The Haunted – rEVOLVEr

Quand en 1998 quelques membres d’At The Gates rejoints par Peter Dolving au chant sortaient le premier album de The Haunted, la formation prenait plus des allures de side-project éphémère qu’autre chose. Mais non, car même si Peter est parti entre temps, deux autres albums et un live se sont ainsi enchaînés jusqu’au jour d’aujourd’hui, jusqu’à la sortie de ce ‘rEVOLVEr‘. Car Peter est de retour est il est bien décidé à changer la tournure qu’avaient pris les choses depuis ‘One Kill Wonder‘, dernier album en date qui témoignait d’une certaine perte de vitesse et d’inspiration du groupe.

Retour aux sources, donc, et on peut pour commencer en dire bien clairement deux choses : autant ceux qui ont aimé le hardcore rapide et mélodique de ‘The Haunted Made Me Do It‘ et de son successeur risquent de ne plus vraiment apprécier, autant ceux qui écoutent en boucle l’album éponyme originel en espérant depuis tout ce temps que de petites perles comme ‘Undead‘ ou ‘Chokehold‘ trouvent enfin leur successeur vont être aux anges. En effet, la voix de Peter Dolving a mûri, sûrement grâce à sa participation à d’autres groupes dans lesquels ses cordes vocales étaient sollicitées pour autres chose que ses hurlements si caractéristiques, et il donne une pêche incroyable à chaque titre de cet album, une vigueur, un tonus (encore un adjectif comme ça et ça peut faire un slogan de yaourt 0%) jamais vus.

No Compromise‘ lance la machine sur un ton hardcore nerveux, des riffs thrash portant la griffe Jensen reconnaissables entre mille et un refrain fédérateur hurlé en coeur digne d’un Hatebreed. Mais le meilleur reste à venir. ‘99‘ surprend par son intro aux riffs presque death sur une batterie punkissime. D’ailleurs il n’y a pas que la batterie qui, entre deux mitraillages de double, devienne punkissime, car la voix aussi sait se casser sous le poids de la rage, prenant parfois des intonations à la Henry Rollins. Mais c’est aussi Metallica (plus surprenant déjà), qui vient à l’esprit sur les parties les plus chantées ou les guitares lourdement heavy de titres comme ‘Abysmal‘.

Là ou le chant de Marc Aro pouvait sembler parfois un peu monotone, on trouve donc maintenant de la nuance à ne plus savoir qu’en faire, et là où la voix se faisait froide et distante, elle s’insinue désormais au plus profond de chaque cellule de notre fibre auditive. C’est vraiment ça la force de Peter Dolving : l’implication que l’on sent dans chaque mot qu’il régurgite, dans chaque soupir qui s’échappe après une envolée vers des hauteurs impressionnantes. Mais si The Haunted n’est plus vraiment le même, aucun des bons points d’avant n’est non plus perdu : des mélodies d’une finesse rare pour ce style (le refrain de ‘All Against All‘ pourrait être interprété par Matthew Bellamy que ça ne choquerait personne) et surtout ce don de trouver LE riff qui tue, LE riff qui va fracasser une fosse en concert, CE riff qui met tout le monde K.O. comme on l’imagine le ferait facilement celui qui revient sur ‘Nothing Right‘. Sur ce même titre, Dolving sait d’ailleurs admirablement bien changer de registre puisqu’il passe des couplets punk à l’intensité progressive, un peu à la manière d’un Casey Chaos de ses débuts, à un refrain hardcore pur souche craché avec toute la haine nécessaire.

Cet album va donc sans aucun doute tourner en boucle dans les chaumières au moins aussi longtemps que l’avait fait l’éponyme puisque c’est simple, il n’y a rien à jeter, tout est excellent jusqu’à la dernière seconde. Alors il ne faut en aucun cas passer à côté sous peine de se voir dans quelques années privé de ce qui sera devenu un classique incontournable du thrash, hardcore,…peu importe, du rock.