Johnny Foreigner – Grace and the Bigger Picture

Depuis The Jimi Hendrix Experience, le concept du power trio british est devenu une institution avec des règles draconiennes :

Règle 1 : Les membres du groupe doivent être jeune ;
Règle 2 : La musique du groupe doit être énergique et originale ;
Règle 3 : Si le groupe incorpore une fille, elle doit tenir la basse.

Johnny Foreigner remplit toutes les conditions : Ils sont 3, sont à peine pubères, ont collé la basse dans les bras de la fille du groupe et surtout ont une patate inépuisable.

Qu’en est-il de leur originalité ? Loin des sons estampillés 80’s envahissant dangereusement notre espace auditif (Arcade Fire et MGMT en tête), le trio allie sur ce ‘Grace and the bigger picture‘ les synthés electroïdes des tazzés d’Enter Shikari avec les effets virtuoses de The Fall of Troy, le tout concentré dans des bombinettes n’excédant jamais les 2 minutes. Un batteur qui lance des rythmes rocambolesques, un guitariste et une bassiste qui se renvoient la balle et n’hésitent pas à crier quand la tension se fait trop forte, ça donne des tubes en puissance comme ‘Choose yr side and shut up‘, ‘Feel the summer‘ ou ‘Criminals‘, dans une ambiance insouciante rappelant l’inaugural ‘I should coco‘ de feu Supergrass. Le trio joue a à fond la carte de l’insolence juvénile, que ce soit dans les noms des morceaux (‘Kingston called they want their lost youth back‘) ou dans les sons bidouillés (la loufoque et criarde ‘Dark Harbourzz‘).

Malheureusement, on n’a là qu’une copie conforme de leur – certes excellent – premier album ‘Waited up til it was light‘ en moins inspiré et bien sûr moins surprenant. Seules nouveautés à l’actif des anglais, 2-3 titres plus sereins et plus travaillés où la fougue laisse place à un joli boulot de composition qu’on aurait souhaité voir poussé plus loin (‘I’llchoosemysideandshutup, Alright‘, ‘More heart, less tongue‘).

Avec ‘Grace and the bigger picture‘, les agités de Johnny Foreigner ont voulu surfer sur la lancée de leur remarquable premier effort. La formule fonctionne toujours, on aime perdre la tête dans ces tempêtes sonores, même s’il y a de la redite. Le groupe semble avoir les ressources pour rebondir, gageons qu’ils creusent les quelques pistes esquissées ici et là.