Caliban – The Opposite From Within

Décidément, le métalcore aura marqué l’année de 2004 de son empreinte : après Killswitch Engage, Unearth, Cataract, Lamb Of God ou encore Shadows Fall, c’est au tour de Caliban de nous proposer un disque qui ferait passer les Metallica ou Slayer de notre enfance pour des fillettes… Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le nom Caliban ne fait pas référence aux talibans d’Afghanistan : il s’agit en fait d’une référence un personnage de Shakespeare (de là a dire que ce sont des poètes…). Ces 5 jeunes Allemands, qui firent leurs débuts en 1997 sous le nom Never Again, nous reviennent à l’automne 2004 avec leur quatrième album, enregistré à Goteborg avec Anders Frieden (In Flames) et masterisé par Andy Sneap (Machine Head, Killswitch Engage, Arch Enemy). ‘The Opposite From Within‘, leur premier album chez Roadrunner, est destiné à les propulser sur le devant la nouvelle scène européenne de metalcore, très en verve en ce moment.

Premier bon point pour nos métalleux venus d’outre-rhin, la pochette est très esthétique, malgré la grosse tête de mort présente en plein milieu. Dans cet album, Caliban nous propose un métalcore survitaminé à la limite du métal extrême : ça tombe bien, c’est la mode en ce moment… Niveau riffs, c’est lourd, très lourd, et les changements de rythme sont ultra-fréquents : plus que tout autre groupe, Caliban construit en effet sa musique pour faire exploser le mosh pit, et c’est d’ailleurs grâce à leurs prestations en live qu’ils ont construit leur réputation. Ce groupe a de l’énergie à revendre (‘One Of These Days‘, ‘I’ve Sold Myself‘) et on ne peut pas dire qu’il fasse dans la finesse pendant les 47 minutes que dure le disque…

Comme dans tout bon groupe de métalcore qui se respecte, la batterie puissante et rapide est largement mise en avant dans le mix final. Patrick Grün pratique ce que l’on pourrait appeler la batterie mitraillette, un style où les rafales de double pédale sont reines (‘Goodbye‘, ‘Standup‘, ‘Certainly… Corpses Bleed Cold‘). La combinaison guitares/batterie est d’une efficacité rare, tout particulièrement sur les parties lentes destinées à faire headbanguer la fosse (ex : la fin de ‘One Of These Days‘). Marc Görtz et Denis Schmidt, les 2 guitaristes, proposent des dizaines de riffs incendiaires, mais ils savent également faire preuve de finesse dès qu’il s’agit de jouer en guitare claire (l’intro très Machine Head-ienne de ‘Diary Of An Addict‘ en est le meilleur exemple). On pourra toutefois leur reprocher de ne pas lâcher un seul solo, alors qu’ils en ont certainement les capacités (c’est souvent le problème quand on s’enferme dans un genre et qu’on n’ose pas en sortir).

Niveau influences, on pense tout de suite à Killswitch Engage : la musique de Caliban possède la même énergie destructrice, et la ressemblance avec KsE est encore plus flagrante sur les refrains en voix claire (si ‘Senseless Fight‘ ne s’inspire pas de ‘A Bid Farewell‘ , je ne m’y connais plus !). Justement, ces parties plus calmes déjà entrevues dans ‘Shadow Hearts‘ ont souvent du mal à s’intégrer aux morceaux, et on se demande si finalement, Caliban n’aurait pas du faire comme Unearth et privilégier l’agression à tout va plutôt que d’essayer de caser à tout prix ces refrains souvent mielleux… Andreas Dörner, malgré une voix puissante et expressive, ne possède pas le charisme d’un Howard Jones, et il ne parvient pas vraiment à marquer les esprits… L’alternance entre cris bestiaux et chant clair est en effet un peu trop systématique et manque cruellement de spontanéité.

C’est d’ailleurs le gros problème de Caliban : à force de trop copier les autres, ce groupe manque d’originalité, ce qui n’enlève rien à la qualité des compositions, je tiens à le souligner… Soyons clairs : ‘The Opposite From Within‘ est un bon album, qui en défoulera plus d’un par sa multitude de riffs hargneux et son chant à la limite du death. Il n’y a pas grand chose à jeter, mais après plusieurs écoutes attentives, je peine à trouver LE gros titre qui mettra tout le monde d’accord (‘Goodbye‘ à la limite). Se taper 12 titres de métalcore, j’ai rien contre, mais vue la profusion actuelle de bons groupes dans ce style qui tourne cruellement en rond, je ne suis pas sûr que j’écouterai encore ce disque dans 6 mois. En tout cas, une chose est sûre, je sais que je vais bien m’éclater quand je les verrai en première partie de Machine Head !