Civil Civic ✖︎ Transbordeur ✖︎ Villeurbanne (Lyon)

Quand le bougre que je suis s’est installé à Lyon, on lui a immédiatement parlé des trois emblèmes de la ville : Les bouchons, l’OL et le Transbordeur. S’il a été facile d’avoir rapidement un aperçu des deux premiers cités, je n’ai jamais encore franchi les portes de ce haut lieu des soirées lyonnaises. La venue de Civil Civic était donc une bonne occasion de dépucelage en bonne et due forme.

Sauf que le concert n’a pas lieu au Transbordeur mais au Transbo Club, scène improvisée en extérieur sur le perron de la salle, constituée d’un agencement de containers tels qu’on les trouve dans les docks, avec un espace lounge / chaise longues un peu en retrait. Aucun de ces éléments n’étaient prédestinés à cohabiter, encore moins à cet endroit. Voilà qui ne manque pas de charme !

La nuit n’est pas encore tombée quand un gamin maigrichon à casquette nommé Everydayz s’installe derrière ses platines. Il ne paye pas de mine mais s’avère être un beatmaker talentueux, mettant le groove en avant tout en étant parcimonieux sur les grosses basses qui gâchent très souvent les concerts de hip hop. Everydayz fait tourner des mélodies tranquilles et des cadences orientales parfaites pour chiller sur les transats, balance du son jazzy à la Nujabes et sait se montrer plus agressif avec de la drum&bass et de l’abstract hip hop barré. Ouaip, un bon set que nous a fait le régional de l’étape, si l’on excepte les tubes de Kayne West, Jay-Z ou Tupac mixés sans conviction.

Il fait maintenant nuit noire et les deux pélos de Civil Civic se pointent en catimini et se placent de part et d’autres des synthés et samplers installés au centre de la scène. Pendant un peu moins d’une heure, les deux australiens s’échinent à balancer des rythmiques estampillées 100% années 80, supplées par des lignes de basses démoniaques et une guitare sale et jouissive dopée à la pédale à effet. C’est faussement hype et réellement addictif. Moi qui suis allergique aux années 80 et aux tripotages electro, je m’agite pourtant comme rarement, bien aidé par la gestuelle habitée du bassiste répondant à la désinvolture de dandy branleur de son collègue.

Il flotte dans l’air une odeur d’esprit punk, comme si « A forest » de The Cure s’était pris 2000 volts en pleine tête. Les breaks sont supers crades, les fins de morceaux abruptes, le public de plus en plus excité. Les 2 membres de Civil Civic sont sur un pied d’égalité : de temps à autres, ils inversent leurs rôles (solo de basse et guitare uniquement rythmique) ou se lancent dans des trips plus expérimentaux où ils triturent leurs samplers. C’est moins convaincant que leurs titres plus classiques mais comme c’est toujours encerclés par deux gros tubes pouvant faire remuer le popotin de plus orthodoxe des rabbins, ça ne pose pas de problème. On en vient à espérer que Bloc Party en prenne de la graine tant Civil Civic allie electro décomplexé et indie rock frondeur avec talent.

Un bon gros larsen criard pour terminer le concert, un rappel décadent qui finit en forme d’ode aux free party en fôret et Civil Civic s’envole vers d’autres cieux. Bien joué, Transbordeur, tu as eu beau me laisser dehors, je n’ai pas eu à me plaindre de la manière dont tu m’as traité. Mais la prochaine fois, je serais intraitable : on ira bien plus loin que de simples préliminaires !