British Sea Power – Do you like rock music?

Pour gagner le championnat, il faut passer en première division.
Trouver des sponsors, du fric, alerter les médias et créer un buzz. Une histoire de fesses ou de drogue, voire de fesse et de drogue, aide aussi. Il faut en imposer, avoir de l’ambition, viser haut et, pourquoi pas, parader un peu.
Après deux albums remarqués, British Sea Power tente avec le troisième le gros coup. Le disque que le public adorera au moins autant que la critique. C’est donc gonflé d’orgueil et d’ambitions que le désormais quatuor (Hamilton se consacre dorénavant uniquement à Brakes) livre un gros disque.
L’adjectif n’est pas choisi au hasard. Il s’agit d’un gros disque. Malheureusement, pas dans le sens où on aimerait l’entendre. Do You Like Rock Music ? (ce titre…) est un album qui se révèle plus prétentieux et ambitieux que poignant et entraînant.
A ce titre, la première moitié de l’album navigue dans un océan d’influences bien dans l’air du temps mais au final irritant. « No lucifer », noyée dans l’écho post-U2, sonne comme du mauvais Arcade Fire tout comme « Lights out for darkier skies » se veut ambitieux et alambiqué mais n’est au final qu’un énième titre trop long (7 minutes quand même) se voulant intense. C’est bien simple, l’image qui vient immédiatement à l’esprit est celle du chanteur chantant en regardant le ciel, cet infini qu’il n’atteindra jamais, les yeux à moitié révulsés pour exprimer son profond mal-être. « Waving Flags », le single hénaurme, et « Convey Island » sonnent quant à elle comme Coldplay.
L’horreur disait le colonel Kurtz…
C’est comme par enchantement lorsqu’on y croit plus qu’arrivent deux titres -« Down in the ground » et « A trip Out »- carrés, efficaces, accrocheurs et surtout plus simples même si on dénote encore quelques fautes de goût (l’écho, mal utilisé, est décidément une plaie).
Un instrumental assez réussi plus loin (« The great skua »), British Sea Power continue sur sa lancée plus convaincante (le sautillant « Atom ») avant l’obligatoire ballade « No need to cry » aux paroles terrifiantes (« when it’s good it’s not bad ») mais à la mélodie assez chaude pour ne pas trop dégoûter. « Open the door » distille un charme indéniable de par sa délicate simplicité mais souffre de l’enchaînement de titres lents. Un dernier titre qui reprend l’intro conclut ce troisième British Sea Power qui au final manque aussi de personnalité.
Quel est le problème ? L’album est sur-écrit, sur-produit, sur-joué, sur-ambitieux. Cependant, et sans vouloir se lancer dans une belle démagogie genre « les goûts et les couleurs… », il est facile de sentir que cet album va plaire, le Neon Bible anglais lit-on déjà sur divers sites, et au final pourquoi pas? Tout le monde a le droit de faire son album de stades, certains l’ont réussi. On ne fera donc pas un procès d’intention à British Sea Power.
Simplement, les fans de grandiloquence, de grosses guitares hymnesques, de lyrisme à outrance se doivent d’y foncer tête baissée. Les amateurs de musique moins putassière peuvent passer leur chemin.