Brody Dalle – Diploid Love

On ne reprochera pas à Brody Dalle de vouloir sortir un disque de temps à autre – il y a des crimes plus odieux dans ce monde – mais il est vrai que son encombrant statut de Madame Josh Homme prime depuis longtemps sur ses mérites musicaux. Une sorte de starlette au foyer, plus célèbre qu’écoutée. La faute à une discographie somme toute peu consistante où l’on recense trois albums semi-cultes avec les punks The Distillers, le dernier en 2003, un projet foireux vite abandonné du nom de Spinnerette datant de 2009 et… c’est tout. Du moins jusqu’à ce ‘Diploid Love‘, censé relancer une carrière pas franchement excitante. La promo, pleine de sous-entendus maladroits, insiste sur un point: Brody Dalle s’est occupée elle-même de presque tous les instruments et de la production de l’album, enregistré dans le studio Pink Duck de son mari. Que penser alors de la liste de musiciens et autres special guests, longue comme le bras, avec Alain Johannes présent aux manettes? Josh Homme n’est pas crédité mais à ce jeu-là on l’imagine volontiers débarquer en pantoufles les dimanches après-midi histoire d’arranger un pont ou bricoler des harmonies. Bref, quoiqu’il en soit, là où ‘Diploid Love‘ pouvait potentiellement rendre une vraie identité à notre jeune retraitée du punk c’est tout l’inverse qui se produit: le disque bourrine d’entrée dans un registre ultra prévisible et mille fois entendu, suffisamment heavy pour plaire aux indéfectibles admirateurs de monsieur, assez pop pour rameuter du fan de Garbage (Shirley Manson est de la partie) avec un soupçon de punk jeté en pâture aux nostalgiques de l’ère Distillers. L’australienne fait dans le pompier, le refrain à deux balles et mise toutes ses billes sur l’efficacité bas du front, plus souvent soucieuse d’imiter x ou y et de rentrer en force dans un moule que d’offrir quelque chose de personnel. ‘Don’t Mess With Me‘ sonne comme une sous-Courtney Love s’échinant sur une face b minable des Queens Of The Stone Age. Il faut attendre le single ‘Meet The Foetus/Oh The Joy‘ et ‘I Don’t Need Your Love‘ pour trouver un semblant d’inspiration et de sincérité, mais c’est beaucoup trop peu, beaucoup trop tard. Derrière ses braillements, ses poses de femme libérée et ses figures de style, ‘Diploid Love‘ est finalement bien fade, convenu et oubliable.