Bambara ✖︎ Stray

Encore sous les radars du rock indé US, Bambara en est pourtant déjà à son quatrième disque. Stray déploie son aura porté par des singles prometteurs comme « Serafina » ou « Sing Me To The Street » mais le reste de la tracklist vaut-il le détour ?

Le diable au corps.

Interprétation théâtrale, voix grave et d’outre-tombe, atmosphère cinématographique, choeurs de sirènes et bazar assourdissant : l’ombre de Nick Cave et des Bad Seeds plane en permanence sur Bambara. Aucun doute sur la parenté reconnaissable dès les premiers instants, heureusement pas au point de ce déranger pour apprécier. Encore plus maintenant que Nick Cave ne joue plus dans le même registre depuis quelques albums. Plongé dans cette ambiance de film noir très imagée et brumeuse, les titres s’enchaînent en alternant phases planantes comme « Stay Cruel« , crises de fièvres avec « Ben & Lily » et « Heat Lightning » ou balade romantique sur « Made For Me« . Avec ces 10 titres en trois quarts d’heure, le trio étonne par sa faculté à occuper l’espace et à laisser chacun briller sans empiéter sur son voisin. Les guitares rondes et sourdes, la batterie galopante ou discrète, la voix scandée, criée ou parlée, les synthés : ce beau monde s’adapte au rythme imprimé par le morceau et confère au disque une variété aussi intriguante que payante au fil des écoutes. Stray collectionne les émotions en voguant entre le déchirement, la catharsis et la furie sans jamais tomber dans la lente complainte.

Avec le décès comme thématique principale, on pourrait craindre un côté plombant qui n’arrive jamais grâce à un équilibre bien trouvé et quelques touches additionnelles pour éviter la redite. Du violon, de la trompette et des backing avec les voix oniriques de Drew Citron et d’Anina Ivry-Block, tous là pour se fondre dans l’univers du groupe et y ajouter de la richesse. Beau travail de production de la part de Drew Vandenberg, déjà présent sur Shadow on Everything, pour réussir à laisser la place à chacun, à définir une vraie touche sonore dans laquelle on rentre et se perd.

A la fois compact et dense, cet album est l’un des essais les plus réussis du genre grâce à ses différents degrés de lecture et invite en plus à (re-) découvrir ses efforts passés plus abrupts et complémentaires.

Le groupe sera à Paris à l’Espace B le 3 juin et attention cette salle se remplit vite.