Psylaw ✖︎ Cat (Le) ✖︎ Bordeaux

Depuis la sortie de leur premier album, Psylaw n’avait pas encore eu la chance de fouler la scène afin de le présenter au public. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé ! Après un concert « tombé à l’eau » à Lacanau (la pluie torrentielle ayant stoppée net le concert en plein air dès le second groupe), puis une date à Bergerac annulée, c’est en ce samedi 15 mai relativement ensoleillé que Psylaw allait envahir le C.A.T. aidé ce soir par Sarkazein et Scorch.

Les concerts sur Bordeaux (excepté à Barbey) commençant rarement à l’heure, on décide de profiter une petite demi-heure de plus de l’air frais et non enfumé, avant de se noyer dans l’habituelle atmosphère fumeuse des salles de concerts. Manque de bol, ce soir, le concert n’avait pas trop de retard, et c’est donc en cours de route que l’on prend Scorch.

Depuis leur précédente venue à Bordeaux, il y a 2 ans (pile-poil, à 3 jours près), le line-up de Scorch a quelque peu changé ; seuls Sylvain et Julien continuent de tenir le micro et les baguettes. J’avoue ne pas avoir gardé un grand souvenir de cette précédente prestation, excepté 2/3 titres et la prestance scénique du bassiste de Eyeless qui était venu les dépanner sur cette date. Mais revenons au présent, ouvrons les yeux et tendons les oreilles.

Les compos sont quelques part entre neo, metal et hardcore. Au milieu de riffs simplistes mais terriblement efficaces viennent se greffer des parties très techniques qui obligent Baptiste, l’actuel guitariste à faire des prouesses de ses doigts. La basse tenue par Laurent n’est pas en reste et ses 6 cordes (! ! !) seront toutes caressées sans exception. Une des choses qui choquent scéniquement c’est les univers totalement opposés dans lesquels se trouvent Baptiste et Laurent. D’un coté on a un gratteux déjanté avec un regard de psychopathe, chauve, arborant un bouc digne de Shavo de System of a Down, et incontrôlable (au point d’avoir évité de justesse d’éborgner Sylvain à 2 reprises). Et de l’autre coté, on a un bassiste, tout de blanc vêtu, longs cheveux propres et attachés, qui préfère se concentrer à 100% sur sa mélodie. Il y aura quand même eu 2/3 passages sur lesquels il sera sorti de son sommeil pour jumper avec le reste du groupe. Parlons un peu du chant de Sylvain qui est roque sans pour autant être guttural. Les parties « chant » à proprement dire sont parfaitement maîtrisées et certaines lignes de chant (sur « Pictures » par exemple ) sont particulièrement osées. On garde le meilleur pour la fin ; Julien et sa batterie. Percus tribales, ambiance funky, breaks terriblement efficaces ou riffs jumpant à souhait, ce gars sait tout faire. Une très bonne prestation, malgré la froideur du public qui a gentiment respecté les 3 mètres de sécurité, qui n’étaient pourtant pas imposés…

10 minutes à peine s’écoulent et Sarkazein prend possession de la scène. Le groupe n’a pas commencé à jouer que d’un coup, l’atmosphère se réchauffe et tout le public se colle à la scène. Il faut dire qu’avant même que leur maxi sorte, Sarkazein avait énormément fait parler d’eux ! En effet, aligner dans son line-up J.C. (ex Noxious-Enjoyment, actuel Blonk), Maya (ex Call as you Wish, actuel Noxious Enjoyment), et surtout Djag (ex Black Bomb A) et Daniel (actuel Lofofora, qui n’est plus dans le groupe, mais qui a composé le maxi), donne envie d’y jeter une oreille, et même les 2 !

