Foals – Total Life Forever

La musique est une drogue, vitale, dans les bons moments comme dans les mauvais. On la consomme sans restriction, elle est d’autant plus souvent gratuite et il n’est pas nécessaire de chercher longtemps un dealer de nouveaux sons. Inconsciemment on la dévalue, l’offre est trop importante, nos disques durs sont saturés et les dates de sorties deviennent symboliques ‘grâce’ à la magie d’Internet. Mais ce nouveau Foals est décidément ce que j’attends le plus depuis que sa conception a été annoncée. Après un premier album d’indie – mathcore limite punk assez difficile d’accès – mais incroyable cet obstacle passé -, des lives intenses et un groupe qui se veut intéressant à ce qu’on peut en lire, Total Life Forever m’obsède, je ne pense plus qu’à sa sortie. La tentation du leak (ndlr téléchargement illégal avant sa sortie) ne me traverse même pas l’esprit, impossible de gâcher une telle attente de cette façon.

Après avoir finalement osé l’insérer dans mon lecteur les guitares de ‘Blue Blood‘ ouvrent l’album tout en finesse, prenant bien soin de le laisser monter. Ces guitares très mathématiques qui font Foals ne sont heureusement pas délaissées, les notes s’enchainent, s’emmêlent mais n’agressent jamais. Le son est très doux et semble bien plus complet que sur Antidotes, ils perdent toute une face punk pour curieusement gagner en puissance et prendre des aspects de formations opposées telles que Wolf Parade et Bon Iver, un son exhaustif et néanmoins réservé.

Le schéma suivi est souvent le même, les chansons prennent leur temps avant d’arriver à l’essentiel. Aucun ‘Cassius‘ donc, mais de bonnes surprises comme ‘Miami‘ et ‘Black Gold‘, faciles d’approche avec ce nouveau visage planant des anglais. ‘Spanish Sahara‘ reste sans surprise la première claque de l’album, on a beau déjà bien la connaitre de par son clip mis à disposition, on ne s’y attend pas. C’est dans un silence total qu’elle débute et laisse timidement place à la voix de Yannis, bien plus travaillée, restant braillarde mais qu’il a appris à adoucir et contrôler. La durée des chansons laisse une réelle marge de manoeuvre au groupe, le Sahara espagnol met plus de 3 minutes à se retenir avant l’explosion des derniers instants.

This Orient‘ fait partie des chansons les plus conventionnelles de l’album, plus rentre dedans tout en gardant une certaine retenue. Ce n’est pas la folie d’un ‘Hummer‘ mais cela reste une chanson majeure de cet enregistrement, avec ses guitares toujours aussi carrées et son refrain repris par le groupe et laissant place à plus de synthés. Les quatre chansons qui suivent (sans compter la mini-interlude piano de ‘Fugue‘) sont dans la veine du commencement, l’ambiance est quasiment lounge. On regrette de ne pas avoir un final plus volcanique, ‘What Remains‘ s’arrêtant brusquement après ces 50 minutes, comme un atterrissage d’urgence après un vol pacifique.

Total Life Forever fascine, c’est loin de ce qu’un amateur des débuts de la bande d’Oxford aurait souhaité ou imaginé mais cela correspond pourtant exactement à ce que je souhaite écouter. L’évolution est nette, et pour avoir déjà gouté en live à quelques nouvelles chansons, ils ne perdent rien de leur pouvoir de faire danser. Un indispensable, qui ne s’écoute pas comme une successions de chansons mais bien comme une sorte d’expérience musicale. C’est le même groupe qui joue quelque chose de bien différent, cela plaira probablement moins à ceux qui les ont découverts dans Skins, mais est-ce un mal ?

Merci pour le voyage, et vivement les prochaines escales françaises.