August Burns Red

Que l’on soit tous d’accord, ce vendredi 30 Octobre était la date la plus attendue de l’année de tout amateur de sonorités « -core », avec la crème des genres : August Burns Red, rois du Metal-core, A Day To Remember pour le happy-hardcore et Bring Me The Horizon pour le Death-core. Vous me direz, pourquoi porter cet article sur August Burns Red, « petit » groupe d’ouverture qui n’a jamais trôné en couverture d’Alternative Press ? La réponse est simple, le quintette arrive après seulement trois albums à mettre à terre tout auditeur de sonorités un poil énervées, mêlant du metal mélodique efficace avec des influences plus modernes et des breakdowns péchus à l’extrême. Ce ne sont pas leurs précédents passages – dont la Boule Noire de 2008 qui reste un très grand moment du genre – qui peuvent nous faire douter. Nous avons face à nous un groupe qui marque probablement -d’une certaine façon- sa génération, et l’occasion est trop belle pour ne pas leur poser quelques questions.

Les photos de la soirée sont visibles par ici.

Le rendez-vous est pris à 17h30 au Trabendo, où le groupe s’apprête à effectuer ses balances. C’est avec pas mal de retard que les américains prennent place et suite à quelques réglages individuels raisonne l’introduction de « White Washed« . Quelques minutes suffisent à ajuster les retours et c’est finalement « Thirty And Seven » qu’ils choisissent pour se chauffer. Répétition ou non, cela envoi particulièrement fort. Sans même avoir pris le temps d’échauffer sa voix, Jake Luhrs nous offre un scream très puissant tandis qu’on profite des conditions d’un soundcheck pour apprécier la frappe impressionnante de Matt Greiner. Le retard fait que les portes doivent s’ouvrir, le groupe quitte la scène.

Il est sept heures moins le quart et c’est avec le sourire que JB Brubaker, jeune guitariste, me montre le chemin des loges de façon à répondre à quelques questions. Premier groupe oblige, la loge est relativement petite et nous commençons donc dans une ambiance très décontractée, tandis que le reste du groupe est présent tout autour derrière leurs macbooks.

Lorsque nous commençons à parler de cette tournée, l’homme ne cache pas son enthousiasme « C’est génial, c’est la plus grosse tournée Européenne dont nous n’avons jamais fait partie, beaucoup de monde vient tous les soirs ! », mais c’est lorsqu’on arrive à la musique qu’il est définitivement dans son élément. August Burns Red est connu pour être un groupe entre les genres, « On a toujours fait une sorte de mix entre du metal et tout ce qui se rapporte aux moshparts, les breakdowns. Je pense que c’est quelque chose qui sera toujours présent ». Constellations, dernier album en date correspond à cette description « C’était une sorte de coming out pour nous, être un groupe plus dynamique et faire certaines choses que nous n’avions pas fait précédemment. Je pense qu’on peut facilement dire que c’est aujourd’hui notre album le plus diversifié ». On se demande alors si on peut affirmer qu’August Burns Red a trouvé son propre son, « Je pense qu’on a toujours déployé nos ailes et essayé d’élargir nos horizons, musicalement entant que groupe », il surenchérit après un petit moment d’hésitation « Ouais, je pense que tu peux écouter nos chansons et voir que c’est du August Burns Red ! ».

Il suffit de jeter un coup d’œil à la queue pour cette date très complète (les places s’échangent pour pas loin d’une centaine d’euros) pour nécessairement se poser la question de qui supporte cette « nouvelle scène » métal, trop hardcore pour certains et trop métal pour d’autres. « Ce n’est pas quelque chose qui m’a vraiment préoccupé jusqu’à présent. Je pense qu’il y a énormément de monde qui s’intéresse à cette scène qui est entre le métal et le hardcore, et je pense que nous sommes certainement pas très hardcore et que nous sommes beaucoup plus du côté métal », s’interroge JB, « Je comprends si les fans d’Hatebreed, Have Heart et de tous les groupes d’hardcore moderne ne nous écoutent pas, je sais que nous sommes beaucoup plus metal. Je m’attends à une moyenne de fans venant du metal plus importante même si nous avons certaines influences hardcore ». La réponse est plutôt étonnante quand on en vient alors à lui demander ce qu’il écoute pour arriver à ce son « entre les genres », « J’aime bien évidement le métal, j’écoute aussi beaucoup d’indie rock. Mon groupe préféré est probablement Nada Surf. J’aime de tout dans le rock ».

