Deicide – The Stench Of Redemption

J’aurais beaucoup de mal à cacher l’affection que je porte au pillier du death qu’est Deicide. C’est simple, j’ai adhéré à leur style et apprécié chacun de leurs albums, même les plus critiqués, que ce soit par la presse ou par eux-même lorsqu’ils invoquaient une fin de contrat avec leur label pour les sortir précipitamment. J’aurais encore plus de mal à cacher mon admiration pour leur leader, le charismatique Glen Benton dont les prises de positions morales parfois douteuses et l’attitude toujours provocative font surement l’exemple même de ce que devrait être le chanteur d’un groupe aussi déviant et politiquement incorrect que celui dont il est question ici. Tout ça pour dire que l’arrivée de ce tout nouvel opus, ‘The Stench Of Redemption‘, est pour moi plus qu’un évenement.

Alors à part ça quoi de neuf chez Deicide ? On a appris il y a déjà un moment le départ des frères Hoffman qui sont désormais remplacés aux postes de guitaristes par Ralph Santola et Jack Owen, ce dernier ayant quitté Cannibal Corpse prétextant qu’il ne souhaitait plus jouer de death. Mais bon après tout il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis et tant qu’il sait ce qu’il fait il n’y a pas de mal à ça.

D’ailleurs on se rend vite compte que c’est vraiment la présence de ces deux nouveaux gratteux qui amène toute la fraîcheur dont avait besoin le groupe. On sait d’expérience qu’Owen est un rapide et Santola est plus mélodique, avec ses influences très heavy oldschool. C’est ce mariage, et surtout le jeu très fluide de Santola, qui surprennent presque à la première écoute. Du coup, aux classiques blasts supersoniques d’Asheim derrière ses fûts, se greffent plus souvent qu’à l’habitude des solos presque aériens ou des riffs plus mélodiques. Il suffit d’écouter l’intro de ‘Death To Jesus‘, où les leads et rythmiques s’entrelacent dans une profusion d’harmonies. C’est beau, c’est riche, c’est profond, c’est tout simplement de la composition de qualité.

Et c’est comme ça tout le long. Même les titres les plus brutaux, comme l’énorme ‘Homage For Satan‘, sont parsemés d’envolées plus gracieuses. D’ailleurs le long solo de ce titre rappelle énormément le travail d’un génie tel que Dave Suzuki chez Vital Remains, même genre d’arrangements mélodiques, rythmiques similaires… Coincidence ? Quand on sait les relations de collaborations étroites des musiciens de ces deux groupes, surement pas, l’influence est bien là. Encore un exemple, le surprenant ‘Walk With The Devil In Dreams You Behold‘ : basé presque entièrement sur un seul riff dévastateur, il commence sur un court solo, enchaîne sur des couplets d’une intensité rare, cassants le tempo là où on ne s’y attend pas, pour au final nous offrir cinq minutes de pur bonheur sans une seule seconde de répit et tout ça en nous proposant de subtiles mélodies qu’on aurait pas cru entendre chez Deicide d’ici longtemps vu leurs dernières productions. On est bien loin de la philosophie ‘plus c’est violent, plus c’est méchant et plus c’est bon’ de Scars Of The Crucifix‘.

D’autres titres encore, comme l’excellent ‘Crucified For The Innocence‘ par exemple, nous offrent des refrains entiers où des riffs brutaux typiques du groupe se voient accompagnés par une lead mélodique. Et à entendre les growls de Benton là-dessus, on croirait presque qu’il chante. Mais non, venons en à lui justement, Benton ne chante pas, il hurle à la mort. Et il le fait comme personne. Ses phrasés sont toujours les même, une diction rapide et hachée, des growls d’une force et d’une profondeur sans commune mesure. On pouvait reprocher à ‘Scars Of The Crucifix‘ de couvrir souvent la voix d’effets inutiles et de l’étouffer. Ici, c’est tout le contraire, la bête est libre et entends bien crier toute sa haine et sa colère. Pour ce qui est de la cible des textes de Benton, on ne change rien, c’est toujours l’église chrétienne sous toutes ses formes possibles. Comme ses prédécesseurs, ‘The Stench Of Redemption‘ est donc un manifeste purement anti-chrétien, virulent, sans pitié et sans aucune retenue.

Le onzième volet de la monumentale discographie de ce groupe est donc, j’espère que tout le monde l’aura compris, tout simplement exceptionnel. Les fans seront heureux de retrouver cette formation plus en forme que jamais et de voir qu’elle sait même se renouveler sans corrompre un style unique et sans failles qui a fait son succès. Indispensable.