Wolf Parade – At Mount Zoomer

Dire que l’album de Wolf Parade était attendu est un euphémisme tant ‘Apologies to Queen Mary‘ avait traumatisé le public, comme la baffe sur l’autre joue qu’Arcade Fire a oublié de donner. Certains ont crié au chef d’oeuvre. D’autres n’ont pas vraiment compris l’engouement, et vont très bien, merci pour eux. ‘At Mount Zoomer‘ donc, après quelques escapades solo pour les deux leaders du groupe (Handsome Furs et ‘Sunset Rubdown‘) et des annonces qui ont fait la pub de Radiohead tel « pas de single sur cet album ».

At Mount Zoomer‘ est un bon disque de pop alambiquée aussi ludique que luxuriante. Les Wolf Parade profitent, tant qu’ils le peuvent encore, de leurs deux songwriters. Il n’est pas interdit d’entendre ‘At Mount Zoomer‘ comme une longue montée vers plus de complexité. On débute pop (‘Soldier’s grin‘) pour se perdre dans le labyrinthe de ‘Call it ritual‘, probablement la meilleure chanson du disque (piano lourd et martelé, ambiance messe noire). Wolf Parade, dans ses moments simplistes, rappelle Elbow dans cette faculté de créer une pop peu évidente, longue en bouche, qui ne révèle ses secrets qu’à coup d’investigations répétées. On pense moins à Arcade Fire que sur le précédent, l’ombre du Bowie cabaret d »Aladdin Sane‘ se fait ressentir à l’occasion (les superbes ‘Bang your drum‘ et ‘The grey estates‘ et son piano enfantin) avant qu’à mi-chemin, les canadiens se lancent dans une quête d’ondes métaphysiques. La durée des chansons augmente pour des résultats en demi-teinte même si ‘California Dreamer‘ captive de par son rythme trépidant, ses guitares tous azimuts. Le disque défile mais malheureusement fatigue un peu. S’installe alors un sentiment de lassitude que la production très homogène ne dissipe pas vraiment tout au long de chansons contemplatives durant lesquels il ne se passe pas grand chose (‘Fine Young Cannibals‘) et les onze minutes finales de ‘Kissing the Beehive‘, tentative de recréer ‘Marquee Moon‘, semblent une éternité, à l’intensité, pour le coup, aussi peu prenante que le ‘Neon Bible‘ d’Arcade Fire.

Wolf Parade livre un bien honorable album qui malheureusement peine un peu à déclencher une vraie envie d’exploration. Hic, les chansons de ‘At Mount Zoomer‘ réclament une attention particulière… Wolf Parade se retrouve en quelque sorte pris à son propre jeu sur la seconde moitié du disque. Dommage car la montée en puissance et en complexité fonctionnait bien mais l’explosion finale n’a pas lieu, malgré de bien alléchants préliminaires qui font à eux seuls de ‘At Mount Zoomer‘ un album recommandable.