IDLES ✖︎ Joy As An Act Of Resistance

Sensation rock de l’année dernière avec Brutalism, IDLES a mis tout le monde d’accord à force de concerts en salles et en festivals. Un cas à part dans un secteur blindé et jeune pour des trentenaires ayant mis du temps à se trouver mais qui n’ont maintenant plus besoin de chercher pour bénéficier d’une couverture médiatique. A tel point que les Inrocks les claquent en couv en annonçant le retour du rock, rien que ça… Joe, Lee et les autres battent le fer tant qu’il est chaud boubou et nous amènent Joy As An Act of Resistance le 31 août. Un coup de pied au cul idéal pour attaquer la rentrée, mais pas que.

No bullshit.

La sincérité, l’énergie féroce, la simplicité des Idles font indéniablement parties intégrantes de leur succès et ce deuxième disque va dans cette même direction. En interview, Joe Talbot nous avait affirmé l’an dernier que le groupe avait trouvé sa voix et on a affaire ici au syndrome du plus loin, plus fort. Il nous avait dit penser à une trilogie d’albums et la suite était quasi prête en même temps que le précédent. ‘’Colossus’’ a débuté le jeu des singles depuis des mois et le choc est encore vif : entre sa montée crescendo et son phrasé lent, c’est un véritable mur de son qui s’abat dès l’intro et place la barre très haute en termes d’intensité et de justesse. Plus que l’ouverture de l’album, c’est une déclaration d’intention et un résumé de leurs capacités : faire monter la pression en quelques minutes pour nous emmener avec eux dans une furie qu’on n’avait pas vu venir. Pour mieux tout décontenancer dans un éclat de rire sur le dernier couplet, Idles prouve qu’il est maître du temps et de cérémonie et qu’ils sont loin d’être condamnés à pondre des hymnes punks en 2 minutes.

Le son est lourd avec un coffre insoupçonné sur Brutalism et les paroles portent des thèmes encore très fun comme la crise des migrants sur ‘’Danny Nedelko’’, le décès de la fille du chanteur sur la difficilement supportable ‘’June’’ ou la place de l’Homme avec ‘’Samaritans’’. La position dominante des hommes dans la société et ses conséquences sont abordées, tout comme le poids d’une éducation parentale avec un père comme figure d’autorité et de sévérité sans faille possible.

L’immédiate ‘’Great’’ nous refait l’air de rien le coup du tube, là où  »Rottweiler » tacle avec violence les 2 pieds levés la presse britannique. Un titre connu de ceux qui les ont vus au concert puisqu’il termine les shows depuis janvier 2017. Comme sur Brutalism, Idles ménage la poire et le chou en enchaînant les défouloirs à la gravité assumée et habitée. Si le groupe se plie parfois aux clichés du genre avec des refrains un peu relous et rigolards, quitte à plomber la dernière partie de la géniale ‘’Colossus’’ : c’est sûrement pour y ajouter un poil de légèreté et lâcher la bride devant autant de sérieux.

Heureux : E.R.E.

En utilisant la colère et l’indignation comme moyens pour être heureux et dépasser leurs addictions et emmerdes, ils montrent à toute une scène que le rock n’est pas obligé de seulement compter sur les excès pour percer. Pendant leur conquête des scènes, le groupe n’a pas renié sa quête et prend sa place pour aller encore plus loin dans sa démarche d’authenticité. En étant à la fois extrêmement honnête, conscient, agité. En se mettant à poil, en crachant ses tripes, en abusant d’humour, d’émotions, de finesse, Idles réussit à peu près tout ce qu’il entreprend en prenant des risques casse gueule. Pour tout ça, on a envie de les remercier, leur faire un check, leur payer une bière et pogoter sur leurs sons. Une humanité, une personnalité unique qui transparaît aussi incarné par l’incroyable Joe Talbot d’une générosité rare, qui en fait une autre sorte de rockstar. Alors non, le rock n’est pas de retour grâce à eux. Il faut même être sacrément sourd, con, voire les deux pour affirmer ça. Mais dire qu’il est engagé, viscéral et différent avec eux est une réalité.

Comme on les adore depuis Brutalism, vous retrouverez nos articles sur leurs concerts à Paris et à Lille , à Rock en Seine 2018 mais aussi notre chronique de Brutalism et l’interview de Joe.