Yog – Year Of Nowhere

Carnage dans les alpages

Pour une raison qui reste à ce jour une énigme, la Suisse est un grand pourvoyeur en bons groupes ayant tendance à faire péter les limiteurs de décibel. Unfold, Houston Swing Engine, Shovel, et surtout Nostromo, enormissimes maîtres du grindcore. Grindcore ? C’est quoi encore cette saloperie ? Pour faire simple, c’est du hardcore hurlé ultra rapide, très technique et surtout ultra agressif. Je reprends: Nostromo ayant disparu corps et bien il y a quelques années, leurs compatriotes de Yog se proposent de reprendre le flambeau.

Attention, ça va trancher…

Year of nowhere‘, c’est le genre d’album qui vous saute à la gorge tel un pit enragé et qui ne lâche pas prise tant qu’il vous reste un souffle de vie. Déflagrations sonores supersoniques, vociférations gutturales, double pédales éreintantes… le choc est rude. Contrairement au dernier Converge donnant clairement l’envie de tout casser, l’extraordinaire violence de Yog pétrifie de terreur. Pour peu, on se croirait dans un Carpenter ou se mêleraient atrocités déviantes et automutilations.

Si le groupe se contentait de bourriner à tout va en gardant constamment le même plan – aussi technique soit-il – tel un antique Napalm Death, on aurait tôt fait d’abréger les hostilités. Les suisses ont de la ressource. Certes, ils aiment céder aux charmes de la brutalité (La suite ‘Mouthful of shit‘ – ‘A light scent of wreck‘ – ‘Secrets‘), mais ils savent également se montrer plus nuancés dans leurs joutes. Sur ‘Frameless stage‘, on passe en revue des plans frappadingues séparés par des micro coupures d’apesanteurs. Le faux ami ‘Grindcore deluxe‘ a des airs de ‘Panasonic Youth‘ de The Dillinger Escape Plan, alors que le groove indécent de ‘Merge‘ évoque Psykup en pleine folie meurtrière.

La musique de Yog est très dense, étouffante. Ce ne sont pas les rares moments de calme très relatif qui nous sauveront de l’asphyxie. Heureusement, l’Helvète est malin et a su aménager des vraies pauses. L’interlude ‘Orchidian‘ permet de souffler, et surtout le titre final, ‘Death by silent tyrans‘ nous prend de court. Tempo lent et lourd, guitares, complaintes déchirantes, ambiance proches de Isis… c’est pour le moins étonnant comme final, mais c’est fort bienvenu.

Finish him !

Mis à part la réelle épreuve physique que représente la densité des titres – pour le coup inhérente au style, ‘Year of Nowhere‘ est une bonne grosse tarte servie par une prod aux petits oignons. Avant je pleurais la fin de Nostromo, maintenant je vénère l’avènement Yog.