Divine Comedy – Bang goes the knighthood

Il faudra un jour décerner à Neil Hannon une médaille pour avoir appelé son groupe Divine Comedy. En effet, rares sont les groupes dont les noms sont en telle adéquation avec leur musique (contre exemple : les Zombies). Il ne faut pas penser Dante mais plutôt s’imaginer de l’autre côté de la Manche, cognac à la main, dissertant sur la foire aux vanités, cette énorme comédie absurde qu’est la vie et ajouter, posh as ever, que tout cela est absolument divin.

C’est cette merveilleuse ambiance britannique à la Oscar Wilde que l’on retrouve sur le nouvel album de Divine Comedy désormais mené par le seul, irlandais lui aussi, Neil Hannon. Un disque où l’on parle de « the ecstasy of pain », où l’on se montre aussi sérieux que primesautier mais toujours avec une élégante distance, où l’on parle de banquier, de récession, où l’on nomme une chanson « Assume the perpendicular », un disque que l’on présente avec une pochette fantastique. Musicalement pas de révolution, Divine Comedy creuse toujours le même sillon d’une pop orchestrée, toujours légère, toujours intemporelle, toujours de bon goût, toujours raffinée (fans de Muse : passez votre chemin), passant avec aisance du tragique (« When a man cries ») à une légèreté rassurante (le single « At the indie disco »), les deux (« Down in the street below ») même si Hannon a cette incroyable capacité de chanter le léger tragiquement et le tragique avec une délicieuse ironie. Ce ‘Bang goes the knighthood‘ est un bon cru, seules une ou deux petites baisses de régime sont à signaler, pas de tubes potentiels mais une petite merveille délicate ‘Island life‘ aux arrangements à la Van Dyke Parks et les obsédants « The complete banker » et « I like ». Comme souvent ce sont les textes de Hannon qu’il faut écouter : le name dropping de « The lost art of conversation » (une chanson qui cite Bram Stocker et Van Dyke Parks ne peut être mauvaise), la déchéance de « Bang goes the knighthood », la soirée « At the indie disco », la déclaration de « I like » et le sommet absurde du disque, le presque monthy pythonesque « Can you stand upon one leg ? » qui semble n’exister que pour sa blague finale. D’où la nécessité de ne pas être anglophobe pour apprécier pleinement Divine Comedy.

Bang goes the knighthood‘, dixième album, donne ce sentiment d’être tellement chic, tellement cultivé, d’avoir tellement de recul sur la vie, cette divine comédie, que rien ne peut nous atteindre. Et se sentir si bien est vraiment absolument divin.