Skindred – Roots Rock Riot

En 2002, Skindred, né des cendres fumantes des mythiques Dub War, débarquait sans prévenir avec un album qui allait faire figure de référence chez tous les amateurs de fusion: Babylon. 6 ans de silence radio complet plus tard, les 4 gallois reviennent avec un nouvel album, Roots Rock Riot, et un line up remanié, toujours mené par le bouillant Benji Webbe. Après une absence aussi longue, on est en droit de se demander si la magie est restée intacte.
Les doutes se dissipent dès les premières secondes du titre Roots rock riot ouvrant cet album. La formule est toujours aussi efficace: un flow ragga assassin, une batterie à contre-temps rallumant des déhanchés qu’on pensait oubliés, des riffs lourds et efficaces, une intro ravageuse… tout ce qui faisait de Babylon un album qui tournait aussi souvent sur nos platines CD (Oui, c’était en 2002). Cool, on a retrouvé Skindred, se dit-on. Erreur, tout ceci n’est qu’un leurre. Certes, Ratrace avec son rythme chaloupé, ses sing along et son refrain accrocheur maintient l’illusion, mais le reste de l’album montre bien vite sa vilaine tête. La mollesse de la bien nommée Trouble sème le trouble (haha), et ne présage rien de bon. Les titres respirent les vieux restes de neo-metal mal dégrossis et s’enchaînent en tentant vainement d’attirer l’attention: Alright et son passage calme de lover, Destroy the dancefloor et sa voix modifiée façon Old School Hollywood de System of a Down, Spit out the poison et ses envolées à la Linkin Park. Ease up est désespérément plate.
Mais les Britanniques ne se sont pas contentés d’aligner les chansons moyennes, ils en ont aussi fait des mauvaises, comme State of emergency, qui malgré un son ragga très identifiable, se perd dans ses velléités pop et finit par sonner comme du Superbus. Rude boy for life et Killing me confirme l’impression à laquelle on ne voulait pas se fier: les membres de Skindred écoutent pas mal de Fall Out Boy. Et franchement, ça fout les jetons.
L’album contient tout de même quelques éclairs qui redonnent le sourire: Choices and decisions convainc par son rythme lourd et son flow saturé, pendant que Cause ah riot se révèle être le seul titre réellement innovant, avec sa fusion jungle / hardcore radical et tumultueux qui fera bouger les fesses de plus d’un. Pourtant il ne faudra pas se leurrer: Roots Rock Riot est un album laborieux, qui pêche par son manque d’envergure et par la platitude des compositions. Certains titres se détachent nettement du lot, mais ils font clairement effet de cache-misère tant le reste de l’album parait fade.