Jusqu’ici je me demandais si la perfection musicale existait. Et aujourd’hui je me demande si ce n’est pas dans cet album qu’elle se trouve, au fond de ses entrailles foisonnantes bourrées de poissons multicolores. Je me demande aussi si nous ne sommes pas en train d’enfoncer nos pieds dans une nouvelle ère, rythmée par une imagination débridée et une grande aisance à innover et enjamber les limites de styles. Quant au mot perfection, ne le trouverait-on pas dans le changement, le nouveau domaine où se hasardent les groupes pop d’avant garde? Si l’on réuni les deux idées, l’avenir musical serai donc parfait, si c’est réellement où l’on va, notamment avec ces furibonds d’Animal Collective?
Ce neuvième album si attendu, adulé à l’avance et pompé aux divers recoins du web par les blogueurs et chroniqueurs forcenés est un album en vérité imprévisible, où une dizaine d’écoute est nécessaire pour pouvoir en sortir quelques mots déplorables.
Les 11 longs morceaux de ‘Merriweather Post Pavillon‘ forment une jungle démesurée minutieusement pourvue de friture sonore ondulante aussi agitée qu’un phénix surexcité, et rien ne manque. Des tribulations vocales à la Panda bear (‘ My Girls ‘, ‘ Brother Sport ‘) scrupuleusement plaquées à un mur de son sucré et étendu; des zigouigoui indescriptibles et guitares/synthés bombardés d’effets (‘ Summertime Clothes ‘, ‘ In The Flowers ‘); et des boing boing boing genre Zébulon se déboulonne dans ‘ Lion In A Coma ‘. Oui, sans doute le rugissement du lion, mais à la sauce du Colletif Animal. On y trouve même des intro dans le genre Vampire Weekend, inspirées de l’afro pop, répétitives et aux beats précis (‘ Brother Sport ‘); avant de dérailler sur les incontournables et bizarroïdes bruitages fantastico-golio. Tout s’enchaîne, se déchaîne et arrache la laine (?).
Un pavillon planté au milieu d’un monde euphorisant, riche et inspiré où l’on se noie facilement, sans prendre conscience de la réalité des machines bidouillées.