Audioslave – Revelations

2006 et voici déjà le troisième album de la formation Audioslave que l’on ne présente plus ! Véritable pierre angulaire concernant le devenir de ce groupe, cet opus était très attendu aux tournants par les amateurs de la première heure. Après un premier album éponyme qui en avait laissé plus d’un perplexe mais qui avait su trouver son public, la formation décevait de manière générale avec sa suite ‘Out Of Exile‘. ‘Revelations‘ devenant du coup l’album à guetter pour savoir si nous devrions enterrer plus vite que prévu la super-formation. Si vous n’espériez plus rien d’Audioslave après leur second album, il est peut-être temps pour vous de réviser votre jugement. Un album annoncé comme un mix de Earth, Wind And Fire et de Led Zeppelin par Tom Morello himself. De quoi susciter le doute mais plutôt que de s’alarmer, on pouvait aussi accorder toute notre confiance au talentueux guitariste qui, pour la peine, ne nous déçoit pas vraiment.

Le premier morceau (‘Revelations‘) donne le ton, le groupe signe là un retour musical plus axé ‘Audioslave‘ qu »Out Of Exile‘, en gros, on envoie du rock aux relents bluesy et aux rythmiques carrées (pas étonnant venant de leur part) assuré par un chant sans faille de Cornell, en plus de l’incontournable solo de Morello, toujours aussi appréciable quand on est amateur du bonhomme. Mais ne partez pas tout de suite car la suite se révèle intéressante et même très vite car malgré tout, les musiciens ne nous ont pas menti, du funk, du groove, on va y avoir droit direct avec le titre ‘One And The Same‘ ou LA baffe de cet album, qui aurait mérité une sortie single avant n’importe quel autre morceau selon moi ! Catchy à souhait, véritable démonstration de force de la super-formation, elle donne aussi le ton annoncé plus tôt par les membres du groupe, c’est d’un groove à renverser Austin Powers lui-même que le groupe illustre ce morceau. Oui, ça fait du bien par là où ça passe.
Dans le même registre, on retiendra le titre ‘Jewel Of The Summertime‘ qui possède lui aussi cette touche de groove indéniable et appréciable, donnant un souffle nouveau à la formation. Une attitude musicale qui se retrouve aussi sur le premier single ‘Original Fire‘ qui, malheureusement, fait preuve d’un essoufflement musical plus prononcé à l’écoute malgré l’omniprésence de la basse de Tim Commerford.
Ce sont véritablement les morceaux les plus novateurs de ce nouvel opus car malheureusement, Audioslave reste Audioslave et souffre toujours des mêmes ‘carences ‘musicales sur le reste de l’album.
Enfin, quand je parle de carences, oui et non, car pour peu que l’on accepte de faire fi du passé des musiciens, on appréciera de la même manière que sur l’album éponyme des titres tels que ‘Shape Of Things To Come‘, ‘Somedays‘, ‘Wide Awake‘ qui nous livrent Audioslave tel qu’on les connaît, dans un rock plus classique mais qui peut s’avérer lassant au bout du troisième album. De la même façon, on pourra aborder ‘Sound Of A Gun‘ qui s’en sort mieux (pour moi) grâce à un rythme plus enlevé bien qu’au final, restant peu surprenant dans sa forme.
D’ailleurs, le groupe aura beau vouloir casser ce rythme enlevé, les ballades d’Audioslave ne m’ont jamais emballé et ça ne changera pas véritablement avec cet album (‘Nothing Left To Say But Goodbye‘ ou encore ‘Until We Fall‘) malgré tout, force est de reconnaître que ‘Moth‘ s’en sort déjà mieux car partagé entre riffs lourds et chant nostalgique, permettant ainsi de clore cet album de fort belle manière. Mais là où je m’incline, c’est surtout devant ‘Broken City‘, ballade funk par excellence mise en valeur par la voix envoûtante de Chris Cornell et la rythmique ultra-carrée de Morello dont le groove indéniable ne peut laisser indifférent et fait défintivement partie des morceaux les plus intéressants de cet album.

Disons-le franchement, là où ‘Out Of Exile‘ pouvait manquer de pêche et d’originalité, le groupe revient à ce qu’il sait faire de mieux, du rock aux riffs simples mais efficaces et l’agrémente par moment d’un groove indéniable, qui font de cet album une véritable surprise. Certes, vu les talents des musiciens, certains titres peuvent sembler faciles mais après tout, le groupe n’a jamais prétendu vouloir révolutionner le domaine musical et il est bon, parfois, de se laisser bercer par un album dans toute sa simplicité. Malheureusement, l’ensemble reste tiraillé entre un certain manque d’originalité inhérent depuis le premier album et cette nouvelle âme funk qui permet à Audioslave de ne pas nous lasser totalement ; une touche de groove bien pensée qui se révèle au fur et à mesure que les morceaux s’enchainent et qui aurait mérité d’être approfondie.