Pour être tout à fait honnête, je comptais le questionner sur la nom présence de samples sur les chansons d’August Burns Red, chose très à la mode dernièrement. Cependant il fallait qu’ils jouent « White Washed » lors des balances dont l’introduction n’est justement pas jouée à la guitare, mais pré-enregistrée. Après avoir trouvé la situation assez amusante, le guitariste donne son opinion, « Je pense que nous ne deviendrons jamais un groupe avec trop de samples parce que nous voulons toujours pouvoir jouer nos chansons sur scène de la façon dont elles sont sur les albums. Cela marche sur scène pour Bring Me The Horizon, je pense qu’ils s’en sortent bien, cela ne me gène pas qu’ils samplent ou utilisent quelques batteries électroniques ». Il ne veut heureusement pas dire pas là que c’est nécessairement le chemin qui sera pris par le groupe, « Je pense vraiment que c’est quelque chose au cas par cas. Il y a certaines chansons que nous devrons certainement plus sampler que d’autres. On en utilise sur quelques chansons, par exemple sur « Mariana’s Trench » il y a quelques synthétiseurs en fond que nous pouvons sampler sur scène mais je ne sais pas, peut être que nous en ferons plus par le futur, qui sait ! ».

En restant sur le cas BMTH, la question du contraste entre les images des groupes est inévitable, « Ils font leur truc, nous faisons le notre, et heureusement les kids peuvent apprécier notre musique et la leur. Je pense que nos styles sont assez attrayants pour les fans de metal qui viennent aux concerts, peu importe l’image présentée, ils peuvent profiter de la musique et du spectacle ».

August Burns Red ne cache définitivement pas le fait d’être un groupe chrétien. Le groupe va jusqu’à carrément prier sur scène lors de certaines dates, autant dire que c’est quelque chose de plutôt « extrême » en France ou même en Europe. Or ne nous surestimons pas pour autant, peu nombreux sont les français à réellement comprendre tout cet aspect de par la barrière de la langue, « Cela ne me dérange pas du tout, j’espère qu’ils aiment la musique et apprécient le concert. Cela m’est égal s’ils n’écoutent pas les paroles ». Cela n’empêche qu’être un groupe de metal-core chrétien en France est le comble du cliché tandis que c’est une chose presque banale aux Etats Unis, JB ne s’en souci pas du tout « C’est une chose qui ne m’a jamais tracassé. Ce groupe a toujours été par rapport à la musique pour moi, la priorité a toujours été d’écrire de la bonne musique et écrire de bonnes chansons. En venant d’un milieu chrétien, nos croyances ont visiblement une influence sur nos paroles. Le fait que cela ne soit pas aussi populaire ici ce n’est pas bien grave ».

En restant dans le cliché, on a envie de se demander si un groupe chrétien doit alors respecter une certaine éthique et se rapprocher du mouvement Straight Edge (pas d’alcool, pas de drogues et pas de sexe sans sentiment), « Non, ce sont deux scènes très différentes. Je pense qu’on doit être un bon exemple, bien sûr. En étant Straight Edge tu ne dois pas boire ni fumer et nous entant que chrétiens nous le faisons. Enfin, nous ne sommes définitivement pas Straight Edge mais nous ne faisons pas la fête à outrance si tu vois ce que je veux dire ».

Plus nous parlons plus l’heure du passage du groupe s’approche, le musicien donne sa vision d’un bon concert, « Je préfère voire le public chanter, c’est plus drôle pour moi que de voir des kids se frapper dans le pit. Il est plus sympa pour moi de voir le public s’amuser et bouger ses mains en l’air. Mais tant que la fosse bouge et que tout le monde semble s’amuser, alors nous passons un bon moment ! ». « Moi, je suis plus le mec derrière à regarder comment ils jouent ! » conclu le guitariste.

