GTI – Utopia City

Il y a des groupes comme ça qui provoquent un véritable choc dès leur premier album. C’est le cas de GTI, jeune groupe nantais sorti de nulle part. Ceux qui s’intéressent à la scène française et plus particulièrement aux musiques un peu barrées et extrêmes auront forcément entendu ce nom partout depuis un ou deux mois. Ba oui, il faut bien le dire, ‘Utopia City‘, l’album en question, est tout simplement énorme. Que dis-je…titanestque, monumental et beaucoup de choses bien pires encore !

Car GTI, c’est tout un concept. ‘On ne cherche pas à captiver l’auditeur dès la première écoute, mais plutôt à le choquer…’. Il fallait bien cette petite citation pour comprendre parfaitement de quoi il s’agit. Et choqué, on l’est innévitablement, non pas par une violence excessive, ni par une vitesse remarquablement élevée ou quelque autre artifice technique que ce soit, mais tout simplement par des compositions indescriptiblement chaotiques, des structures bordéliques à souhait qui choquent donc littéralement, au sens le plus propre du terme.

Imaginez…Psykup qui rencontre Cephalic Carnage. Impossible ? Et bien pourtant ils l’ont fait : le côté musique d’ambiance d’asile psychéatrique completement déjantée mélangée à un vrai génie du rythme, de la créativité en général et le tout relevé encore par des samples extrêmement nombreux et tout simplement hilarants (l’intro de ‘Relax Baby‘) et autres beats electroniques à tout va (le passage dance tuning touch de ‘Utopia‘ mélangé à un chant folklorique, un vrai régal) font de cette musique quelque chose de très difficilement descriptible. Pourtant on ne sera pas dans le faux si on dit qu’on y retrouve tout ce qui fait le charme de groupes tels que Dillinger Escape Plan ou encore Gorerotted pour le côté complètement auto-dérisoire.

Car s’il y a bien une chose dont ces cinq garçons ont a revendre, c’est du sens de l’humour. ‘Magic Brush‘, titre d’ouverture, commençerait presque comme un album de death dit ‘classique’ (bon, c’est vrai à quelques sons près qui trahissent un manque de sérieux total…) jusqu’à ce ‘Your mother was a hamster !’ fatal après lequel tout part en vrille. La batterie s’affole, la voix de Guyom (d’ailleurs souvent très semblable à celle de Milka de Psykup) explose de toute sa puissance et cette alchimie si rare qui fait qu’on en reste la bouche grande ouverte, le cerveau comme anesthésié par tant de talent se produit enfin.

Il y aurait tant de choses à dire sur cet album…l’intro à l’accordéon du géniallissime ‘Child Of Human Sacrifice‘ par exemple, titre tout simplement magistral, plus mélodique pour le coup avec de légers claviers en fond (qui rapellent à certains moment les passages les plus réussis de Mushroomhead) sur une batterie éffrénée et d’une précision incroyable. Il ne faudrait pas non plus oublier toutes ces tirades de films plus drôles les unes que les autres, sorte de signature du groupe, placées de manière à ce qu’on ne s’y attende jamais, entre deux changements de tempo et sur un fond de beat techno qui, prit à part, aurait semblé tout simplement ridicule mais qui s’intègre à merveille dans cet univers tout en incohérence.

Tiens, quelle coincidence, justement GTI, ces trois lettres qui les feraient parfois malheureusement passer à tort pour des disciples des rois de l’absurde français, j’ai nommé Gronibard, sont en réalité les initiales de Grotesque Through Incoherence. Un nom qui ne saurait mieux décrire la douce mélopée qui vient faire vibrer nos fragiles tympans durant les trop courtes 32 minutes de cet album. C’est grotesque, c’est incohérent et c’est à écouter d’urgence.