KoRn – The Paradigm Shift

Rares sont ceux qui y auraient parié un testicule mais KoRn est donc encore vivant en 2013. 15 ans après Follow The Leader et même 11 années après le déjà contesté et contestable Untouchables. Depuis le groupe n’a cessé de sombrer avec des départs et surtout des albums de plus en plus mauvais. Arrivés au point de non-retour avec un virage dubstep entrepris avec Skrillex, les mecs les plus connus de Bakersfield nous sortent encore la carte la plus originale d’un groupe en perdition : le retour aux sources. Déjà invoqué en 2010 avec la prod’ de Ross Robison, c’est un autre argument marketing qui se pointe. En agitant le come-back de HeAd, ancien repenti de la drogue et suppo de Jésus, ils ont là une preuve de l’honnêté de cette association de malfaiteurs. Usés jusqu’à la moelle à chercher la recette du succès perdue depuis longtemps, que nous vaut ce Paradigm Shift accueilli positivement par une partie de la critique ?

Onze morceaux au compteur pour ce nouveau skeud et une fois plié et retourné un certain nombre de fois, le constat peut sembler cinglant. Pourquoi ? Efficace certes et allant à l’essentiel jusque dans sa durée puisqu’aucun morceau ne dépasse les 4 minutes 30. Hélas, les breaks, les râles, les thèmes des paroles, tout est là et la première écoute sonne très familière. Pour le meilleur et pour le pire. KoRn a su retrouver des sons qui te font headbanger et certains ponts font bien plaisirs. Davis a aussi perdu le goût du ridicule et évite les excursions foireuses vers l’émotion comme il avait pu le faire KoRn III : Remember Who You Are. Exploit notable, il devient difficile de jouer au Bingo avec ses paroles. Longtemps composé uniquement de ‘pain’, ‘breaking me down’, ‘heart’, ‘sick’, ‘mind’ et de pleurs, il semblerait que le petit Jonathan était bien en studio pour écrire et qu’il ne s’est pas contenté de récupérer les paroles des albums précédents. Malgré tout, l’ensemble sent le bouc, un peu comme un vieux pote qui porterait toujours des baggys et des dreads, The Paradigm Shift fait de la peine. Aucun morceau ne ressort de ce bloc identique qui forme la tracklist. La batterie est plate et tassée, la basse a l’air d’avoir été enregistrée à travers un ventilateur et je veux bien entendre les arguments du gars qui me dira avoir été surpris une seule fois avec un des morceaux présents ici. Dommage d’avoir quitté les défauts de la sur-production du passé pour récupérer au passage d’autres tares. Pas de surprises, réchauffé et horriblement daté, le néo-métal n’a jamais aussi mal porté son nom. S’il fallait le situer dans la disco, il est sans hésitation à classer au côté d’Untouchables.

Coïncidence fortuite, KoRn se rachète un semblant de dignité à l’aube de ses 20 ans avec leur premier album écoutable depuis un bail. Certes, nous ne le ferons pas tourner en boucle, nous ne sommes pas capables d’y déceler une perle mais ils reviennent d’un puits tellement profond qu’on pourrait presque s’étonner de les voir encore respirer. La question est de savoir qui écoute encore ça aujourd’hui ? L’autre revers de la médaille, c’est qu’ils sont sûrement repartis comme en1997 et qu’on risque de les voir enchaîner les concerts jusqu’à ce que narines et foies implosent. On vous donne rendez-vous devant leur set avec une pinte de Kro’ éventée au Hellfest 2022 ?