Underoath ✖︎ The Avalon ✖︎ Santa Clara (Californie)

Après avoir dansé jusqu’au bout de la nuit sur les belles mélodies de Rancid, il est l’heure de découvrir d’autres joies des concerts américains, avec la magie des « gros » plateaux. Lorsque j’ai découvert la date de ce soir sur Facebook, je pensais “seulement” avoir la chance de voir les grands corps malades de The Chariot. Je vous laisse imaginer la belle surprise lorsque j’ai pu découvrir que Comeback Kid, qui est probablement le groupe m’ayant le plus influencé ces dernières années, s’invitait aussi à la soirée. J’étais tout aussi loin d’être déçu après avoir vu que cette belle fête est possible grâce à Underoath qui est en tête de l’affiche. Ici, les groupes ayant déjà une certaine notoriété tournent ensemble, et je me rends donc à l’Avalon de Santa Clara, à quelques minutes de San Jose.

Dès l’entrée, vérification de l’identité, et deux belles croix sur mes mains pour montrer que je ne suis qu’un enfant ici. Cela sera mon expérience hardcore straight-edge – que je le veuille ou non – aux Etats Unis. La salle est assez hors norme. Une assez petite scène est en angle, entourée par une fosse a taille assez humaine, qui est elle entourée par une salle beaucoup plus démesurée. Des tables sont dans le fond, certains dînent, d’autres sont au bar. Difficile d’imaginer combien nous sommes tant tout le monde est éparpillé dans la salle, mais il n’y a aucune difficulté à se rapprocher de l’action donc tout va pour le mieux.

I Am Empire, le groupe local (tout de même signé chez Tooth and Nail Records, le label de la tête d’affiche) s’apprête à lancer sa dernière chanson lorsque j’entre dans l’arène. Difficile de s’en faire une idée, des riffs assez rock’n roll avec un chanteur qui veut se la jouer un petit peu trop foufou sans vraiment l’être. Le groupe avait prévu d’utiliser des images prises ce soir en vue de leur prochain clip, on verra si la magie de Final Cut Pro arrivera à faire croire que tout le monde n’en avait pas rien à faire.

La première claque de la soirée nous est offerte par This Is Hell, que je découvrais à l’occasion. Les quatre bonshommes lâchent un hardcore très rentre dedans et épuré. Le groupe est mené par un chanteur au charisme comparable à celui de Benjamin Biolay (ceci n’est pas un compliment), qui est totalement rattrapé par le guitariste. Rick Jimenez, l’homme derrière les six cordes… c’est son groupe. Il fait absolument tout, il assure une bonne partie des cris, il est la seule guitare du groupe et il est d’une hyper-activité absolument nécessaire. Au final on oublie rapidement le manque d’envie du non-leader derrière son pied de micro, et on se prend une bonne claque avec un groupe particulièrement spontané qui assure sans problème l’assez difficile place d’ouverture du plateau que nous sommes venus voir.

Lorsque l’on va voir The Chariot, on sait pertinemment que l’on va assister à quelque chose de spécial. La bande de l’ex-chanteur de Norma Jean ne ressemble à aucune autre, et ils nous l’ont confirmé encore bien comme il fallait ce soir. Une fois le sound-check terminé, c’est le chaos, autant sur scène que devant. Le groupe assure un set extrêmement millimétré, nous jouant une musique qui est tout aussi extrêmement déstructurée. La musique a beau être parfaitement exécutée – bien que très difficile à assimilée pour les non amateurs de sonorités math/hardcore – le groupe se permet toutes les folies. Ne laissez pas vos têtes trop près de la scène car vous allez vous prendre des coups. Les musiciens sautent sur la marée humaine chacun leur tour, tout en balançant leurs guitares dans tous les sens en réussissant toujours à retrouver la bonne gamme. Un concert de The Chariot ne se décrit pas, mais il se vit (ou se subit pour la fille étant venue voir I Am Empire), et on se demande à chaque seconde si on profite assez de la maîtrise qui s’acharne sur nous. Une vidéo parlera peut être mieux, c’était au début du set – lorsque j’osais encore risquer mon matériel devant la scène – pour la reprise de « Teach » suivie par “Before There Was Atlanta, There Was Douglasville”. Après un set pour lequel on peut parler d’exploit physique, le groupe termine sur « And Shot Each Other« , pendant laquelle les garçons démontent petit à petit la batterie et nous quittent pour reprendre un comportement civilisé une fois descendu des planches.

