Sleigh Bells – Treats

Duo de Brooklyn amoureux sur pistes et divorcé à la ville – tant leurs relations sonores paraissent écorchées et chaotiques, Sleigh Bells est avant tout l’aventure de deux trublions des Carpates s’amusant à mélanger bourdonnements et bruits de carnaval pour en adapter une musique de clubs d’adultes en délire. Lorsque Madame s’active en cuisine pour fourrer la dinde avec sensualité et poser quelques vocalises qui ne sont pas sans rappeler The Tings Tings – l’ardeur en plus, Monsieur astique les gros outils avec une cadence et un sens du rythme dont lui seul à le secret. Maltraitant volontairement et ingénieusement les codes de la pop et les imageries fantasques de la noise bruitiste, Sleigh Bells se joue de son auditoire avec ce qu’il faut de fractures en deux temps et de pur trip sonore.

Une rencontre que l’on qualifiera de rendez-vous musical du troisième type. Le même entretien d’embauche que l’on avait pu avoir jadis avec les Crystal Castles. Ce même ressenti de venir piquer dans l’assiette du voisin pour en sortir de bons cassoulets Saurin mijotés avec succès. Et pour le coup la purée de pois s’appelle « Crown On The Ground » ou « Straight A’S » pour le meilleur du pire. De l’affrontement direct et gratuit donc pour ces Américains qui ont choisi le sado-masochisme à l’ésotérisme, le martinet pour les coups de fouets. Sur la montée au créneau « Kids » ou encore « Infinity Guitars », la formation multiplie les virages serrés et arrive à surprendre avec un marmelade résolument saturée et crado comme pas deux. On pourrait citer de nombreuses formations qui ont fait tourner la tête de Sleigh Bells. De M.I.A à Poison The Well (groupe originel du guitariste et producteur Derek Miller) en passant par les deux dévêtus de Matt & Kim ou encore Kap Bambino, Sleigh Bells pousse le bouchon un peu plus loin en le faisant littéralement péter à grands coups de claviers désossés et de guitares dégingandées.

Le B.A-BA de la pop sautillante revue et corrigée par deux artistes sans grande prétention, si ce n’est celle de mettre du piment dans un schéma guitare-batterie un tant soit peu conventionnel. L’apprentissage de nouvelles règles et codes pour Alexis Krauss, jeune institutrice de profession, arrivant à marier coups de règles et culottes courtes à travers bon nombre de collages et bidouillages d’une classe élémentaire.