M ✖︎ Zénith ✖︎ Lille

Je vais être honnête avec vous, aller au concert de M à Lille me gavait pas mal au départ… N’étant pas particulièrement fan du bonhomme (j’aime bien sa musique, sans plus), j’avais pris ma place uniquement pour voir si tout le bien que j’en avais entendu était fondé. Résistant à la tentation de revendre ma place, j’y suis donc un peu allé avec les pieds de plomb…

Arrivée au Zénith de Lille à 19h35 (merci aux abrutis qui ont fermé le parking, ça aide pour se garer…). La salle est plus intimiste que d’habitude, deux tiers des gradins étant cachés par un énorme rideau noir. A la demande de M, cette configuration réduite a été choisie pour n’altérer en rien à l’intimité du concert. On affiche donc complet, avec 3.000 à 4.000 personnes dans la salle, au lieu des 6.000 habituels. Après 20 minutes d’attente, Mathieu Chédid arrive en courant sur scène, pour nous présenter la première partie, Albin de la Simone. Avec un nom pareil ça me faisait un peu peur… Et là, grosse surprise. Les 2 gars sur scène parviennent à passionner le public, malgré le côté minimaliste de la musique. Tous deux assis derrière un synthé (ou parfois debout avec une basse comme celle de Paul McCartney), ils ne paient pas de mine de prime abord, mais ils jouent à fond avec le public, répétant certains refrains avant les chansons… Finalement, la sauce prend, les textes très travaillés (parfois graves, comme « Ton Pommier » parlant d’un suicide par pendaison) impressionnent, et une chanson improvisée sur Lille fait un tabac (surtout quand le chanteur fait une comparaison avec Paris…). La dernière chanson jouée, « Avant tout, I want you« , fait l’unanimité grâce à un refrain accrocheur suivi d’un grand claquement de mains. 10 minutes après le départ des 2 musiciens, le public reprendra encore ce même refrain, c’est vous dire si la première partie a cartonné…

Le groupe s’arrête au bout de 30 minutes, et on patiente finalement peu avant que le show de M ne débute (20h47 pour être précis). Le groupe arrive au milieu d’une énorme guitare parée de 4 étoiles, par un trou en forme de cœur. Le batteur en tenue de carnaval (avec un masque) va s’installer à gauche, de même qu’un guitariste avec un chapeau de cowboy, et c’est un M en veste noire qui arrive en dernier, à coups de gros riffs sur un « Mon Ego » très électrique ! On trouve alors 3 guitaristes, plus un bassiste, et je peux vous assurer que ça déchirait bien les tympans !

Le début du show, bien que techniquement parfait (quelle voix de Mathieu, quel son pour cette salle pourrie !) est assez plat, et on n’est étonné que par quelques soli de guitare plus prodigieux les uns que les autres. Mais peu à peu, les surprises arrivent. Tout d’abord, c’est Vincent, le guitariste/bassiste, qui étonne son monde en jouant d’un gros violoncelle posé à même le sol (comme Apocalyptica), dans une longue intro classique enchanteresse. Cet instrument sera par la suite utilisé à de très nombreuses reprises, parfois avec un archet mais également avec les doigts, faisant alors office de contrebasse. Peu après, M nous dit à quel point le public de Lille déchire (« J’ai écouté 70 concerts de la dernière tournée, et quand on écoute celui de Lille, ça va 10 Db plus fort qu’ailleurs« ). Une annonce qui se fera sous un tonnerre d’applaudissements et de cris bien évidemment… Mathieu recense ensuite les fans qui étaient aux premiers concerts à Lille, à l’époque du Baptême. Quelques mains se lèvent par-ci par-là, Mathieu prétend reconnaître des têtes (lol), et il en invite une douzaine à venir danser derrière lui, sur les marches près de la grosse guitare servant de décor. Les minettes sont survoltées, et remuent leurs corps pour notre plus grand plaisir, sur un des tubes du Baptême. Ils resteront sur scène jusqu’à la fin du show, allant parfois toucher leur idole pour se rendre compte qu’ils ne rêvent pas. Le guitariste/chanteur, par ailleurs amateur du duckwalk (merci Angus…), viendra même se coller le dos contre une belle brune lors d’un solo, et cette dernière prendra alors de nombreuses poses lascives (ça sentait le sexe je vous dis !). Par la suite, le show bat son plein, et le dernier album est largement mis en avant (une bonne dizaine de morceaux qui prennent une autre dimension sur scène). Mathieu, qui adore se rouler par terre et remuer les jambes en l’air pour intensifier ses soli, réclame toutefois le silence intégral sur une chanson en duo avec Vincent, et lorsque quelqu’un crie à ce moment précis, il lance un « Y’a toujours un relou pour crier » sous les rires du public. Au fur et à mesure de l’avancement du concert, on se rend compte que M évolue dans son monde, et personne n’est étonné quand il se met à miauler au début d’une chanson, ou à danser sur des rythmes tribaux.

