Parts & Labor – Constant Future

Suivre Parts & Labor depuis 2007, album après album, tournant après tournant, ça m’a toujours donné le goût dans la bouche de pouvoir enfin assister à quelque chose dans l’histoire du rock. Exit les découvertes vingt ans après de Daydream Nation, des riffs des Pixies qui auraient dû sonner à mon berceau, ou d’un tas d’autres coups de génie attrapés avec la ponctualité d’un cancre de 4ème. Ce petit groupe de Brooklyn construit son monorail cyberpunk avec enthousiasme et fonce à travers les steppes du noisy rock agonisant pour décoller vers ce Constant Future illuminé et électronique. Une basse, des claviers sous amphétamines, des rythmiques façon drum’n’bass hallucinée. Le Robocop psyché du XXIème siècle, c’est eux.

En douze titres, Parts & Labor nous fait sa synthèse, après l’agressif et punkoïde Stay Afraid, le rugissant Mapmaker et le progressif Receivers, dont on sent les courbes aériennes à travers l’album. Fake Names et Hurricane sont de petites perles pop torturées à coups de synthés Atari et de choeurs en mode Ariane 5. Rest est une des plus belles réussites, une plante vénéneuse et mélodique qui s’ouvre pour planter son refrain sous la jugulaire. On sent les deux derniers opus du trio dans Constant Future, qui est autant capable d’avoir la bave pixelisée aux lèvres (Bright White, Outnumbered) que de crever le plafond et de toucher un ciel sous haute tension (Constant Future, Skins And Bones).

Evidemment, il y a les quelques morceaux dont on n’a rien à branler et qui passent vite au lecteur (Pure Annihilation, A Thousand Roads) et qui rappellent les heures creuses de Mapmaker, époque où tout était encore possible avec Dan Friel, BJ Warshaw et Joe Wong, y compris l’atterrissage forcé à côté de la plaque. Mais même dans le moins bon, Parts & Labor s’agrippe avec les dents à ses bouquets de notes nerveuses et de basses massives, et ça le fait. Du coup, Constant Future est un album incroyablement bien équilibré, mieux pesé que les autres disques, et même pas assez mature pour qu’on s’emmerde. Les fûts sonnent comme des enclumes, à la façon d’un Pterodactyl, et les morceaux sont des instants de grâce électroïdes dont seul ce groupe est capable de disque en disque.

Alors oui, suivre Parts & Labor en 2011, c’est encore se retrouver au milieu d’un rock génial et visionnaire. Damn Future !