Retour dans la salle qui s’est bien remplie entre temps, les fans d’Oliver Sykes ont visiblement eu le temps de revenir de la séance de dédicace. Les lumières s’éteignent et August Burns Red entre en scène sur « White Washed« , chanson grâce à laquelle Matt Greiner peut mettre tout le monde d’accord en quelques secondes derrières ses futs. Le risque pour un groupe un tant soit peu mélodique est de tomber dans de la démonstration pure de technique, gros problème notamment chez les canadiens de Protest The Hero, et aucun souci n’est à signaler pour la bande de Jake Luhrs ! La claque est une nouvelle fois de mise, le groupe étant particulièrement en forme et arrivant à manier avec succès leur savoir faire derrière leurs instruments avec une énergie certaine. Les breakdowns réveillent rapidement les moshers, le son est particulièrement bon et on se demande encore ce qu’un groupe de ce calibre peut bien faire en ouverture. Le show est clairement centré sur leur dernier album dont le groupe nous propose son single « Meddler« , puis « Thirty And Seven » et « Existence« . Le public est bien plus chauffé qu’il ne le faut et raisonne l’introduction très rentre-dedans de « Black Burner« . C’est « Composure« , qui semblait particulièrement attendue par le pit qui clôt le set des américains, et la barre est mise particulièrement haute pour le reste de la soirée.

« Tulutututu tu tulututu Tulutututu tu tu tu….LET’S GO ! » C’est sans surprise qu’A Day to Remember arrive sur « The Downfall of us all« , chanson ultra-accrocheuse d’ouverture leur dernier effort, reprise en masse par les nombreux adeptes présents. Et cette introduction est la démonstration parfaite de ce qui suit lors de leur passage, une prestation d’happy-hardcore aux accents pop-punk de qualité avec de la boisson énergétique en intraveineuse. Homesick est mis en avant avec des chansons comme « My Life For Hire« , « I’m Made Of Wax« , « What Are You Made Of ? » ou « Have Faith In Me » sans pour autant délaisser les tubes qui ont fait la réputation du groupe. Le micro passe partout, les passages sur scènes s’intensifient et cette ambiance un petit peu « premier concert » a finalement un certain charme. Les breakdowns à outrance trouvent toute leur saveur en live et tout le monde y trouve son compte. On se retrouve au final face à un groupe qui se situerait dans une scène à la New Found Glory, qui ne révolutionne certainement rien mais qui a tout compris à l’efficacité.

On a le sentiment étrange que la salle se vide, et il est clair que la venue de Bring Me The Horizon donne toutes les réactions les plus contradictoires. Et même n’ayant rien du tout contre ce groupe, une petite anecdote en dira bien plus qu’il n’en faut sur ce passage. Quelques minutes avant la montée du groupe, on nous annonce que nous n’aurons le droit qu’à 3 chansons pour prendre des photos, très logique de la part d’un groupe qui se veut Death/Hardcore. On accepte, après tout il ne faudrait pas montrer aux fans qu’Oli n’est pas un sur-homme et peut transpirer, il parait même qu’il urine aussi sur les fans qui se refusent à ses charmes. Bref, le groupe arrive sur des cris dignes de Tokio Hotel au Grand Journal, on prend quelques photos de cette bouillie sonore et le manageur arrive après quelques minutes en stress demander au vigile pour quelle raison les photographes sont toujours en place. On nous demande alors plus ou moins gentiment de se retirer et une question restera à tout jamais sans réponse « Il y a vraiment eu plusieurs chansons là ? ». Le reste du concert est identique, et cela casse l’opinion que nous pouvions avoir d’une soirée qui avait vraiment bien débuté. Oliver Sykes est bien meilleur en vendeur de t-shirts qu’à l’avant d’une scène, on sera prévenu pour la prochaine fois.

Merci à Phil d’Innovative Promotion, Marku, Hardtack et les très sympathiques August Burns Red.