Interview ☭ Exsonvaldes

Exsonvaldes est le genre de groupe que l’on aimerait voir plus souvent dans le paysage musical français, des albums d’une qualité rare et un tempérament zéro prise de tête. Rencontre avec le chanteur Simon avant leur concert lillois à la péniche.

Bonjour Simon, pour commencer peux-tu présenter le parcours du groupe à nos lecteurs ?
Exsonvaldes existe depuis plus de dix ans maintenant, après un EP nous avons sorti deux albums dans une veine pop rock, « Lights » est notre troisième opus, pour lequel nous avons voulu intégrer quelques changements ou évolutions.

Oui, on sent une réelle envie de démarquer cet album des précédents, le clip de « Days » avait donné un avant goût mais ne laissait pas présager tant de changements.
C’est ce qu’on voulait, pouvoir donner un avant goût de ce que serait l’album sans pour autant complètement basculer dans quelque chose de différent. Si on avait sorti « l’Aérotrain » en premier single par exemple, on sait que cela aurait pu paraître un peu déroutant.

C’est une des grandes nouveautés de l’album justement ces titres en français, comment est-ce venu, vous avez écouté des artistes chantant en français ?
Non, pas vraiment, j’avais commencé à écrire en français un peu en solo mais c’est vrai que, pendant des années, on nous demandait souvent pourquoi on ne le faisait pas. Ca devenait limite chiant d’ailleurs, parce que pour nous écrire en anglais a toujours été une évidence, vu que l’on écoute depuis toujours des groupes anglo-saxons. Et puis comme on voulait beaucoup de changements pour cet album incorporer des textes en français est venu entre d’autres nouveautés.

Comment avez-vous fonctionné du coup, vous partiez d’idées définies à l’avance ? Parce qu’on sent une vraie cohésion dans l’album.
Pas vraiment en fait parce qu’on pense que c’est le meilleur moyen de merder. Le seul truc qu’on s’est dit pour déconner c’est que tous les titres devaient être au moins à 150 bpm…finalement on n’en est pas loin ! Après on a toujours de idées qui trainent dans un coin et qu’on adapte.

Comme le fait de partir sur des sonorités super new wave avec pas mal de synthés ?
On utilisait déjà pas mal de synthés mais différemment, le côté new wave est plus venu de notre collaboration avec Alex Firla (ndlr : producteur de l’album qui a notamment travaillé avec Phoenix), on écoutait pas mal de Japan ou Bauhaus qu’il aime beaucoup. Du coup, pour « l’aérotrain » par exemple on a voulu faire sonner ça comme du Cure en français sans faire du Indochine (rires)

Il y a un côté complètement décomplexé de toute une nouvelle scène rock française justement dans l’utilisation de la langue, on sent que l’on est sorti de l’unique filiation à Noir Désir qui collait à plein de groupes pendant un moment.
Oui, c’est clair, il a fallu aussi digérer ces histoires de quotas de diffusion qui pesaient sur les groupes français, je pense qu’on est du coup dans un dilemme purement français. Nos amis de la scène belge, par exemple, ne se posent pas de questions à cause de quotas radio. Mais comme je le disais, la langue française ne fait pas partie de nos habitudes d’écriture et pas forcément non plus des habitudes des gens qui nous écoutent. Du coup, on est assez contents quand on nous dit des choses du style « d’habitude j’aime pas les trucs en français mais là oui ! »

En parlant de « j’aime/j’aime pas » : quelle est la honte musicale que vous assumez d’écouter ?
Houla, l’autre jour, en entendant un truc passer à la radio j’ai dit aux autres « Ca sonne bien ça, c’est quoi ? » C’était Katy Perry…
Après pour déconner on se met parfois à chanter Nuit sauvage des Avions, ça sonne aussi ça quand même ! (rires)

Pour revenir à l’album, le côté très mélancolique des précédents opus a fait place à quelque chose de plus direct et catchy, c’est justement parce que vous déconnez plus ?
En fait le titre de l’album Lights est directement venu de ça, on voulait quelque chose de plus lumineux même si les textes restent parfois sombres. Tout est venu de cette idée autour du rétro-futurisme, je sais pas si tu vois cette image de 2001 odyssée de l’espace avec cette lumière en perspective avec un point de fuite, c’est ce qu’on a voulu reprendre pour l’artwork de l’album d’ailleurs, cet effet d’accélération et de lumière qui file (ndlr : comme le passage en vitesse lumière dans Star wars quoi…c’est p’tet plus visuel.)

Donc vous n’êtes pas dans la lignée des artistes maudits, dont on dit qu’ils sont chiants une fois qu’ils sont heureux ? (pendant que l’on entend Nine Inch nails résonner dans la péniche)
Je trouve ça très cliché en fait, quand on entend dire « je préférais quand il était malheureux et qu’il composait tout seul dans sa chambre » je pense qu’en fait c’est plutôt je préférais quand il n’était pas connu, et qu’il jouait dans des petites salles, un peu par snobisme.

Cette question de succès, ça nous amène à Phoenix. Vous n’en avez pas marre qu’on vous en parle à longueur d’interview ?
Non, du tout. C’est un groupe qu’on adore et qu’on a surtout adoré à partir de It’s never been like that. Ils ont des tas d’idées intéressantes. Après, même s’il y a une filiation, il y a plein de différences à commencer par leur succès qui n’est pas le nôtre !

Et vous préfereriez, rester petits en France et tourner comme des stars partout ailleurs ou rencontrer un immense succès ici ?
Franchement, on préfère mille fois jouer sur des péniches comme celle-ci partout dans le monde que faire des concerts en zénith ! C’est pour ça qu’on aime la musique aussi, pour la vie qu’elle peut nous apporter et les voyages que l’on peut faire.

En 2010, on vous avait déjà posé la question Visual, à savoir : plus coke ou putes ?
Et on avait répondu quoi ?

-Bières et filles.

-Ouais c’est bien, on valide ça.

Du coup, une autre question à la con : quelle est la question qu’on ne vous pose jamais en interview et à laquelle vous voudriez répondre ?
Outch ! Alors là…
En général les interviews où l’on ressort contents c’est quand on a des questions qui nous surprennent, qu’on sort un peu des choses hyper calibrées, donc ce genre de question c’est bien mais je sais pas vraiment quoi dire du coup. C’est un peu flou comme réponse.

C’est un peu flou comme question aussi !
Sur ces bonnes paroles, je laisse les membres d’Exsonvaldes partir faire une petite visite du zoo de Lille tout proche avant des les retrouver pour un set explosif qui fera la part belle à leur dernier album.

Un grand merci à William de Spöka pour l’organisation de l’interview et du concours, aux membres d’Exsonvaldes pour leur disponibilité et leur bonne humeur et à la Péniche.