Malleus Maleficarum – Des Bibles, Des Hymnes, Des Icônes…

Pour beaucoup, le black a connu son apogée il y a déjà de cela quelques décennies et n’est plus qu’un obscur souvenir auquel la fin d’Immortal encore tout récemment aurait pu porter le coup de grâce… Il est peut-être vrai que ce style fait moins d’adeptes qu’auparavant, mais une communauté d’irréductibles, férus d’incantations démoniaques et de sombres rituels maléfiques, existe toujours. Parmi ceux-là, il y a les Français de Malleus Maleficarum, formé à la suite du split d’Autopsy, qui depuis 7 ans déjà et 3 albums nous livrent un black métal nihiliste et brutal au possible. Et avec leur maquillage à la Kiss qui en ferait sourire certains, ils sont fiers de clamer haut et fort que non, Black’s not dead !

Mais attention, si leur apparence pourrait les faire passer pour des clones de Cradle Of Filth ou de Dimmu Borgir, c’est bien plutôt du côté de groupes à la violence musicale extrême comme Emperor ou Old Man’s Child que plongent les racines de leur troisième album, ‘Des Bibles, Des Hymnes, Des Icônes…‘. Mais ce qui les démarque de la masse réside plus dans leurs idées et leurs opinions (car oui, ils en ont) que dans leur musique. En effet, s’il se définissent eux-mêmes comme un groupe nihiliste, ce n’est pas pour rien. Ils renient leur appartenance au black métal et dénigrent toutes notions de dieux tout en multipliant les références religieuses : certains se souviennent peut-être de l’église en feu sur la couverture de leur premier album, ou encore de leurs plus récents parus à 999 exemplaires. L’incitation à l’abus de substances illicites ou à la pratique régulière du suicide font également partie de leur message à la jeunesse française. S’ils aiment défier les tabous, c’est donc par pure provocation. C’est du joli ! Bon, c’est sur, du coup on a du mal à les prendre au sérieux mais tant pis.

Musicalement maintenant, ça reste beaucoup plus classique : le son de la guitare s’apparente plus à ce bourdonnement de guêpe ininterrompu que les amis du black fait maison connaissent qu’à autre chose mais si la double pédale veut bien se calmer quelques secondes on peut distinguer subrepticement quelques belles mélodies comme sur le très obscène La Chambre Des Souillures ou encore Ignorance Enivrante. Un petit interlude d’une beauté réellement surprenante avec ce duo guitare/basse à la mélodie digne de Metallica viendra calmer le jeu à mi-parcours pour éviter l’overdose avant de reprendre sur Agonie incontestablement le titre le plus réussi de l’album qui interpelle avec un cri de souffrance d’une violence rare après une longue intro instrumentale. Une petite précision sur les voix s’impose puisque ceux qui ont connu Mastema au chant ne le retrouveront plus ici puisque c’est maintenant Tamas et Ahriman (respectivement guitariste et bassiste) qui assurent ce côté là pour comme ils le disent eux-même rester le plus fidèle possible à l’esprit du groupe et du line-up d’origine. Et il faut dire qu’il se débrouillent plutôt bien gueulant la plupart du temps un à la fois (heureusement vu la qualité du son qui sature déjà pas mal) dans un registre tout de même très différent de celui de Mastema : si ce dernier descendait souvent dans des grognements à la Dying Fetus les petits nouveaux élaborent des sons beaucoup plus écorchés dans des aigus torturant leurs cordes vocales.

Malleus Maleficarum a donc beaucoup évolué par rapport à ses précédents album devenant à la fois plus mélodique et plus sensible perdant ce côté froid en diversifiant un peu ses rythmiques mais aussi beaucoup plus malsain et dérangeant légitimant ainsi avec ce nouveau son ses messages plus nihilistes que jamais. Le temps nous dira donc si cette forme de trio tiendra le coup ou si c’est juste une phase de transition à défaut d’autre chose. En tout cas il semble bien qu’ils soient encore bien en forme et le black n’est pas prêt de s’éteindre tant qu’il comptera dans ses rangs des ambassadeurs comme ceux-là.