Munshy – Munshy

Enfin, Munshy sort son premier album. Il faut dire que durant ces 6 dernières années, les 5 franciliens n’ont pas chômé avec plus de 100 concerts, des tournées dans toutes l’Europe, avec en prime un tremplin Emergenza remporté avec brio. Le groupe a une solide réputation en live, voyons si cette bonne impression est aussi retranscrite dans l’épreuve de l’enregistrement studio.

Les membres de Munshy évoluent dans une atmosphère musicale qui leur est propre, fruit d’influences diverses, alliant groove, électro, métal… On y est confronté dès le 1er titre, Satisfied, alliant une rythmique syncopée, une basse groovy donnant une ambiance trip hop, entrecoupée de subites et brèves montées en pression où la voix délicate et fluette de Faustine se mue brusquement en vociférations démentes, posant une ambiance inquiétante, sombre, limite oppressante. Clairement, Munshy ne fait pas dans le festif.

La prestation de Faustine au chant est tout simplement bluffante. L’alternance de chant et de gueulantes, ça on connaît, avec Candice de Eths par exemple. Là on joue dans une autre catégorie. Faustine interprète (et je pèse mes mots) ses chansons, comme déroulant le fil d’une histoire, lorsqu’elle déclame ses textes façon slam, quand elle mélange le chant clair et les murmures, quand elle hurle sa colère et sa frustration. C’est particulièrement marquant sur certains titres, de prime abord calmes, mais qui permettent à Faustine de s’exprimer pleinement (Satisfied, Liberate, So Tired).

Cependant, le groupe ne repose pas uniquement sur le talent de Faustine, loin de la. Comme je l’ai dit auparavant, la rythmique est très influencé par le trip hop et le groove, judicieusement couplées à des boucles discrètes. Les guitares également ne font pas dans le grandiloquent, les riffs font tantôt penser à de la world music (On My Shoulder), tantôt à du jazz (Liberate II). Même si certaines chansons sont jouées sur un mode énervé (Rotten, Not Otherwise), Munshy joue tout en retenue pour mieux exploser dans les moments intenses. Pour les passages les plus brutaux, pas de doubles pédales ou de murs de son ; tout se fait dans le décalage, que cela soit dans le rythme, ou alors en utilisant un effet dissonant, façon électro minimale. Un soin tout particulier est apporté aux arrangements et à la production, et vu que c’est une autoprod, on ne peut qu’applaudir le résultat.

Seule ombre au tableau, le titre Jour De Pluie, seul titre en français de l’album (les autres titres sont en anglais), assez décevant au vu de la qualité du reste.