Late of the Pier ✖︎ Palais des Festivals et des Congrès ✖︎ Cannes

Cannes, son Martinez, ses plages publiques bondées, ses plages privées bondées, ses Lamborghini, Mercedes estampillée McLaren, Ferrari, Bentley […] et Rolls Royce, ses kebabs à 5€ sans frites… Cannes. La définition du bling-bling, de l’affichage putassier. Mais avec une affiche aussi explosive que celle du Pantiero 2k9, difficile de faire le difficile. Avec un accred’, qui plus est. Emploi du temps de ministre oblige, ton serviteur stakhanoviste, accompagné de sa douce & tendre ainsi que de son garde du corps et néanmoins ami, n’a assisté qu’à une seule soirée, celle réunissant Late of the Pier, Kap Bambino, Stuck in the Sound et Naive New Beaters. Et aussi, manger un salade-tomates-oignons à prix enculatoire trois fois par jour pendant une moitié de semaine, merci mais non merci, surtout qu’en cas de folie soudaine pro-alimentation saine dans un restaurant chic, le banquier de ton chroniqueur bien-aimé se serait déplacé en personne sur la Côte d’Azur pour lui asséner un tacle à la glotte (et au portefeuille) bien mérité.

Bouffe de merde, soda, bières chaudes, Star Wars dans le ventre, et voilà la fine équipe dans le parc du Palais des Festivals. Naive New Beaters, trio composé d’un frontman, d’un guitariste et d’un meuble aux machines, déboule dans la foulée. Sur le papier, les mecs sont présentés comme franciliens. Mais le chanteur, aux oripeaux aussi colorés qu’un clip de MGMT, tchatche en anglais. Dans un accès d’anti-parisianisme aigu, [team]Marku[/team] lance à son bodyguard : « Pff, style il parle anglais parce qu’on est à Cannes, connard« . En fait, il s’avère que le porte-microphone est américain. Bref. Sur scène, ça bouge. Le machiniste appuie sur les boutons quand il le faut, le guitariste -tout droit sorti des 90’s version grunge- dandine sa crinière, et le frontman assure le show, plaçant quelques mots de maladroit français pour emballer la poignée de mini-Kate Moss trop connes pour comprendre la langue de Shakespeare — les autres, les anglophones (ou presque) sont déjà conquises. Leur son ? Un astucieux mélange rock-rap pour midinette, emmené par le über-hit « Live Good » (mais si, tu connais !). Le Multipass Sex Slave de VisualMusic a, au final, aimé la performance de Naive New Beaters. Serait-il une putain de midinette ?

Fatigués par cette quasi-claque, [team]Marku[/team] et ses sbires s’assoient sur la pelouse (mégatouze) de la quasi-terrasse du site pour prendre quelques minutes de repos. Bières fraiches et chères, clopes. Les tonalités nü-shoegaze de Stuck in the Sound se font entendre. La flemme de se lever, on aura le son, mais pas l’image. Le garde du corps allume une cigarette magique. Orion Bouvier, le moustachu de Kap Bambino, affalé non loin de là, « sent » le bon coup. Il se joint au petit comité afin de taper la discute, et accessoirement tirer quelques barres. Ça parle de baston lors du Elektro Freakz Show de mai dernier, de Groupgris (son side-project), de tapettes cannoises et de tournée européenne. Et ça fume. Le set de Stuck in the Sound semble monter en intensité, et pas qu’un peu. Pendant ce temps-là, le bassiste de Late of the Pier, également dans les parages, essaie de brancher la promise de [team]Marku[/team]. Normal, elle est bonne. Mais ce fils de pute d’anglais repart vite bredouille. Orion est bourré, mais il doit regagner sa loge pour se préparer. « Toyboy » retentit. Pop song parfaite. A en croire les cris appuyés, le quatuor est descendu de scène. Les représentants de VisualMusic, eux, ont un peu honte de leur passivité. Remotivation des troupes, placement stratégique pour le concert de Kap Bambino

…et le duo fout rapidement le bordel avec « Blacklist« . Encore plus violent et sale que lors de l’Elektro Freakz Show, Orion et Caroline oscillent entre énergie punk-hardcore et electro moite et caverneuse. La foule pète un plomb, le t-shirt Eurythmics du père Bouvier se trempe, et la néo-rouquine vient se frotter aux fauves sur la trop rare « Intimacy« . Un chariot traine on stage, comme dans le clip de « Red Sign« . OK. [team]Marku[/team] est transporté par le son. Même quand les amplis ne crachent rien, il bouge. Les beats simplistes transpercent l’ouïe, les basses synthétiques agressent le plexus et la frontwoman est aveuglante de présence. Trêve de descriptions, dès que Kap Bambino passe près de chez toi, cours les voir. Et pi’ c’est tout. Avant de partir, le couple laisse un peu de lui avec « Acid Eyes« , qui est parti pour raisonner toute la soirée dans pas mal de têtes.

Late of the Pier tête d’affiche, pourquoi pas. « Space and the Woods » allume la mèche et « Heartbeat » déclenche l’explosion. Les compositions sont maitrisés à merveille. Late of the Pier, apparemment expérimentés, et pourtant si imberbes. Un grand merci à leur producteur, Erol Alkan ? Très cinématographique, l’instrumentale « VW » est un pur plaisir — du son pour le peuple (attention, vanne) ? Premier bémol de la prestation : un « The Bears Are Coming » trop propre. Faut dire que ce morceau est sauvagement excitant sur CD. Et puis après, on s’emmerde un peu. La fatigue peut-être. Le poilu vauclusien s’écarte de la scène avant que les dernières notes de « Bathroom Gurgle » soient jouées.

L’after, qui se déroule dans des bars hypes avec des DJ hypes, coûte cher. Ton reporter dévoué, sa compagne et son homme de main regagnent la MarkuMobile. Bière chaude, clope, parking sordide, dodo. Ciao, Cannes. On se reverra peut-être, cela dépendra des futures affiches du Pantiero.