Madina Lake – From Them, Through Us, To You

Madina Lake est un groupe visiblement émo (suivez les coupes de cheveux) qui s’est bâti un nom à la force de la télé-réalité. Je vous rassure cependant sur ce point, ils ne sont pas un ersatz d’une quelconque émission américaine à base de télé-crochets et autres chorégraphies répétées, ‘happy faces‘ non exigées (dixit le poulpe Mia Frye) puisque c’est en remportant des infections et accessoirement les 50,000$ de l’émission Fear Factor que le groupe s’est fait connaître du public US. C’est ensuite avec leur petit magot en poche que que les deux frangins Nathan et Matthew Leone ont décidé d’étrenner leurs compositions sur de très nombreuses dates de concerts non par simple envie mais bien par vocation. Cet argent devant leur servir depuis le début à entamer une carrière musicale qui les travaillait depuis bien longtemps et qui s’est concrétisée avec la signature de la formation chez Roadrunner.

Une fois la galette mise dans le mange-disque, on tombe sur ‘Here I Stand‘, titre efficacement pop et emmené qui lorgne très clairement du côté punk rock de son producteur, à savoir Mark Trombino (Blink 182, Jimmy Eat World). Ce qui surprend agréablement dès le second titre (‘In Another Life‘), c’est l’implémentation de choeurs façon hardcore conférant ici un certain cachet et permettant de jouer d’un effet de contrebalance à la voix maîtrisée et claire du frontman Nathan. Ce mélange mélodique/cri (pouvant rappeler Blindside) se poursuit quelque peu sur le titre ‘Adalia‘ malheureusement, en termes d’agressivité, le groupe en reste un peu là, ou presque ! Car en guise de titre final (‘True Love‘), les Madina Lake lâchent tout ce qu’ils ont et qu’ils n’ont pas forcément montré sur le reste de l’album : guitares tranchantes et débridées, voix affûtées et criardes sur les couplets, refrain plus mélodieux mais non moins aiguisé, on est à la limite d’un très bon son nu-metal.
Dommage car si le groupe montre une véritable aptitude à jouer avec les genres, comme le rock plus planant de ‘House Of Cards‘ quelque peu inspiré du rock stellaire de Muse ou encore ‘River People‘ et ‘Morning Sadness‘, titres plus expérimentaux, il suffit d’entendre certaines autres compos pour se convaincre que ça manque parfois de personnalité.
Une partie de l’album a donc tendance à céder à la ‘facilité’ avec un rock plus typique et caractéristique de ce que font les américains quand ils ciblent les ondes radio et du coup, plus ennuyeux pour nous européens.
Now Or Never‘ en est un exemple parfait avec son punk rock mélodieux aux paroles qui vous feraient tomber n’amoureux du chien du voisin (pour 50EUR, vous l’embrasseriez ?), on sent donc le titre calibré pour tabasser les ondes US grand public en toute impunité. Mais j’avoue que le groupe a tendance à voguer entre titres gentiment rock (‘Here I Stand‘, ‘Pandora‘) et titres plus anodins (‘One Last Kiss‘). Une chose est cependant certaine, les influences, c’est comme le carambar, ça colle ! Et il est parfois très dur de s’en débarrasser comme sur Me Vs The World‘ sonnant -jusqu’à son titre- comme un autre de ces morceaux punk-rock californien entendu et ré-entendu.

Vous l’aurez compris si cet album ne déborde pas d’originalité, il propose son lot de bons petits titres sans prétention. Reste peut-être au groupe à s’affranchir d’influences un brin trop marquées qui font que l’album manque un peu de personnalité, la faute à des titres construits de façon trop classiques et peut-être hérités de la prod’. Ce qui ne m’empêchera pas de voter ‘3‘ pour un prochain album afin de voir comment ils auront décidé d’évoluer et s’ils prendront le risque de se lancer dans un son un peu plus personnel. Une chose est certaine, ils maîtrisent déjà le répertoire abordé et laissent entrevoir de possibilités bien plus intéressantes comme sur ‘True Love‘. Et ce, au-delà du simple texte des chansons, concept développé par le groupe avec ce premier album censé faire partie d’une trilogie évoquant Madina Lake, ville US des années 50 imaginée par les deux frangins.