Dès le premier titre, on en prend plein la tronche ! « Sarkazein ! Mors la chair ! » , comme ils aiment à le dire, c’est massif, brutal, et metal. La carrure d’un des gratteux et du batteur imposent d’elles même une musique lourde et rentre dedans… Disons qu’ils ont un physique de « Lui, faut pas l‘faire ch*er« , et on le respecte… Les titres s’enchaînent, et une fois le troisième titre terminé, Djag quitte la scène… Etrange… Ok, Djag est le dernier arrivé et certaines compos étaient là avant lui, mais restructurer les parties chants ou les partager entre les 2 chanteurs auraient peut-être été moins choquant. J.C. a un chant particulier : nasillard sans être aigu, ligne de chant (un peu trop) osée, une chose est sur, c’est que ce chant ne laisse pas indiffèrent. On aime ou on aime pas. 2 titres sont joués, et un fait encore plus étrange se produit : Djag remonte sur scène (ça, ok), mais J.C. la quitte ! Autant on peut comprendre quand Djag ne chante pas (surtout que son intégration au groupe est relativement récente), autant voir J.C. descendre de scène me laisse dans l’incompréhension. Il est vrai que les lignes de chant de Djag sont mieux pensées et qu’il a une prestance scénique indéniable, mais de là à se retrouver seul au chant sur 3 titres… Certes cette alternance de chant (double chant, premier chanteur seul, second chanteur seul, puis re-double chant) apporte son lot d’originalité, mais personnellement, ça m’a plus perturber qu’autre chose. Quand enfin les 2 chanteurs se retrouvent ensemble sur scène, on a le droit au classique « L’ Exil » suivi en rappel d’un « J’t’aime pas« , scandé en cœur par ce duo complété par le bassiste qui s’époumone avant que le groupe ne quitte la scène, chauffée à bloc pour Psylaw.

Là encore, le changement de scène ne sera pas bien long, et c’est à peine 10 minutes plus tard qu’on est plongé dans le noir, une musique typée russe en fond sonore. Une fois cette intro passée, les lumières s’allument et les premières notes de « Shrouded in Mist » se font entendre. Cette fois-ci, Psylaw a mis de coté les trips habituels (Kilt écossais, béret et veston campagnards, chevelure rasée au milieu tel Keith Flint de Prodigy ou alors rasée sur un seul coté avec la moitié du visage peint…) et a décidé d’en mettre plein la vue uniquement avec leur musique et leur prestance scénique. Ce sera Seb de Dham qui amènera cette mise en scène spéciale, en montant sur scène avec une guitare en carton très bien réalisée, mais qui malheureusement n’aura qu’une durée de vie limitée à une dizaine de secondes… Sa présence sur scène ne se limite pas à cette anecdote, puisque tout comme sur l’album, il posera son extraordinaire voix sur la fin du titre. Le groupe se donne véritablement à fond et leur identité scénique se fait de plus en plus flagrante au fur et à mesure des dates. Alors que Sylvain crache ses tripes jusqu’à la limite du vomissement, Romain est définitivement dans un autre monde en faisant des délires que lui seul comprend vraiment. Il n’oublie pas pour autant de faire vibrer ses cordes vocales grosses comme des asperges pour former un crossover impeccable. Mathieu et Alex lancent leur riffs implacables pendant que Mathieu (pas le même, un autre), toujours aussi invisible sous son imposante chevelure martyrise sa 5 cordes. Jean quant à lui, frappe tellement fort sur sa batterie qu’il sera obligé de quitté la scène entre 2 chansons pour une pause toilette indispensable ! Tout l’album sera joué, de la très courte « Raw(k) and Raw(L) » à la très imposante « Sculptures » qui amènera Sylvain jusqu’au plus loin de lui-même. Djag de Sarkazein malgré sa présence dans la salle, n’a pas rejoint le groupe sur scène pendant « WHVN » malgré sa présence sur l’album. Bizarre… Du maxi, Psylaw n’aura gardé dans leur répertoire que « Soft« , qui sur sa première partie permet à tout le monde, dans la salle comme sur scène, de souffler un peu. Au bout de 3 gros quarts d’heure, Psylaw quitte la scène, mais ni eux, ni nous n’avons envie que ça se termine aussi vite ! C’est donc avec « Thumper » des Raging Speedhorn que Psylaw remontera sur scène, et rejouera quelques titres une seconde fois. Et c’est évidemment sur un « WHVN« , avec Djag cette fois-ci que se clôturera la soirée.

Bien que peu nombreuse, la fosse a su mettre un sacré feu ! Mais cela n’aurait pas été possible sans une prestation impeccable des 3 groupes qui se sont donnés à fond du début à la fin. Ne manquez pas la tournée à la rentrée réunissant Psylaw et Sarkazein : vous en aurez pour votre argent ! Mais prévoyez une bouteille de Synthol dans votre budget au cas où…