KoRn – Korn III – Remember Who You Are

Il m’aura bien fallu quelque mois pour me sortir le stylo du cul et envisager objectivement et sans [s]couteau sous la gorge[/s] pression les nouvelles pérégrinations de KoRn à travers une chronique jamais réclamée dans nos colonnes A croire qu’en 2010, le baggy ne fait plus recette et que la fameuse 7 cordes du jésuite, c’était bien pour épater les touristes à Paul Beuscher. Heureusement et pour ma défense, il aura fallu également un temps certain (trois ans exactement) à Korn pour envisager une suite audible d’un « Untitled » tenant davantage des Restos du Coeur que de la cour des miracles. Un énième retour aux sources que n’avait pas oublié de me vendre le livret promotionnel promettant « un nouveau chapitre majeur dans l’histoire déjà impressionnante » du groupe ». Et l’on a envie de dire que l’on doit se trouver à la fin du bouquin tant l’aura et les heures de gloires de la formation Américaine semblent (dé)passés.

« Korn III – Remember Who You Are » n’est pas en soi un mauvais album juste une redite médiocre et mal cadencée des premiers succès de la formation. Quand l’époque et le contexte musical s’y prêtaient, lorsque Davis et son crew avaient de l’énergie à revendre et de l’argent à gagner. Car même si ce nouvel opus comporte des titres qui peuvent encore agiter les colloques d’anciens vétérans et les rescapés de la mouvance néo-métal, il n’en demeure pas moins que ce neuvième album est de l’ordre de l’insipide voir de l’anecdote dans la discographie de la formation. A l’instar de « Are You Ready To Live » ou « Let The Guilt Go », Korn rabaissent les manches et regarde dans son rétroviseur pour piocher ça et là quelques plans bien limés de son éponyme, voir de « Follow The Leader ». Un grand sac vidé le jour de l’enregistrement pour endiguer une période peu prolixe de composition depuis « Untouchables ». Soit les bons ingrédients de mis sur la table avec comme seule contrainte : la date de péremption sous peine d’indigestion. Et c’est donc sans surprise que les lignes de guitares et les refrains font un peu tâche dans une « pseudo » ode à la résurrection

« Oildale (Leave Me Alone) » et « Fear is a place to Live » arrivent malgré tout à faire chavirer les coeurs avec des rythmiques carrées et fortes en bouche. Intéressantes même dans leur construction, à l’image de chansons remettant au goût du jour la noirceur caractéristique du combo et les penchants un poil troubles de Jon Davis. Certes, on ne croule pas sous les émotions et une force de frappe pluridisciplinaire (Big-Up David Silveria), mais force est de constater que quelques morceaux parviennent à émerger malgré le côté pesant de l’album. Lourd de sens puisque exploitant les territoires boueux maints fois empruntés du combo et par la nature même de son agencement en 4-4-2 conventionnel, basé vers une défense timide et lisse.

KoRn nous refait le coup de l’album bien peu intéressant, cinq années après des délires narcotiques et le brassage de ses rangs. Sauf que cette fois-ci, on ne pourra plus accuser la ménagerie campée derrière ses masques de papier mâché. Non, le groupe n’a pas (encore diront les plus optimismes) trouvé le vrai tremplin après une carrière presque sans fausses notes. Elle se contente d’empiler çà et là quelques principes de composition tout en restant confinée dans « son » style mordant mais plus forcément aussi attendu qu’autrefois.