Sna-Fu – Mighty Galvanizer

Yeah, they’re back. C’est qu’ils nous ont presque fait peur, les Sna-Fu. L’année dernière, nous les avions laissé en plein enregistrement studio, finalisant un second album qui s’annonçait assourdissant. Et puis, plus rien, ou presque. Et pour cause, les jeunes gens s’est retrouvé à poil du jour au lendemain: le label qui les abandonne, le manager qui se barre, la sortie d’album repoussée sine die. Mais on ne se débarrasse pas du Grand Désordre Orchestre aussi facilement. Aidés par quelques activistes dont les agités de Jerkov (Psykup, Sidilarsen, MOPA), voilà les parisiens remis en selle et prêts à en découdre, muni de leur ‘Mighty Galvanizer‘.

Sna-Fu a gardé les fondamentaux qui avaient permis à ‘Tonnerre Binaire‘ de marquer les esprits, à savoir la puissance du hardcore et la fureur du rock’n roll. Quiconque pose les oreilles sur Numbers, Firefriend ou Leaf se voit emporté par tourbillon sonore, malmené par des guitares incontrôlables et des riffs sauvages. Line breaker se révèle d’ailleurs particulièrement musclé, et envoie des break monstrueux qui envoient directement à l’asile. Pas de soucis, c’est toujours avec un plaisir non dissimulé qu’on se fait ratatiner la gueule par Sna-Fu.

Pourtant, Mighty Galvanizer n’est pas qu’une succession de tartes dans la face. Le quintette a voulu calmer le jeu en proposant des morceaux plus longs et plus nuancés. On le sent dès The gun qui introduit l’album en proposant une ambiance à la Ennio Morricone. Les parisiens n’avaient que de légères touches post rock sur leur 1er effort, ils ont bien plus assumé leurs penchants cette fois-ci: Bang Bang ne peut renier ses origines Nordiques ; le final en crescendo de Polarwind étonne par sa retenue, tandis que Mangekyou no taiyou, interprété en japonais (envie d’Envy ?) propose des passages éthérés, des rythmes chaloupés. Difficile de ne pas mentionner les accents manouches présents ça et là… Voilà qui tranche radicalement avec les riffs brutaux et les cris du son qui ont fait l’identité du groupe. Mention spéciale à Dreamorama, grand huit ébouriffant, menant du rockabilly à la Elvis au trip hop Portisheadien en passant par le post hardcore chaotique. Malheureusement, certains passages tirent en longueur et peinent à convaincre (l’outro The sword, l’inutile interlude Stream)

Même s’il est légèrement moins tubesque et moins concis que son prédécesseur, Mighty Galvanizer est un sacré album. Il bénéficie d’un son irréprochable, d’une pochette originale et se révèle ambitieux et très travaillé. Sna-Fu manie judicieusement le fouet et la caresse : il ne lui manque pas grand chose pour nous faire irrémédiablement succomber.