Après un « Gimmick » monstrueux (que d’improvisations de la part des guitaristes !), Mathieu intensifie le contact avec la foule, en demandant qui sait jouer de la guitare et chanter en même temps. Un certain Olivier est choisi, et ce petit jeune, pas impressionné pour un sou, se lance alors (avec la guitare de M !) dans une folle improvisation funky de 3 minutes, accompagné par le groupe, alors que Mathieu se trémousse sur scène et bidouille les pédales d’effet en appréciant le (sublime) spectacle. Chapeau bas à cet inconnu qui a eu son moment de gloire, sans faire une fausse note ! Par la suite, sur « Ma mélodie« , M est au piano, et lorsque doit venir le moment du solo, une petite guitare suspendue à deux filins descend du ciel, pour arriver directement dans les mains du génie Chédid ! Sur la fin du concert, l’artiste s’en donnera à cœur joie avec ce petit effet, la guitare descendant et remontant sans cesse, en fonction du rythme de la chanson… IMPRESSIONNANT à voir.

Après une heure et demie de show grandiose où tous les morceaux furent transcendés et allongés (ahhh le solo de « Qui de nous deux« , l’ambiance tribale de « Mama Sam » ou encore la semi-reprise de Jimi Hendrix…), le groupe bat en retraite, pour ensuite revenir lors d’un rappel des plus excentriques. Mathieu entame même quelques notes de « Prendre un enfant par la main« , avant de stopper le net devant la réaction frigide du public… « Psycho Bug » est ensuite complètement partie en live : le DJ et le batteur se sont en effet amusés comme des petits fous à créer des sons sur leur console tout en se dandinant, et des samples technoïdes ont rythmé plusieurs minutes durant une chorégraphie syncopée où les 4 membres du groupe se prenaient pour le mime Marceau… Les jeux de lumière stroboscopiques ont alors donné l’impression que chacun marchait au ralenti… On notera également, qu’après un interlude acoustique du fils Chédid, les musiciens sont revenus vêtus de masques de sorcières, en hommage aux Triplettes de Belleville. S’en est suivi un pur délire musical et visual de plusieurs minutes… Le batteur, qui avait déjà montré con postérieur à la foule (tel un Angus Young des grands jours), n’a pas été en reste sur l’ensemble de ces chorégraphies franchement inattendues pour un concert de rock…

Avant la dernière chanson, Mathieu entame un intermède mi blues, mi jazz, avant de tenter une énième expérience : il nous demande de nous retourner et de lever la tête vers le plafond pour faire des photos ! Et oui, un photographe se trouve tout en haut du Zénith, et il va tenter à plusieurs reprises, après des discussions avec M (sans micro !), de prendre l’intégralité du public, comme sur la pochette du « Tour de M » (ça servira pour le prochain album live). Vous pourrez donc admirer dans quelques mois votre serviteur, en T-Shirt blanc en haut à gauche de la table de mixage…

Le concert se clôt à 23.04, par un dernier cadeau de l’artiste (« Tête à Tête« , un titre quasi inconnu du public). Au final, on retiendra de ce concert les performances époustouflantes de plusieurs musiciens au sommet de leur art : chacun maîtrisait plusieurs instruments, que ce soit la slide guitar, le violoncelle, les consoles électroniques, ou encore la flûte (même M en avait une petite autour du cou… Enfin faut dire que c’est un habitué du camp musical…). J’ai en outre été stupéfait par l’aisance avec laquelle M entre en contact avec le public : cela s’est fait naturellement, et sans prétention aucune. Il parlait naturellement, comme s’il était entouré d’un petit cercle d’amis… En ce qui concerne le public, c’était tout ou rien ! Parfois chaud comme la braise, à remuer des mains comme chez Ardisson, il était à d’autres moments assez terne et statique… Mais bon, les classiques ont cartonné, et ont été repris comme il se devait à tue-tête (« Onde sensuelle« , « Qui de nous deux » mais pas de « Complexe du Cornflakes« ). Le refrain de « Je dis aime » a d’ailleurs été chanté à de nombreuses reprises (parfois a capella) à la fin de la chanson, dans ce qui constitua un moment d’anthologie (si je me souviens bien, c’est également sur ce tube que M a joué de la guitare avec les dents, tel un Hendrix flamboyant…). Idem pour « Machistador » qui me donne encore des frissons tellement le public scandait fort les « j’adore » à la toute fin du morceau. Quand je repense à ce concert, je me dis que cet artiste est parmi ce qui se fait de mieux en live, internationalement parlant. M ne se contente pas de reclaquer bêtement ses chansons, il les améliore sur scène, les transcende de toutes parts, pour établir un lien avec le public comme nul autre artiste. Se limiter à sa discographie studio serait une erreur (et je sais de quoi je parle, cf. mon scepticisme avant d’aller à ce concert). En toute simplicité, M frôle constamment avec le génie. Ne vous y trompez pas, ce genre d’artiste est d’un éclectisme rare : les genres visités sont nombreux, et le groupe excelle aussi bien dans le rock, le funk, que le blues et le jazz ! M le virtuose s’amuse vraiment sur scène, et vous invite dans son univers sans compter à la dépense. L’artiste est généreux, et c’est pour ça qu’on l’M (rohhh, elle était facile).

SETLIST (de mémoire) :
1. Mon égo
2. Monde virtuel
3. La bonne étoile
4. Peau de fleur
5. Quand je vais chez elle
6. Pickpocket
7. Mama Sam
8. A tes souhaits
9. Ma mélodie
10. Qui de nous deux ?
11. La corde sensible
12. Je me démasque
13. Gimmick (avec Olivier du public)
14. Je dis aime
15. Psyko bug

Rappel n°1 :
16. Machistador
17. Onde sensuelle
18. Les triplettes de Belleville
19. La fleur

Rappel n°2 :
20. Ton écho
21. En tête à tête