Courtney Barnett – Sometimes I Sit And Think, And Sometimes I Just Sit

Courtney Barnett écume la sphère indie depuis quelques mois maintenant avec un double EP ‘The Double EP : A sea of split peas‘ et des passages lives. Australienne de 27 ans, elle a malgré elle le profil parfait pour tout papier rock. Un frère qui l’a bercé au Jeff Buckley lui mettant la main à la guitare, un goût pour les chansons quasi autobiographiques, une reconnaissance qui monte crescendo en restant auto-produite et un prénom déjà chargé d’histoire pour une nana bien baignée dans les nineties. Si on ajoute à ça le fait que la Miss aime les filles, on remplit la boite à clichés pour quelques mois.

Sans donner l’impression de s’employer, Courtney enfile les titres avec une nonchalance imperturbable et une variété dans les styles très appréciable. A la manière d’un Mac DeMarco en moins glandeur, elle oscille entre balades folk en dilettante ( ‘Depreston‘), des pop songs accrocheuses presque trop faciles (‘Aqua Profondal’ ,’ Dead Fox‘ ) et des morceaux énervés (‘Pedestrian at Best‘) avec la même facilité. ‘Pedestrian at Best‘ porte des guitares à la Nirvana, cette manière à la Cobain de balancer ses paroles au lieu de les chanter.

Avec son phrasé parlé très naturel, il y a cette impression d’avoir quelqu’un qui parle sans filtre et place sur disque ce qui lui passe par la tête sans trop y réfléchir, c’est ce qui garde en alerte et motive à s’intéresser à ce qu’elle peut bien nous raconter. A tel point que la notion de refrain et de couplet n’a plus vraiment d’importance, c’est le fil de l’histoire qui compte. Comme le titre du disque l’illustre si bien, elle s’amuse à placer ses réflexions sur la vie, des phrases applicables aux quotidiens de tous qui tapent juste sans verser dans la punchline gratuite. On pourrait en piocher quelques extraits mais chaque morceau en est truffé.

En endossant un costume de loseuse ordinaire, Courtney Barnett démontre une capacité à pondre des morceaux pas comme les autres malgré un héritage évident. Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I just Sit est de ces albums qui prend de la valeur à chaque écoute pour ses compositions, le charisme de son interprète et les ambiances qu’il brasse. A son écoute, on a l’impression d’avoir passé du temps avec une pote à échanger autour de son dernier coup de blues, un récent trip ou une connerie arrivée en soirée. Une pote qu’on n’a pas fini de croiser en France puisqu’elle joue dès demain avec un passage en première partie au Divan du Monde à Paris.