As I Lay Dying – Shadows Are Security

As I Lay Dying est un de ces groupes à facettes multiples et leur troisième album, ‘Shadows Are Security‘ aurait très bien pu être sous-titré ‘pétages de plombs d’un guitariste désespérément à la recherche de thunes’. Bon, j’exagère peut-être un peu…Enfin guitariste il ne l’est plus, puisque c’est de Tim Lambesis dont on parle, actuel chanteur de cette jeune formation formation de métalcore nord-américaine. Oui, encore une. D’ailleurs il n’en a pas toujours été ainsi, comme l’affirme le leader du groupe lui-même puisqu’à l’origine As I Lay Dying faisait plus office de groupe hommage à At The Gates et à toute la scène suédoise de cette grande époque que de copie de Killswitch Engage. Au tout début, c’est-à-dire sur Beneath The Encasing Of Ashes, il y avait de gros riffs, du blast, on ne se posait pas trop de questions existentielles inutiles et c’était peut-être mieux ainsi. Alors entendre Lambesis dire à propos de ce nouvel album ‘It’s really about love, and learning how to love all over again…’, ça peut laisser perplexe. Le coup de grâce, c’est d’apprendre qu’on trouve sur un titre en featuring le chanteur de Zao, cette formation de metal chrétien au message plus que discutable, mais néanmoins plutôt en vogue en ce moment chez les kids qui sont à la recherche de la foi et du saint sauveur.

Head ne serait donc plus le seul à avoir trouvé sa voie en Dieu ? Non, Lambesis n’en est pas encore arrivé à se tatouer des versets dans ses endroits les plus intimes (enfin on sait jamais…), mais ce qui est sûr c’est qu’il n’est plus qui il était aux débuts de la formation. Le pire reste qu’il avoue lui-même avoir totalement conscience du fait que le metalcore est plus que prisé par les labels ces derniers temps et qu’il ne reviendrait pour rien au monde au bon trash à influences scandinave qu’il pratiquait il y a encore quelques petites années. Alors après cette petite mise au point sur l’éthique musicale du monsieur, venons-en à cette galette que le sus-nommé individu qualifie lui-même, et sans prétention aucune, de ‘classique intemporel du metal’. On est pas loin d’une attitude à la Chris Barnes, sauf que lui, vu sa carrière, il peut se la péter un peu quand même sans qu’on le lui reproche trop.

Meaning In Tragedy‘ ouvre l’album avec une intro bricolée à partir de repompages divers, allant chercher une lead ultra-claire et mélodique chez Avenged Sevenfold, une rythmique plus hardcore chez Lamb Of God, bref rien de nouveau. Si ! Le chant ! Car il faut bien lui accorder un bon point en contre-partie de toutes les critiques légitimes qu’on peut lui faire à ce pauvre Tim : il hurle à merveille. Son timbre très particulier, sobre car agrémenté de très peu d’effets et surtout incroyablement enragé fait des miracles : la patate qu’il donne, ponctuant par des growls impressionnants des riffs hachés, à l’intro de ‘Confined‘, est tout simplement ahurissante. La production de qualité ne fait que renforcer cette impression que le jeune homme vous hurle droit dans vos fragiles petites oreilles, laissant transparaître son phrasé exemplaire, entre onomatopées gutturales, consonnes percutantes et voyelles étirées à l’infini dans des envolées épiques.

Bon maintenant pour tout ce qui est du reste, c’est franchement pas original pour un sous, même si on peut très nettement séparer l’album en deux. D’un côté les cinq premiers titres, très bien représentés par les deux singles en puissance que sont ‘Confined‘ avec son refrain fade, mélodique, très néo en voix claire et ‘The Darkest Nights‘ qui réchauffe la lead de ‘Trigger‘ d’In Flames et l’agrémente de mid-tempos mélodiques qui, comme tout le reste sonnerait extrêmement plats si les cris de Tim n’étaient pas là pour sauver l’affaire. Les six derniers titres de l’album sont quand à eux nettement plus intéressants car beaucoup plus axés sur la brutalité sans détours. Ça commence d’ailleurs avec l’excellent ‘Reflection‘ qui déboule avec sa rythmique trash, un riff plus fluide et tranchant et une structure générale qui donne enfin de quoi remuer sa tête de manière frénétique. ‘Illusions‘ clôture le tout avec quelques arythmies déroutantes et un son qui bascule subitement vers la froideur d’un Meshuggah avec toutes les dissonances et effets étranges que ça implique.

Shadows Are Security‘ est donc, si on met de côté l’attitude pas très intègre de Tim Lambesis, un album pas si mauvais que ça. En fait, il est réellement divisé en deux parties distinctes : vingt premières minutes de metalcore plat mélé à du In Flames réchauffé période ‘Reroute To Remain‘, les arrangements qui en font la richesse en moins, et les vingt dernières minutes de trash bien plus brutal teinté de hardcore entre Nightrage (‘Through Struggle‘) ou même Dimension Zero (‘The Truth Of My Perception‘). En tous les cas, cet album reste facile à écouter pour ceux qui cherchent du metalcore efficace sans trop de profondeur, mais demeure bien trop superficiel pour ceux qui recherchent un minimum de subtilité et de nouveauté.