Interview ☭ Really Addictive Sound

« California Love« , rappait 2Pac. Oui, Really Addictive Sound kiffe cet État ‘ricain, et ne s’en cache pas. En vue d’une tournée d’un mois à travers la Californie, le quatuor provençal s’est enfermé à l’Akwaba de Châteauneuf-de-Gadagne pour peaufiner son set… et en a profité pour boire quelques verres avec les plus belles rouflaquettes du Vaucluse et de VisualMusic. Bounce !

Bon, on va commencer l’interview…
Charles (chant) : Ouvre les volets si tu veux, j’ai l’impression que la pièce est un peu sombre.

Non, ça va.
C : Si, c’est un peu dark. Du coup, j’ai envie de parler de Mayhem.

Ah ouais ?
C : (voix profonde) Le dernier album de Mayhem

T’as vraiment envie de parler de black metal, Immortal, tout ça, Burzum qui est récemment sorti de prison…
C : Non, trop pas !
Ayoun (guitare) : On s’est quand même fait approcher par Marduk. (rires)
C : Zyklon, même.

Que des groupes qui sentent bon la Norvège… Mais la Californie, c’est mieux, non ?
C : C’est vrai.

Comment Really Addictive Sound s’est retrouvé dans ce projet de tournée californienne ?
C : A la base, on a eu deux titres qui ont été placés sur les téléphones de Google, les G1 et G2. Les gars de Google ont kiffé ce qu’on faisait, et quand on les a rencontré -au hasard d’un salon-, ils nous ont dit « Venez jouer en Californie quand vous voulez« . Là-dessus s’est greffé un mec qui a pu nous trouver quelques dates, après on a démarché quelques marques de fringues de là-bas, et des mecs de Burton et Analog ont aimé notre musique ; ils avaient besoin d’un groupe en support pour une tournée promotionnelle californienne de leur marque dans un esprit très ride et soleil, du coup on a accepté. Donc tout s’est combiné, Google nous faisait jouer quand on voulait, et Burton nous proposait des dates.

Quand la douane américaine va vous voir débarquer, elle va vous dire quoi, à votre avis ?
C : On a prévu d’arriver directement menottés, Ayoun va faire l’agent de sécurité et on sera ses prisonniers. Il parle très bien anglais, en plus. Sinon, on espère que ça va aller, hein… A part pour l’héro et le crack, ça, ça risque d’être chaud.

Au pire, tu caches ça dans ton rectum.
C : Ah mais ça, on kiffe !

Ça tombe bien, moi aussi.
C : T’as intérêt à foutre le « moi aussi » dans l’interview, j’te jure je m’en souviendrai !
A : Dans le cas contraire on le prendra super-mal ! (rires)

Je le mettrai… Bref ! Quand on voit vos influences (Suicidal Tendencies, Infectious Grooves, Snot, Fishbone et tout le bordel), tout ou presque vient de Californie. Ne pas tourner là-bas avec Really Addictive Sound, ç’aurait été un échec ?
C : Carrément, c’était un objectif. La musique qu’on aime vient de là-bas, du coup on avait envie d’aller jouer dans cet endroit où les gens seront plus susceptibles de comprendre notre musique. On va se ramener dans le berceau de nos influences, nous on est les petits frenchies et on bosse dur pour assurer.

Et puisqu’on parle d’influences, vous suivez la reformation de Snot ?
C : Bien sûr ! Bon, ça va être dur sans le chanteur, parce que c’était lui l’âme du bordel… Après, c’est pas une influence directe de R.A.S.

C’est quoi vos influences principales ?
A : Ca dépend. On est plutôt axés sur des trucs genre 311, Infectious Grooves. Ça, c’est les trucs communs. Après Guillaume (batterie) est plus branché bourrin, Charles, bon, Charles bah…
C : Moi c’est les trucs dégueulasses, il en faut bien un… Qui se maquille en plus… (rires) Sinon pour ce qui nous rassemble y’a aussi Suicidal Tendencies, les Red Hot Chili Peppers, Incubus… Enfin, chacun a ses trucs, on a tous eu moult groupes avant, on a tous eu des influences vachement différentes, du coup on essaie de mélanger tout ça, c’est pour ça qu’on s’appelle « un son cool« …

