Every Time I Die – Gutter Phenomenon

En 2003 sort ‘Hot Damn !‘, troisième disque des fous-furieux de Everytime I Die qui très vite, avec son hardcore imbibé de rock n’roll ultra efficace et frénétique, devient la bande-son de tout post-adolescent qui se respecte et tourne en boucle dès le matin où désormais le whisky prend la place du lait dans les Corn-Flakes jusqu’au soir où ‘In The Event That Everything Should Go Terribly Wrong‘ fait office de jolie berceuse. Difficile donc de faire mieux, voire impossible. Mais nos cinq américains sont très forts; et au lieu de faire mieux, ils décident de faire différemment.

Débarque donc ‘The Gutter Phenomenon‘ avec lequel ils prennent le contre-pied de toute la mouvance ‘metalcore’ auquel ils ont contribué et décident de se faire plaisir avant tout. Place donc à des compos beaucoup plus portées sur les riffs de guitares et orientées rock n’roll tendance Mötorhead, même si leur marque de fabrique reste bien présente: des structures toujours aussi déstabilisantes avec ce côté ‘bulldozer in your face‘. Mais là où ‘Hot Damn !‘ accrochait dès la première écoute avec notamment ‘I Been Gone A Long Time‘ tuerie qui annonçait déjà le son plus rock n’roll du groupe, ‘Gutter Phenomenon‘ nécessite plusieurs écoutes pour bien se rendre compte de la qualité du disque. Etrangement, si le groupe avoue s’être moins pris la tête sur cet album que sur le précédent, les premières écoutes laissent à penser le contraire. Ceci dit, le groupe ne se prive de rien: on invite Daryl Palumbo (Glassjaw / Head Automatica) et Gerard Way (My Chemical Romance) à venir poser leurs voix sur deux titres aux refrains énergiques (la palme au premier pour ‘Champing At The Bit‘), Keith se met à chanter légèrement entre deux hurlements (‘Guitarred And Feathered‘) et lâche tout ce qu’il pense sur des paroles toujours aussi bien écrites – s’en prennent plein la gueule notamment tous ces groupes à mascara (‘Apocalypse Now And Then‘, ‘The New Black‘…) et on rajoute un tas d’effets de style par-ci par-là empruntés au post-hardcore (inspiré par les Blood Brothers sur ‘Guitarred And Feathered‘ ) comme au rock n’roll et au metal.

Tout cela reste donc du grand art et risque bien de devenir cette fois-ci la bande-son de vos soirées où vous finirez la nuit couchés devant la cuve des chiottes, après être passés à la supérette et avoir défoncé la vitrine où est enfermé l’alcool (‘first we drink and we take it all apart‘ proclame le groupe). Du grand art on vous dit.