City and Colour – Bring me your love

On va le dire tout net : c’est toujours avec une pointe d’appréhension qu’on aborde un album dont le descriptif est : pop-rock acoustique. Pourquoi ? A cause de Jeff Buckley et de Radiohead. Depuis l’avènement de ces deux-là, tout le monde y va de sa balade acoustique, tout le monde ou presque estime avoir un « Fake plastic trees » dans l’estomac. Et c’est rarement le cas. Dans 90% des cas, on se retrouve avec un album pleurnichard saupoudré de gémissements souvent pénibles et d’un lyrisme douteux.
Alors quand est arrivé le deuxième album de City and Colour, projet solo de Dallas Green de Alexisonfire, on a craint le pire. Déjà ce titre, Bring me your love
Et on eu tort, dans une certaine mesure.
Oui l’album est exclusivement acoustique, oui c’est un album introspectif, oui ça ne respire pas franchement la joie de vivre et oui si Dawson existait encore, City and Colour ferait sûrement parti de la B.O de la saison 17.
Oui mais il y a un mais. Jamais, non jamais, l’album n’est mièvre. Au contraire. L’instrumentation est discrète, un orgue par-ci, un harmonica par-là, un éventuel piano pour souligner le tout à la Bob Dylan ou Neil Young période After the goldrush, et jamais Bring me your love n’est putassier. La voix de Green est belle mais n’en fait jamais des caisses et évoque plus des tourments adultes que des interrogations adolescentes. A cet égard, les quatre premiers titres sont exemplaires de retenue et de simplicité.
Occasionellement, on ne navigue pas loin par moments de Sparklehorse (la fin de ‘The Girl‘ ou ‘As much as I ever could‘).
Et même lorsque City and Colour tente un gros coup, le gimmick vocal final de «Constant Knot» il le fait avec délicatesse et modestie, à la manière de « excusez-moi d’avoir trouvé un truc si accrocheur ».
Tout n’est pas rose pour autant sur Bring me your love, le refrain de « Sleeping sickness » rappelle un peu les pubs Mentos( !), mais surtout l’album souffre du même mal que bien des albums acoustiques : la durée. Toutes les chansons étant sur le même mode, il en devient difficile d’en distinguer une parmi toutes (même si « Forgive me » « Constant knot » et « Waiting… » sont peut-être les plus touchantes) et au final, on se sent comme lorsqu’un de vos amis vous sort sa guitare acoustique, vous joue les yeux mi-clos une chanson que oui vous connaissez mais que non vous n’arrivez pas à identifier.
Toutefois Bring me your love est à saluer car il évite subtilement les pièges tendus du lyrisme à outrance, de la bobo attitude ou du « chantons tous en choeur autour du feu de bois ». Certes cet album s’écoute au calme, avec un verre au coucher de soleil, rarement mais toujours avec plaisir. Il manque juste à City and Colour un petit quelque chose, de la variété peut-être, quelque chose de vraiment poignant sûrement quelques titres s’en approchent, pour devenir plus qu’une agréable parenthèse. A suivre.