Psycho Industry – Psycho Industry

Après avoir quitté le groupe Autonomes en 1996, Marc Dumont a décidé de prendre sa carrière en main, sans s’entourer de quelque musicien. ‘Crushing The Individual‘, sorti en 1999, montrait déjà toute la diversité de Psycho Industry : entre métal, indus et techno, Marc explorait, et nous invitait dans son univers étrange, saturé de folie et de souffrance. Toutefois, la production étant décevante, l’album ne fonctionna pas aussi bien que prévu. Le Savoyard se remit donc en question, réinvestit dans du bon matériel studio, pour finalement déboucher sur un album éponyme fin 2003. ‘Psycho Industry‘ atterrit donc aujourd’hui entre nos mains, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce CD est loin de nous laisser de marbre, tant il déborde d’inventivité…

Le CD commence par un cri suivi d’une rythmique déchaînée (‘Born To Hate‘). Dès les premiers titres, on se retrouve plongés dans une ambiance très industrielle à la Static-X, avec une guitare glaciale et mécanique (‘Killing The Skies‘, ‘The Red Sun‘). Marc, dont l’éclectisme n’est plus à prouver, ne se limite pourtant pas au seul indus métal comme le début de l’album aurait pu le laisser présager. Des expérimentations électroniques diverses et variées donnent en effet une réelle originalité aux morceaux. ‘Her Eyes‘ débute ainsi sur un air oriental, avant qu’un beat technoïde très intense ne vienne mettre le feu au morceau. Excellent ! Parfois, l’ambiance se fait au contraire minimaliste, comme cette longue intro de guitare rythmée par un battement de coeur, digne du grand Ennio Morricone (‘March of the Sons‘). Même chose sur l’acoustique ‘The Angel‘, ou sur ‘Je Suis‘, un morceau divisé en 3 épisodes où Marc le poète passe aisément du murmure angoissant au cri punkisant, en passant par une diatribe très engagée.

Comme vous pouvez vous en douter, la guitare est largement mise en avant sur cet album principalement indus. Les riffs sont pour la plupart très efficaces et bien pensés, malgré leur froideur (ex : les instrumentaux ‘PsychoBrasil‘ et ‘Maëlstronic‘). La voix de Marc Dumont est souvent glauque, dans une tonalité rappelant Rammstein, conférant ainsi à l’album une touche des plus pesantes… Sur les 16 titres qui composent cet album, 9 sont en anglais, 5 en français, le reste étant instrumental. On appréciera d’ailleurs la qualité globale des textes, d’une richesse rare pour du métal… Marc n’hésite ainsi pas à aborder des sujets très graves, comme lorsqu’il dénonce la pédophilie en se mettant dans la peau d’un enfant (‘La Chanson des Enfants Hurlants‘ et sa suite, ‘La Vengeance des Enfants‘). Toute la rage du musicien passe alors dans sa voix, et autant vous dire tout de suite que ces paroles pourront en choquer certains tant elles sont explicites… Marc le brameur sait également se faire plus discret, comme lorsqu’il se met à susurrer ses textes dans une ambiance très flippante à la Nine Inch Nails (‘All Prisoners Free‘). Bref, chaque morceau possède sa propre identité, avec généralement une atmosphère très étudiée.

Ce deuxième album éponyme est finalement une réussite, qui ne se contente pas de faire du Ministry à la française. Malgré quelques longueurs (l’album dure 63 minutes), il va encore plus loin que ‘Crushing The Individual‘, et bénéficie surtout d’une meilleure production. Avec cette autoproduction (distribuée par Adipocere), Marc Dumont nous fait entrer sans son univers très personnel en nous proposant une musique dense, expérimentale, et surtout intelligente. Plus riche et plus intense que son prédécesseur, ‘Psycho Industry‘ est un album très atypique qui démontre que l’indus français est en pleine forme ! Et dire que c’est l’oeuvre d’un seul homme…