait dire duo, vu les chanteurs qui changent comme des mouchoirs pour un allergique en plein mois d’avril). Avec tous ces changements, on ne savait vraiment plus comment classer les anglais.
Mais voilà que débarque enfin le nouvel album ‘Controlling Crowds‘, et tout de suite le changement. Tout d’abord un concept devenu tellement à la mode, celui des Actes. Le premier morceau éponyme s’étale sur plus de 10 minutes dont 3 comme intro.
Tout de suite l’ambiance est posée, c’est plutôt sombre, mais pas mou, un bon point.
Vient ensuite le premier extrait de l’album, ‘Bullets‘. Quel beau morceau, sombre comme une chanson de Portishead et en même temps rythmée comme une de Tricky, tout le morceau monte en intensité, et quel bonheur…
Au fur et à mesure des écoutes on se rend compte que l’ambiance est toujours sombre, mais ce qui est appréciable, c’est que ce disque n’est pas mou, l’ensemble change de rythme, surtout par ses montées… et ses descentes (‘Words On Sign‘, ‘Danger Visit‘) mais ne paraît vraiment pas répétitif… Un autre bon point. ‘Quiet Time‘ conclut le premier acte de façon très calme, posée, et marque le retour de Rosko john ( le rappeur de ‘Londinium‘), petit retour aux sources en quelque sorte. La musique est plus présente, divisée en phases, c’est planant (au propre comme au figuré), fin du premier acte.
Collapse/Collide‘ introduit le deuxième acte sur une ambiance calme et leur chanteuse Maria Q débute cette partie, longue, envoûtante par sa longue montée. Il ne s’agit pas réellement du schéma classique couplet/ refrain, mais plutôt de passages dans une chanson qui n’en finit pas (9 minutes au compteur). ‘Clone‘ contient des parties avec guitare qui donnent un certain côté péchu, permettant de mieux rebondir sur ‘Bastardised Ink‘, de nouveau marqué par la présence de Rosko john, rythmant d’un flow prenant une musique des plus obscures et machinales. ‘King Of Speed‘ montre un côté pop rock et moins torturé par rapport aux précédents morceaux, qui peut faire penser à Cold War kids par le rythme et le timbre de voix de Dave Pen. ‘Whore‘ conclut l’acte 2 de la plus belle des manières, Maria Q donne des inspirations soul à ce morceau, donnant par sa seule voix une ambiance à ce morceau, au bénéfice d’une instrumentation très minimaliste.
Le troisième (et dernier acte) commence comme une conclusion, avec piano et voix, le tout sur un rythme très planant, froid, avec une montée douce, mais vraiment très douce. ‘Razed to The Ground‘ marque un passage plutôt incohérent avec le reste de l’album par-contre, on ne ressent plus autant le côté sombre, la seule fausse note du disque, pas désagréable mais qui casse l’ambiance. ‘Funeral‘ clôt l’album sur une note mélancolique.

Ça y est l’album est terminé, on peut dire qu’il passe bien, mais quelle longueur… écouter ce disque en entier n’est pas facile. On est bercé par ces musiques dans l’ensemble mais le souci est que, individuellement, les morceaux n’ont pas le même impact. Il nécessite beaucoup d’écoutes et vu la durée, c’est pas évident de l’écouter en boucle, à moins d’être no-life (dans ce cas ce disque est parfait pour vous faire sombrer dans la déchéance). En fait, c’est vrai qu’on vit dans un monde de merde, heureusement qu’Archive nous a ouvert les yeux… ou plutôt les oreilles.