Une sorte de groupe « hommage », un peu comme dans ton autre groupe, Sikh, où j’avais trouvé sur le dernier album (« One More Piece« ) des clins d’oeil à KoRn, Hed PE, Machine Head ou Pantera
C : A fond. Quand on nous dit que R.A.S. ressemble aux Red Hot, on est contents. Clairement, on s’en bat les couilles qu’on nous dise qu’on a copié tel ou tel groupe ricain, nous on kiffe ce qu’on fait, on a envie d’avoir les mêmes vibes que lorsqu’on écoutait tous ces groupes. C’est clairement assumé. Avec Sikh pareil, le premier album est vachement influencé par KoRn ou Slipknot. On essaie juste de trouver notre voie, et c’est pas évident, surtout quand t’es en France, où y’a un espèce de décalage, où -dans notre créneau- t’as pas réellement une vraie scène où des mecs sont tout le temps en train de créer.

Vous faites du funk rock, grosso modo. Quand vous bookez des dates, vous avez pas peur d’être hors-sujet au milieu d’une affiche, étant donné que depuis FFF, les groupes de funk rock français, ça ne court pas les rues ?
C : Non, on a quand même des passages bien pêchus, on a ce côté groovy très présent dans le metal des années 90 ; la dernière fois y’avait un mec qui portait un t-shirt Cradle of Filth et qui jumpait sur notre son, les gens captent que y’a rien de sérieux et qu’on est juste là pour s’amuser. C’est pour ça que j’espère qu’on pourra attirer l’attention de promoteurs en Californie, là-bas ils te cherchent pas une étiquette, ici on va dire que KoRn c’est du néo-metal ; là-bas KoRn, Metallica ou Slipknot c’est du metal, point barre. On peu très bien ouvrir pour Blink-182, Red Hot ou Incubus. Après, on a de la chance d’être sponsorisé par Yamaha, d’avoir notre petit réseau issu des groupes dans lesquels on a joué ou dans lesquels on joue encore, des mecs qui kiffent Sikh ou qui kiffaient Eths

Et y a-t-il un décalage entre le public de vos anciennes expériences musicales plus « dures » et le votre ?
C : Carrément ! Les meufs c’est plus du tout les mêmes ! (rires) Les meufs qui se pointent aux concerts de R.A.S., elles ont pas des piques, elles ont des sacs à main et des bottes ! Tu crois qu’on fait du funk pour quelle raison ? Un conseil mec, fais comme moi, maquille-toi ! (rires)

J’y penserai ! Sentez-vous un soutien de la part des médias, notamment des webzines ?
C : Des webzines carrément, au niveau de la presse écrite il y a Rolling Stone qui nous a un peu mis en avant ; Rock One aussi, mais eux ils sont dans un créneau différent…
A : Faut se démarquer de Tokio Hotel. (sourire)
C : Mais le fait d’attirer les médias, c’est pas ce qui a été le plus dur pour nous, le plus compliqué quand on a commencé R.A.S. ça a été tous ces trucs du genre… les nuances ! Etant donné qu’on vient tous de groupes beaucoup plus extrêmes –Ayoun il jouait de longue à 200 à l’heure avec Straighten Things Out, moi je faisais que gueuler, Roswell et Guillaume faisaient dans le rentre-dedans-, ça a été chaud de faire des parties posées… D’un point de vue scénique, on commence à mieux ressentir les choses maintenant.

Vous avez balancé votre album gratuitement sur le net avant une sortie physique. Avez-vous été satisfait de cette démarche ?
C : Totalement. Maintenant, la vente physique, on s’en branle. Sur notre site, l’album a été téléchargé 25 000 fois. On a eu la chance d’avoir Mosaic Music pour sortir notre album de façon plus traditionnelle dans les bacs, ils ont accepté le fait qu’il resterait 400 ou 500 personnes qui voudrait le truc en plastoc. (rires)
G : Le disque est devenu quelque chose de beaucoup plus « merchandising », de la même manière que t’achètes un t-shirt du groupe après le concert. Le disque, c’est vraiment devenu un objet pour le fan avec tous ces téléchargements.