Pas évident de passer après une telle tatane, mais les Comeback Kid ont des kilomètres au compteur et entre en scène sur « False Idols Fall« . Les dés sont lancés, le groupe est en forme et Andrew assure un cri d’une puissance assez inégalable. La bande de Winnipeg joue dans l’efficacité et enchaîne un set où les vieilles chansons arrivent à laisser places aux dernières plus accessibles. La magie des Etats Unis fait que dès qu’une amorce pour un two-step est lancée toute la fosse ne se fait pas prier pour danser, et les canadiens gèrent une set-list piochant entre la hargne des albums jusqu’à Wake The Dead, et les phases plus mélodiques des deux suivants. Le groupe se veut très énergique et rentre dedans dans sa façon de jouer, et on va bien voir Comeback Kid pour cela. Ils n’ont plus rien à prouver et fournissent exactement ce qu’on attend d’eux. Le final est sans aucune surprise sur « Wake The Dead« , ça chante devant pendant que d’autres se battent derrière, que demande le peuple.

Die Tonight :

Wake The Dead

En tout honnêteté je ne sais pas si j’aurais été tenté de voir Underoath s’ils jouaient seuls. Après un concert qui ne m’avait pas particulièrement convaincu lors du Taste Of Chaos 2006 au Bataclan et le départ d’un moteur indéniable du groupe, l’incroyable Aaron Gillepsy qui assurait parfaitement voix clairs et batterie, j’avais tendance à oublier que j’avais déjà eu un compte sur myspace. Quoi que l’on dise, Underoath est un groupe aux compositions screamo / post-hardcore très efficaces, dont l’évolution au fil des albums est en certaine adéquation avec ceux qui les suivent depuis 2001.

Déjà, Underoath est un groupe très pro, le départ d’Aaron n’a en aucun cas pénalisé le groupe tant Spencer assure désormais toutes les voix avec un réel talent. Aucune réelle folie sur scène tant tout semble calculé mais les chansons s’enchainent, le son est très bon et on prend autant de plaisir à découvrir « In Division” issue du dernier album qu’à casser les oreilles des voisins en chantant avec un bel accent la géniale “It’s Dangerous Business Walking Out Your Front Door”. Un des soucis d’Underoath est son engagement religieux, qui est presque gênant sur leur dvd pour ceux ne partageant pas leur foi, et aucun grand discours n’a été effectué ce soir : ils ont simplement assuré bien comme il fallait musicalement. Le public est relativement jeune (et radicalement différent de ceux que l’ont retrouvait devant la scène pour les groupes précédents), mais tout le monde chante et est très réceptif aux attentes du groupe. L’ambiance est bon enfant, et Underoath se révèle être un groupe extrêmement rodé, sans surprise, mais sans que l’on en attende pour autant. Après avoir quitté la scène suite à “Writing On The Walls”, le groupe nous revient rapidement avec leur gros single “A Boy Brushed Red Living In Black And White”, aisément reprise par tous ceux restés sur place.

On ressort d’une soirée avec une affiche réussissant à mêler punk, hardcore et screamo avec des pointures des genres le tout pour à peine $20, ça le fait pas mal non ? On n’a plus qu’à attendre avec une énorme impatience le retour de The Chariot en compagnie de Norma Jean, Stray From The Path et Admiral’s Arms à Paris en 2012 !