Shearwater – The golden archipelago

Chaque génération sa croix : un groupe à succès va générer influences, descendance et dégénérescence, alors pour un ‘OK Computer‘ combien d’album de Travis, Starsailor et Muse ? Il y a (déjà !) 6 ans, on ne connaissait ni Laure Manaudou ni Arcade Fire et certains petits malins pousseront le rapprochement jusqu’à dire que ces deux-là s’ils ont marqué leur temps sont tous les deux grillés aujourd’hui. Nos moutons se dispersent. Arcade Fire a fait beaucoup de mal à la musique actuelle qui semble pour la plupart n’avoir retenu que les défauts latents du groupe, principalement sa grandiloquence païenne. Si on pense souvent à la troupe de Butler en écoutant Shearwater, c’est heureusement souvent en bien. Le groupe a retenu la voix hantée, assez David Bowie pour le coup, les arrangements sombrement alambiqués rappellent Elbow dans leur travail sur la longueur mais au détour de quelques ballades au piano, on se remémore que ‘After the Goldrush‘ n’est pas exactement le pire Neil Young. C’est d’ailleurs dans ses moments faussement apaisés que Shearwater peut le plus notamment grâce à des idées souvent astucieuses et/ou des rythmes malins (« An insular life »), les moments plus enlevés échouent un peu au décollage. On note un mini tube qui devrait faire les beaux jours d’une BO de film indé (« Runners in the sun ») portée par un joli gimmick entêtant qui paradoxalement montre aussi un peu les limites de ce disque peut être un peu trop contemplatif par moments. Toutefois, dans ce genre pop indé, ce « The Golden Archipelago » s’impose sur la distance comme un compagnon apaisant à qui l’on a envie de confier quelques sombres secrets.