Maintenant, t’achètes un skeud pour soutenir un groupe, et non plus pour le découvrir…
C : C’est ça. C’est très fréquent que des gamins de quatorze-quinze ans achètent notre CD et nous disent : « c’est mon deuxième CD » ! Nous, à quinze piges, on aimait bien les empiler les CDs… On a fait un concert à Charleville, y’a un gamin qui se ramène, il nous demande un CD, il veut qu’on le dédicace. Pas de souci. Et après, le mec a pas compris quand on lui dit que le CD, il fallait le payer !
A : Il aurait eu une clope… Bah on aurait pu s’arranger ! (rires)
C : Bon, au final, il l’a pas eu son CD… (avec un accent marseillais) Y’a pas marqué La Poste ! (rires) Pour en revenir à l’objet disque, maintenant, avec des trucs comme iTunes, tu télécharges les sons avec les pochettes, t’as presque l’impression d’avoir un truc physique.

La démocratisation du téléchargement illégal peut quand même emmener plus de monde dans les concerts, non ?
C : En filant l’album gratos et en bossant vachement des trucs comme MySpace et Facebook, on a quand même eu énormément de contacts, de « friends ». Maintenant, la salle de concert, pour te faire jouer, elle va plus regarder comment ça se passe pour toi sur internet que le nombre de disques que t’as vendu, ça c’est certain !
G : A l’époque, pour Eths, on a du faire des centaines de concerts, taper chez tous les webzines-fanzines, faire des démos qu’on faisait à la main et qu’on vendait 15 francs, pour avoir un écho. Maintenant, avec MySpace, tout va plus vite.

C’est quand même un putain de coup de comm’, cette histoire de donner l’album gratos en mp3.
C : Bien sûr. Le fait qu’on ait un studio, qu’il y ait des graphistes parmi nous, qu’on ait tout fait nous-même, et cætera, ça a facilité les choses. L’album ne nous a pas coûté 20 000 euros, on a pu se permettre cette démarche d’album gratuit. Après, on comprend très bien que les groupes continuent de bosser à fond sur leurs sorties physiques, surtout si ça leur coûte des ronds, faut bien se rembourser, surtout que souvent, sur les premières dates, tu gagnes rien.
G : Il y a quand même une certaine hypocrisie sur les ventes de disques, surtout par rapport aux majors. C’est-à-dire que sur un disque que tu achètes 15 euros, l’artiste ne prend pas grand chose. Pour « Sôma » de Eths, on prenait 20 centimes par tête.
C : Avec iTunes & compagnie l’artiste gagne plus, y’a moins d’intermédiaires.
G : On a un bon exemple avec « In Rainbows » de Radiohead.

Là, on boit du Jack Daniel’s et dans votre album, y’a un morceau intitulé « Jack« . Quand est-ce que vous allez vous la jouer comme Booba, à balancer des bouteilles de Jack dans la foule ?
C : On en balancera quand on aura du fric… ou quand on saura qu’il en restera pour l’after ! (rires)
G : Et qui te dit que, dans sa bouteille de Jack, le mec y avait pas foutu du mauvais whisky, hein ?
C : Dans notre morceau « Jack« , on entend une vraie bouteille de Jack Daniel’s s’éclater au sol.

Ah, merde. C’est con.
C : Et c’est à cause de Roswell (basse, ndlr).

Vous avez déjà des nouveaux morceaux sur les rails ?
C : Ouais, on en a deux nouveaux qu’on va jouer ce soir, y’en a un qui s’appelle « The Cash » et l’autre « Pigeon« . La phrase de base pour ce dernier morceau c’est « tu devrais vivre en haut d’une grue pour assumer ton statut de pigeon« . (rires) Et « The Cash » c’est très funky, et ça parle… d’argent.

Puisque j’ai fait appel au mot « rail » pour la précédente question, que préférez-vous ? La coke ou les putes ?
C : Les putes !

Pourquoi ?
A : Parce qu’on a arrêté la drogue ! (rires)
C : La bière et le Jack c’est suffisant, et puis au moins avec la pute t’as pas de problème de… redescente ! (rires)
A : Ouais, plutôt putes, donc.

Voilà les gars, c’est la fin.
C : Ouais t’as raison, on va splitter avec R.A.S., c’est fini ! (rires)

Tout d’abord, merci à Sophie pour l’ivresse et les photos. Merci à Charles, Ayoun, Guillaume et Roswell pour leur disponibilité. Merci à Val pour l’organisation sans faille. Et, last but not least, merci à Cécile et au crew tout entier de l’Akwaba, la salle de concert plus bonne que la plus bonne de tes copines.